Première hausse significative du prix d’un produit de large consommation relevée au début de la nouvelle année qui débute : il s’agit du lait. En effet, le lait pasteurisé, dit de longue conservation, frôle les 100 DA la boite d’un litre.
Certains épiciers le cèdent à 85 DA, d’autres à 95 DA. Au moment où d’autres qui n’ont pas encore écoulé leurs anciens stocks continuent à le commercialiser à 75 ou 80 DA.
Une autre marque, visiblement pas encore touchée par la pénurie, garde toujours son prix de la fin d’année. « Mais à coup sûr, pour un ou deux jours encore », nous affirme-ton. Quant au lait en poudre, la boîte de 500 gr est passée de 280 DA à 320 DA. L’augmentation est plus substantielle concernant la qualité supérieure, puisque la même boîte est cédée au détail à 350 DA. Par contre, le lait en sachet n’a pas connu d’augmentation.
Selon un épicier, « il ne risque pas . Il y a la subvention des pouvoirs publics, d’une part, et, de l’autre, les producteurs se rattrapent sur la qualité en ajoutant le maximum d’eau ».
Ces augmentations ont et vont avoir des répercussions sur le prix d’un certain nombre de produits à base de lait. Les yaourts en premier lieu. En effet, ce produit sera cédé à partir de 30 DA au lieu des 25 DA. Déjà, certains yaourts cédés à 20 DA sont passés à 25 DA, depuis le 1er janvier.
« Il finira par devenir un produit de luxe, notamment pour certaines familles », nous dira un épicier. Il nous expliquera que certains grossistes « se frottent déjà la main ». « Ils ont acquis des stocks importants auprès des producteurs qu’ils vont écouler avec la nouvelle tarification déjà en cours ». Et de conclure « c’est le détaillant qui est au moins sommé de présenter des explications au consommateur ».
Les fromages, notamment produits localement, ne manqueront pas eux aussi d’accuser le contrecoup de la hausse des prix du lait. Mais comment est justifiée cette augmentation, atteignant presque 20%? Personne n’est en mesure de fournir une explication élaborée et convaincante. En tout cas, pas les détaillants, le dernier maillon de la chaîne de distribution.
Ce qui est établi, c’est qu’une pénurie a été signalée au niveau de certaines unités de Giplait, notamment au centre du pays. Par ailleurs, les importations algériennes de lait en poudre ont marqué une chute de l’ordre de 10% lors du premier trimestre de l’année dernière.
En effet, et selon une dépêche de l’APS reprise par plusieurs titres de la presse nationale, l’Algérie a importé 143.814 tonnes de lait en poudre au 1er semestre 2013 contre 154.620 tonnes à la même période de 2012.
En termes financiers, ceci s’est traduit par une baisse de 10.7% de la facture d’importation qui a quand même atteint 544.90 millions de $ pour le premier trimestre 2013 contre 610.54 millions de $ pour le premier trimestre de l’année 2012.
Précisons que ces chiffres sont fournis par les douanes. Précisons également que lors du premier semestre de l’année passée, les prix du lait en poudre ont accusé une baisse sensible au niveau international. Et que la hausse de ses prix a démarré dès le troisième trimestre de le 2013.
L’augmentation a atteint 60% et elle a été justifiée par un responsable de l’ONIL (Office national interprofessionnel du Lait) par la sécheresse qui a frappé la Nouvelle-Zélande, un pays qui produit les deux tiers de la poudre de lait échangée sur les marchés mondiaux.
D’autre part, un média français qui classe l’Algérie parmi les plus gros importateurs de cette matière au plan international, signale que notre pays peine à élever une commande de 35.000 tonnes de lait en poudre sur le marché international.
Et pour cause, toute la production mondiale pour les cinq mois à venir est déjà « commandée ». Rien que la Chine a augmenté ses importations de lait en poudre de l’ordre de 28%, selon le Fnil (Fédération nationale des industries du Lait), un syndicat professionnel français.
Les importations russes, selon la même source, ont eux aussi enregistré un bond de 51% de cette matière. Donc, l’augmentation du prix est peut-être le résultat de la combinaison d’un certain nombre de facteurs externes et internes.
Ce qui n’absout aucunement la voracité de certains commerçants, grossistes ou détaillants. Mais cette augmentation qui sera supportée par les ménages, dont les bourses sont éprouvées par d’autres augmentations, rappelle la dépendance alimentaire de l’Algérie, en dépit des sommes astronomiques dépensées et présentées comme subvention au secteur agricole, notamment la filière lait.
Ces subventions ont atteint l’année dernière 47 milliards de DA pour la filière lait, alors que c’est la seconde fois que le prix de ce produit de large consommation a été revu à la hausse durant l’année 2013.
Ziad Salah