Les problèmes de financements bloquent les inventions algériennes au stade du prototype

Les problèmes de financements bloquent les inventions algériennes au stade du prototype

Accéder aux financements est la plus dure tâche pour un inventeur en Algérie. La chercheure Bendaikha Ouahiba, en a fait l’amère expérience. Cette spécialiste des énergies renouvelables a mis au point un collecteur solaire hybride destiné à la production d’eau chaude, d’hydrogène et d’oxygène à usage hospitalier.

Après avoir obtenu le 1er prix national de la meilleure invention de l’année 2012, la jeune inventrice Ouahiba Bendaikha, n’est pas au bout de sa peine. Son projet reste encore au stade du prototype. En octobre dernier, elle a participé à un salon international de l’innovation à Madrid. Des investisseurs suisses et japonais l’ont approché et manifesté leur intérêt pour cette invention, un collecteur solaire destiné pour la production de l’eau chaude, de l’hydrogène et de l’oxygène. Mais Ouahiba hésite encore. Elle voudrait bien que son produit soit produit et commercialisé en Algérie mais elle ne trouve pas encore « preneur » à son invention. Un paradoxe quand on voit les milliards de dinars octroyés généreusement par l’Etat à des jeunes dans le cadre du dispositif Ansej, pour acquérir des voitures et rouler les mécaniques. «Aucune banque n’a voulu m’accompagner pour réaliser mon projet qui peut aider beaucoup les populations, en particulier celles du Sud, qui peuvent avoir de l’eau chaude et de l’électricité gratuitement », confie-t-elle à Maghreb Emergent avec beaucoup d’amertume.

L’intérêt « suspect » des opérateurs algériens

Des opérateurs privés algériens se sont intéressés à son produit, mais la jeune créatrice a vite déchanté. «Certains opérateurs se montrent séduits par l’idée. Ils me reçoivent, m’invitent à leur exposer mon projet, mais une fois terminé, ils feignent de se désintéresser alors qu’ils ont eu tout le temps d’assimiler mon concept et peuvent se l’accaparer plus tard », déplore-t-elle. Malgré l’enregistrement de son invention auprès de l’Institut algérien de la propriété industrielle (INAPI), Ouahiba n’en est pas moins inquiète qu’on lui « vole » son invention Au moment où le manque d’oxygène se pose avec acuité dans les hôpitaux algériens, l’invention de Ouahiba Bendaikha peut être une planche de salut pour les milliers de malades qui en souffrent au quotidien.

Les inventeurs appelés à se débrouiller seuls

Cette année, Ouahiba Bendaikha participe avec son produit, à l’édition 2013 du Salon national de l’innovation, inauguré dimanche par le ministre de l’industrie, Amara Benyounès, à la Foire des expositions des Pins Maritimes (SAFEX). Ce salon intervient au lendemain de la célébration de la journée nationale de l’innovation, le 7 décembre. Placé sous le slogan de « l’innovation clef de la compétitivité », ce salon vise, selon les organisateurs à promouvoir la recherche, le développement et le transfert de technologie. Dans une brève allocution à l’occasion, Amara Benyounès a indiqué que le but, à travers ce genre de manifestations, est de passer à la phase industrielle. « Sans partenaire industriel, dit-il, il est impossible de concrétiser toutes ces idées. Tout au plus, nous pouvons aider les inventeurs à réaliser leurs prototypes ! ». À propos de l’accompagnement financier par les pouvoirs publics, le ministre a répondu que l’Etat ne peut pas financer tous les projets, invitant les créateurs à chercher eux-mêmes des partenaires industriels.