Allant à l’encontre des prévisions relativement optimistes sur un possible rebond des prix à la fin 2015, l’ancien ministre algérien de l’économie, Abdellatif Benachenhou estime que les prix du pétrole resteront bas durant trois à quatre ans.
Le professeur Benachenhou, qui était l’invité de la Radio M ce mardi 17 février a estimé que l’Arabie Saoudite est dans une démarche, plus économique que politique, de défense des parts de marchés.
L’Arabie Saoudite, a-t-il souligné a choisi « volontairement » de maintenir inchangée sa production afin « d’exclure les producteurs marginaux à savoir les Etats-Unis, le Canada et l’Australie ».
Par producteurs marginaux, explique-t-il, on entend les pays qui exploitent le pétrole de schiste et dont les coûts de production sont élevés et qui ne peuvent supporter une baisse des prix au-delà des 60 dollars à long terme.
« Une situation que l’on a bien connue en 1988 avec le Venezuela » lors de ce l’on appelé le deuxième choc pétrolier.
« Cette baisse des prix restera de mise jusqu’ à ce que les producteurs marginaux cessent de grignoter sur les parts du marché. Ce n’est qu’à ce moment- là que les prix du pétrole peuvent repartir à la hausse » a pronostiqué Benachenhou.
Allant à l’encontre des explications politiques voire complotistes, l’ancien ministre de l’économie estime que la démarche de l’Arabie saoudite est dictée fondamentalement par des paramètres économiques.
L’Europe du sud est « malade »
La situation du marché pétrolier dépend aussi de la demande en Europe et dans les pays émergents. Ces derniers, tient-il à rappeler, ont substantiellement contribué à la hausse du prix du pétrole en ayant des taux de croissances très importants.
« Aujourd’hui leurs taux de croissance sont moins importants et du coup leurs besoins énergétiques sont moindres », explique l’économiste.
Quant à l’Europe, notamment la partie sud qui intéresse l’Algérie, son analyse est encore plus pessimiste. Force est de constater, souligne-t-il « que l’économie de l’Europe du sud est malade et le restera au moins dans les dix ans à venir ».
Pour Benachenhou, ces pays de l’Europe du sud se sont « tellement endettés au lieu accroître leur production que l’absorption prendra un beaucoup de temps ». Il y aura, au mieux, une « croissance molle et du coup des besoins énergétiques limités ». « Ceci est très inquiétant pour l’Algérie car il s’agit de ses clients directs.