Les prix du pétrole n’arrivent pas à décoller: L’Algérie dos au mur

Les prix du pétrole n’arrivent pas à décoller:  L’Algérie dos au mur

A peine installé, le gouvernement de Abdelmadjid Tebboune, dont la priorité consiste à sortir le pays de sa dépendance aux hydrocarbures, doit se rendre à une évidence: il devra compter sur de faibles revenus pétroliers.

La course contre la montre doit être engagée. L’heure n’est plus aux tergiversations. La baisse de la production des pays Opep et non-Opep de 1,8 million de barils par jour, prolongée jusqu’en mars 2018 n’a pas empêché les cours de l’or noir de reculer…Leur niveau actuel permettra à l’Algérie d’engranger à peine 30 milliards de dollars par an alors que sa facture des importations dépasse les 46 milliards de dollars. Un déséquilibre qu’il faudra rétablir. L’Algérie ne peut attendre éternellement une miraculeuse envolée des prix pour rêver de lendemains heureux. Une situation qui est confirmée par un constat implacable.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole n’a plus la main sur un marché dominé par la surproduction du pétrole de schiste américain qui tend à annihiler tous les efforts des pays producteurs (Opep et hors Opep) qui ont pour objectif de rééquilibrer le marché et faire rebondir les prix. Hier, encore, ils prenaient le chemin inverse. Vers 12h00, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet s’échangeait à 51,80 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 49 cents par rapport à la clôture de lundi dernier. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance perdait 25 cents par rapport à la clôture de vendredi dernier, pour se négocier à 49,55 dollars.

A peine installé, le gouvernement de Abdelmadjid Tebboune dont la priorité consiste à sortir le pays de sa dépendance aux hydrocarbures, doit se rendre à l’évidence: il devra compter sur de faibles revenus pétroliers. C’est dans cette conjoncture financière difficile que l’économie nationale doit opérer un virage à 180 degrés qui doit l’affranchir de son addiction aux hydrocarbures dont les exportations lui assurent bon an mal an plus de 95% de ses recettes en devises. Elles se sont réduites comme une peau de chagrin depuis près de trois ans. La dégringolade des prix du pétrole a fini par avoir raison du Fonds de régulation des recettes, la dernière loi de finances a été élaborée sur la base d’un baril à 50 dollars alors que les réserves en devises, qui frôlaient les 200 milliards de dollars se maintiennent envers et contre tout au-dessus des 100 milliards de dollars. La réalité est bel et bien là. Les recettes engrangées grâce aux exportations d’hydrocarbures n’ont cessé de baisser depuis au moins deux années.

Les prix du pétrole reculent à nouveau alors que les ventes de l’or noir à l’étranger ont baissé. Une conjoncture qui a conduit à tirer la sonnette d’alarme à de nombreuses reprises. «L’équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril», avait prévenu la Banque d’Algérie dans un rapport présenté par Djamel Benbelkacem, son directeur-conseiller, au début du mois de juillet 2012 Une ligne jaune qui a été depuis, largement franchie… «Il faut apprendre à anticiper et ne pas attendre que nous nous heurtions au mur.

L’état actuel de l’économie algérienne qui reste hyperdépendante des recettes pétrolières nous dit qu’une crise se profile mais je ne peux pas dire quand», a déclaré l’économiste Mouloud Hedir, lors de la Matinale du réseau Care (Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise) organisée le 15 octobre 2014 à l’hôtel Sofitel d’Alger sous le thème «l’économie algérienne face au monde: besoin d’une relation plus harmonieuse». En plein dans le mille. On nage en plein dedans. Alors qu’on est bien loin d’un baril à 100 dollars dont a besoin le pays pour assurer ses équilibres budgétaires, la paix et la justice sociale: priorités du programme du chef de l’Etat. La chute brutale des cours de l’or noir, les difficultés éprouvées par le baril à retrouver son niveau d’avant la mi-juin 2014 où il évoluait autour des 115 dollars, mettent incontestablement l’Algérie dos au mur. Comme elles actent la fin de la rente pétrolière.