Les prix de l’huile et du sucre, dont la flambée a provoqué cinq jours d’émeutes meurtrières en Algérie, n’avaient pas baissé lundi dans les commerces de détail malgré un appel pressant du gouvernement à mettre rapidement en oeuvre les mesures qu’il vient d’adopter d’urgence.
« Nous n’avons pas encore baissé nos prix. Nous attendons toujours la mise en oeuvre des mesures annoncées par le gouvernement », a déclaré à l’AFP la propriétaire de la supérette El Baraka au centre d’Alger. Le gouvernement algérien a annoncé une exonération temporaire de 23% des charges imposées aux importateurs et producteurs d’huile et de sucre, pour contrer la flambée des prix des produits de base à l’origine d’émeutes qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés.
« Nous avons presque écoulé la totalité de notre stock d’huile durant les quatre jours d’émeutes. Les gens avaient peur d’une éventuelle pénurie. Mais depuis, mon magasin n’a pas été approvisionné en huile », a ajouté la patronne de la supérette dont les étals d’huile étaient quasiment vides.
J’ai lu dans la presse que les prix vont baisser, mais j’attends toujours de voir les tarifs que vont fixer les grossistes. », a-t-elle précisé. Le ministre du Commerce Mustapha Benbada a annoncé dimanche, à l’issue d’une réunion d’urgence avec les opérateurs économiques, que le prix du kilo de sucre était dorénavant fixé à 90 dinars (environ 0,90 euro), alors qu’il avait atteint au 1er janvier 120 à 140 dinars. Quant au prix du bidon de cinq litres d’huile, il est fixé à 600 DA (quelque 6 EUR) contre 800 et 1.000 DA en pleine flambée.
« La baisse des prix dépend des grossistes. J’attends toujours l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs décidés par le gouvernement pour commander de nouveau stocks », a indiqué le gérant de la supérette Kheyar dont le stock de sucre est épuisé depuis deux jours. Dans ce magasin, le bidon d’huile de cinq litres coûte toujours 750 dinars et le kilo de sucre 120 dinars.
« Je ne vais pas renouveler mes stocks tant que je ne suis pas fixé sur la date exacte de l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs. Sinon, je risque de vendre à perte », dit le gérant qui affirme acquérir lui-même le kilo à 110 dinars. Dans la région de Tizi Ouzou en Kabylie, la plupart des grossistes ont maintenu leur prix élevés dans l’attente de l’évolution du marché. « Nos magasins n’ont pas reçu de nouveaux stocks depuis l’annonce des nouvelles mesures du gouvernement.
Nous sommes obligés de maintenir nos tarifs pour ne pas vendre à perte », a expliqué à l’AFP au téléphone un grossiste de la ville de Boghni, à une quarantaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou. La plupart des commerçants estiment qu’ils ne seront pas fixés sur leseffets de l’intervention du gouvernement avant la fin de la semaine, voire au début de la semaine prochaines.
D’ici à là, les grossistes et les commerces de détail maintiendront leurs prix pour écouler leurs stocks d’huile et de sucre, ont-ils précisé. Issad Rebrab, le patron de Cevital, premier producteur d’huile et de sucre, s’était défendu samedi d’être à l’origine de la flambée des prix de ces denrées. Pour lui, la suppression des taxes et des droits de douanes va « énormément baisser les prix du sucre et de l’huile ». Encore faut-il que l’Etat restitue rapidement les taxes déjà prélevées sur les marchandises importées et stockées avant leur revente afin que les baisses de prix apparaissent vraiment chez les détaillants.