Rentrant dans le cadre des directives du président de la république lors des deux derniers conseils des ministres, le Premier ministre Abdelmalek Sellal devrait vraisemblablement axer ses orientations aux walis autour des huit axes suivants (1).
1.-Le Premier ministre devrait dresser d’abord le tableau de la situation économique et sociale du pays , 95% des recettes en devises provenant de Sonatrach, le secteur industriel représentant moins de 5% du PIB, sur ces 5% plus de 95% sont des PME-PMI à dominance familiale peu concurrentielles, le petit commerce et services 83% de la superficie économique, la sphère informelle drainant plus de 40% de la masse monétaire en circulation, qu’il s’agira d’intégrer dans la sphère réelle, et sur les 5% d’exportation hors hydrocarbures plus de 60% sont des dérivées d’hydrocarbures et des déchets ferreux et semi ferreux des recettes en devises. Il rappellera certainement que selon la LFC2015 les recettes attendues de Sonatrach ont été évaluées à 34 milliards de dollars à un cours moyen de 60 dollars et qu’elles seront inférieures si le cours moyen est en dessous de ce seuil, 23 milliards de dollars si le cours est à 40 dollars donnant un profit net déduit des charges de moins de 17 milliards de dollars. Cela aura des répercussions sur le fonds de régulation des recettes, sur les réserves de change, sur la dépréciation du dinar et sur le programme d’investissement prévu.
2. Il s’agira d’éviter les impacts dramatiques de la crise de 1986, la cessation de paiement en 1994 et les ajustements imposés par le FMI, en prenant toutes les mesures nécessaires. Il rappellera que l’Algérie a les potentialités de surmonter la crise actuelle, devant éviter tout discours de sinistrose mais également d’autosatisfaction négative par un discours de vérité, la situation étant différente de celle de1986. La dette extérieure de l’Algérie est à moins de 4 milliards de dollars, des réserves de change bien qu’en baisse devant clôturer au rythme de la dépense actuelle entre 135/140 milliards de dollars fin 2015, sans les 173 tonnes d’or évaluées au cours actuel à environ 7 milliards de dollars.
3.-Il s’agira de bien utiliser cette manne financière avec efficacité, ne plus dépenser sans compter, car elle devrait servir de tampon social pour mener à bien les réformes structurelles et éviter un dérapage accéléré de la valeur dinar, corrélée à ces réserves, qui détermine et par là le pouvoir d’achat des citoyens, devant aller vers l’accroissement de la production et de la productivité interne qui mesurera le nationalisme des Algériens. C’est une loi universelle, seule condition de préservation du pouvoir d’achat du dinar et des citoyens, ne pouvant distribuer plus que l’on crée de richesses.
4.Devant différencier austérité et rigueur budgétaires, il s’agira de geler les projets qui n’ont pas d’impacts économiques et sociaux à terme, de mieux maîtriser tant la qualité qui fait souvent défaut que les coûts des projets en cours dont certains ont un coût supérieur entre 15 et 30% par rapport aux normes internationales. L’Etat devra donner l’exemple dans la rigueur de sa gestion afin d’éviter de faire supporter l’austérité sur les couches les plus vulnérables. L’on devra à l’avenir pour des raisons de justice sociale et d’efficacité mieux cibler les subventions et les transferts sociaux qui doivent être destinées aux plus démunis et aux segments que l’on veut promouvoir.
5.Il s’agira de redonner confiance, en améliorant la qualité du service public, sans laquelle aucun développement ne peut se réaliser passant par la symbiose des relations Etat-citoyens. Les walis doivent être à l’écoute de la préoccupation des citoyens et des opérateurs économiques, passant par la débureaucratisation à tous les niveaux et notamment dans la sphère économique, devant reconnaître que les actions du Ministère de l’Intérieur, malgré toujours des insuffisances , ont considérablement allégé certaines procédures.
6.- En cette période difficile, qui risque de durer encore pendant de longues années, tant pour des raisons géostratégiques à nos frontières que de la baisse du cours des hydrocarbures, il s’agira d’aller vers un Front social interne solide, tenant compte des différentes sensibilités, personne n’ayant le monopole de la vérité et du nationalisme, pour une mobilisation générale associant, sans exclusive, tous les citoyens algériens devant éviter de diaboliser le secteur privé qu’il soit national ou international ou les opérateurs publics afin de dynamiser la production interne.
7. Le Premier ministre donnera des orientations à moyen et long terme, rappelant que la mondialisation est là et c’est une dure réalité, nécessitant des adaptations à tous les niveaux politiques, économiques, militaires, afin de préserver les intérêts supérieurs de l’Algérie et l’ignorer constituerait une utopie. Il s’agira de concilier l’efficacité économique avec une très profonde justice sociale comme garant de la cohésion sociale, la construction de l’économie de marché concurrentielle, ne signifiant pas anarchie mais un rôle stratégique à l’Etat régulateur, loin de tout monopole qu’il soit public ou privé.
8.-Aussi les axes directeurs stratégiques qu’annoncera le Premier ministre, qui dépasseront le cadre local, (est-ce que cela sera un vœu ou une réalité), devant être sous tendus par une nette volonté politique, en ce monde interdépendant turbulent, où toute nation qui n’avance pas recule forcément, est une stratégie afin de promouvoir la production et les exportations hors hydrocarbures. Les axes qui seront développés concerneront, le ministère des finances notamment pour le recouvrement fiscal, le ministère du commerce pour atténuer la hausse des prix, l’éducation/enseignement supérieur pour une rentré sociale apaisée, l’Energie, pour faire face aux mutations énergétiques mondiales, l’Industrie/mines, l’agriculture, le tourisme/artisanat , les nouvelles technologies, l’efficacité énergétique par la définition d’un nouveau modèle de consommation énergétique évitant le gaspillage et les fuites hors des frontières, une nouvelle politique de l’habitat et des infrastructures par une urbanisation maîtrisée. Les segments à développer doivent répondre aux normes internationales en termes de cout et qualité dans le cadre des valeurs internationales et ce afin de diminuer progressivement la facture tant des importations de biens que des services dont le sorties de devises sans les transferts légaux de capitaux, selon les données officielles de la banque d’Algérie, ont été de 71,2 milliards de dollars en 2014