Les produits pyrotechniques semblent avoir disparu: Un « Mouloud » sans pétards?

Les produits pyrotechniques semblent avoir disparu: Un « Mouloud » sans pétards?

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Les habituelles échoppes qui pullulent ici et là semblent se faire plus discrètes cette année.

L’ambiance est bien calme à l’approche du Mawlid Ennabaoui. À quelques jours de l’une des plus importantes fêtes religieuses musulmanes, pas le bruit d’un pétard. Pétards si emblématiques de la célébration du «Mouloud» en Algérie, et si dangereux. Cette année semble être celle de la pénurie en produits pyrotechniques. Les habituelles échoppes qui pullulent ici et là semblent se faire plus discrètes. Est-ce dû à la conjoncture économique, ou les services concernés arrivent-ils à efficacement faire respecter l’interdiction de la vente des pétards? Et pour quelle raison sont-ils interdits d’ailleurs? Est-ce dû à leur dangerosité croissante d’année en année, ou est-ce pour faire baisser la facture des importations? Les pétards pour célébrer une fête religieuse musulmane n’est pas chose courante. Il semblerait même que ce soit particulier à l’Algérie. Il est même assez difficile de trouver semblables usages dans d’autres pays musulmans. Même chez les voisins immédiats, bien qu’ils partagent avec l’Algérie une ribambelle de traditions, impossible de trouver la trace d’un pétard allumé pendant le «Mouloud».

Au Maroc et en Tunisie, cette fête est célébrée avec des louanges au Prophète (Qsssl). Comme dans beaucoup d’autres contrées, y compris en Algérie. L’usage des pétards ne date pourtant pas d’hier. Hamid, septuagénaire, l’assure. «C’était déjà une pratique courante avant l’indépendance», affirme-t-il. L’interdiction a eu un effet très réduit durant les précédentes festivités du Mawlid Ennabaoui, en raison de l’important ancrage de cette tradition parmi la jeunesse algérienne, qui consiste à transformer les rues en joyeux, mais non moins dangereux, champs de bataille.

Difficile de passer outre ces festivités, et même les parents les plus récalcitrants finissent par céder. «J’ai vu la déception sur le visage de mes enfants l’année où je ne leur en avais pas acheté», affirme Saïd, père de famille. «Pourtant, c’est loin d’être une pratique que j’approuve!», martèle-t-il. Il est vrai que d’année en année, les pétards gagnent en puissance et en dangerosité. «Dans ma jeunesse, on pouvait faire éclater un pétard dans la main», s’amuse Mohamed, 40 ans. «Aujourd’hui, ça serait du suicide!», ajoute-t-il, tant les produits pyrotechniques utilisés ont changé. Les imams sont contre ces usages, mais ils ne sont même pas d’accord quant à la légalité de fêter la naissance du Prophète (Qsssl). Leur avis importera peut-être quand ils en auront un qui fait consensus. Le plus important, si pétards il y a, est de prendre toutes ses précautions et d’éviter les comportements à risque. Il ne faut pas oublier que les services d’urgence ne désemplissent pas en soirée de «Mouloud» tant les accidents sont nombreux.