Les prix du pétrole terminent la semaine au-dessus des 57 dollars : Donald Trump galvanise le baril

Les prix du pétrole terminent la semaine au-dessus des 57 dollars : Donald Trump galvanise le baril

La menace du président américain de remettre en cause l’accord sur le nucléaire iranien, a dopé les cours de l’or noir.

Les cartes sont rebattues. Une nouvelle donne se profile pour les prix du pétrole qui voguaient depuis pratiquement la mi-juin 2014 au gré de l’offre surabondante du marché. De la surproduction américaine boostée par l’exploitation se son pétrole de schiste tout en gardant l’oreille tendue sur l’accord de la baisse de la production des pays Opep et de leurs 11 alliés dont la Russie qui avaient décidé de réduire leur offre de près de un million de barils par jour. Il aura suffi d’un discours du président américain qui a menacé de remettre en cause l’accord sur le nucléaire iranien, pour doper les cours de l’or noir. Les prix du pétrole ont terminé la semaine au-dessus des 57 dollars.

Vendredi, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en novembre, référence américaine du brut, a gagné 85 cents, pour clôturer à 51,45 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a fini à 57,17 dollars, en hausse de 92 cents par rapport à la séance de jeudi.

Le président américain a appelé le Congrès à durcir l’accord international qui vise à priver la République islamique d’Iran de se doter de l’arme nucléaire.

L’effet a été pratiquement instantané.

«Les investisseurs ont ajusté leurs achats vendredi en prenant en compte ce risque géopolitique. Mais les annonces de Trump étaient plutôt anticipées par le marché», a expliqué Gene McGillian de Tradition Energy. Le successeur de Barack Obama devait annoncer la «non-certification» des engagements de l’Iran dans le cadre de l’accord sur son programme nucléaire tout en ne quittant pas cet accord conclu par Téhéran et six grandes puissances, a indiqué son secrétaire d’Etat Rex Tillerson. Quelles conséquences peuvent-elles avoir? «La «non-certification» devrait déjà être intégrée aux prix, et «nous observerons surtout ce que l’administration américaine dira des Gardiens de la révolution (l’armée d’élite iranienne), les prix pourraient grimper si Washington les désigne comme une organisation terroriste», a prévenu Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. L’escalade ne fait donc que commencer.

Comment peut être vécu ce type de déclaration du côté de Téhéran? «Cela aurait un effet sur l’économie iranienne, mais également sur les échanges qui passent par le détroit d’Ormuz, que les Gardiens patrouillent régulièrement, à faible distance de navires de la flotte américaine», a-t-il développé. Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a annoncé des sanctions ciblées contre des responsables des Gardiens de la révolution.

Un climat de guerre larvée qui pourrait faire rebondir les prix de façon aussi inattendue qu’exceptionnelle. Une thèse accréditée par des opérations militaires lancées par le gouvernement irakien dans la province de Kirkouk. Les trois champs pétroliers qui se trouvent dans cette ville du nord de l’Irak fournissent 250 000 barils par jour sur les 600 000 b/j de pétrole qu’exporte la région du Kurdistan irakien contre l’avis de Baghdad. Une région pétrolière revendiquée par les Kurdes qui se disent prêts à la défendre vaille que vaille. Une petite bombe à retardement? «Ces opérations sont encore un mystère pour le marché», a indiqué Gene McGillian de Tradition Energy.

Les tensions géopolitiques et les périodes hivernales rigoureuses demeurent certes parmi les soutiens sûrs des cours de l’or noir. En attendant le froid glacial qui en principe ne saurait tarder sauf si l’été décide de jouer les prolongations, l’arme la plus redoutable pour redonner du tonus au marché reste incontestablement la diminution de la production mondiale qui vraisemblablement demeure encore à un niveau plutôt élevé. A moins que la question du nucléaire iranien ne fasse vibrer le curseur.

Donald Trump vient incontestablement de le titiller… Pour l’instant: wait and see!