Les cours du pétrole sont sur la corde raide en raison d’une conjoncture internationale instable où les efforts des pays producteurs de pétrole pour soutenir les prix se heurtent aux craintes des investisseurs sur la croissance mondiale et à des difficultés liées au commerce international. Et, comme si cela ne suffisait pas, la demande pétrolière mondiale fait des siennes, suivant une tendance à la baisse.
Hier, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 58,39 dollars à Londres, en baisse de 0,31% par rapport à la clôture de lundi. Face à cette situation critique, l’Arabie saoudite, un pays qui veut conserver son rôle de chef de file au sein de l’Opep, semble vouloir réagir, pour établir un pare-feu et inverser le cours de la dégringolade. Le royaume a déjà pris son bâton de pèlerin pour faire mûrir une telle initiative.
Selon l’agence Bloomberg, le pays a, en effet, contacté les autres membres de l’organisation pétrolière en vue de discuter de mesures susceptibles de faire remonter les cours du brut. Selon un responsable anonyme interrogé par Bloomberg, Riyad ne tolèrera pas une baisse continue de prix et envisage donc toutes les options. Sauf que dans le contexte actuel, il est difficile d’imaginer d’autres mesures que des baisses de production.
L’Opep est ses alliés devront donc réduire davantage leur offre pétrolière, s’ils espèrent un meilleur résultat. En décembre 2018, ils avaient convenu d’une baisse de leur production de 1,2 million de barils par jour à partir du 1er janvier 2019 répartie entre 800 000 barils pour l’Opep, et 400 000 barils par jour pour les pays partenaires dans l’accord non-Opep.
Cet accord de réduction de la production est arrivé à terme en juin dernier. Faisant preuve de bonne volonté, les deux parties ont décidé de le proroger de neuf mois. Néanmoins, cela reste insuffisant, les prix demeurant toujours bas. Si des mesures concrètes ne sont pas prises pour contrer la tendance baissière, toute hausse des cours sera sûrement de courte durée, a estimé Tamas Varga, analyste.
La chute des prix de l’or noir s’inscrit, comme sus évoqué, dans un contexte commercial tendu, en particulier entre la Chine et les États-Unis. Elle reflète aussi un ralentissement de la demande mondiale de pétrole. En effet, dans son rapport mensuel sur le pétrole, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a révisé à la baisse ses prévisions en raison d’une situation économique incertaine avec les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine.
En 2019, la croissance de la demande devrait être de 1,1 million de barils par jour. Pour 2020, la croissance de la demande sera en baisse de 50 000 barils par jour, précise l’agence. Celle-ci considère que les inquiétudes économiques ont pris le pas sur les tensions géopolitiques actuelles, notamment celles liées aux sanctions américaines contre l’Iran et à l’arraisonnement par ce pays d’un troisième navire étranger dans le Golfe.
Les tensions commerciales persistantes entre les États-Unis et la Chine sont une autre cause de préoccupation citée par l’agence. Un autre facteur à prendre également en compte est la hausse de la production de brut des États-Unis. Cette dernière devrait augmenter de 1,28 million de barils par jour cette année pour atteindre 12,27 millions de barils par jour.
Youcef Salami