Alors que le pétrole est à son plus bas niveau depuis plusieurs années, le P-dg de la compagnie pétrolière française Total, Patrick Pouyanné, estime que les prix du baril de pétrole devraient rester « bas en 2016 », mais il ne dira pas que les prix remonteront car les grands investisseurs ne cessent de diminuer leurs investissements.
Le patron de Total se justifie par la méconnaissance des stocks de la Chine, qui reste, indique-t-il dans une interview publiée par l’Express, « l’une des grandes inconnues » du marché pétrolier, dans la mesure où personne ne sait si « elle a suffisamment stocké » ou si « elle va tirer la demande ». « Tout ce que l’on peut dire, c’est que les cycles que nous avons connus ces dernières années sont très violents, avec un prix du baril qui est passé, en moins de quinze ans, de 20 dollars à plus de 100, avant d’être divisé par 3 », a-t-il constaté.
Cette baisse, explique le patron de Total, est avant tout un « phénomène de marché », relevant que depuis 2014, il y a une offre « surabondante » de brut. Cette surabondance est due à la conjonction de deux phénomènes: « la mise en service de nombreux projets pétroliers, dits conventionnels, et l’essor de la production, non conventionnelle, à savoir l’exploitation du pétrole de schiste aux Etats-Unis », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, estime M. Pouyanné, la production mondiale de pétrole devrait connaître un déficit de « 8 millions de barils par jour (mbj) d’ici à 2020 ». Selon lui, « la production annuelle de brut aura décliné de 20 millions de barils par jour d’ici à cinq ans, à cause du déclin naturel des champs qui sont actuellement en production. Si l’on y ajoute le fait que la demande mondiale devrait progresser, il pourrait manquer, d’ici à 2020, l’équivalent de 8 mbj de production ». Le patron de Total considère que les prix du baril remonteront car, a-t-il aussi expliqué, « les grands acteurs pétroliers baissent drastiquement leurs investissements » qui ne dépasseront pas les 500 milliards en 2016, alors qu’ils s’élevaient à plus de 700 milliards de dollars en 2014.