Conjoncturelle ou pas, la chute des prix du pétrole fait remonter non seulement les mauvais souvenirs des années 90, mais elle donne aussi raison à ceux qui appelaient, et appellent toujours, les hautes autorités du pays à diversifier l’économie nationale avant que l’irréparable ne se produise. En termes plus clairs, l’économie nationale est menacée ! Les clignotants sont au rouge.
Les prix de l’«or noir» ne cessent de dégringoler sur les marchés internationaux. Et de quelle manière ! Il est vrai, en effet, que les cours du pétrole n’ont jamais été stables. Mais, il est légitime, quand même, de s’inquiéter sur cette chute vertigineuse en termes des prix qui descendent sous la «barre symbolique » des 90 dollars/baril.
Surtout lorsque l’on sait qu’il s’agit d’une première depuis juin 2012. C’est dire que l’avenir de l’économie nationale, qui est dépendante dans sa quasi-totalité des recettes en hydrocarbures, risque sérieusement d’être compromis.
Loin donc de sombrer dans l’alarmisme, il faut dire que, au rythme où vont les choses, la situation n’augure rien de bon. Une ou, plutôt, des illustrations ? Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en novembre a perdu 1,54 dollar, à 85,77 dollars -un plus bas en clôture depuis la mi-décembre 2012, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). À Londres, le Brent de la mer du Nord a brièvement basculé en cours de séance sous le seuil psychologique des 90 dollars le baril, pour la première fois depuis juin 2012.
«Le marché continue à glisser vers de nouveaux abysses, pénalisé par la morosité des nouvelles économiques en provenance d’Europe et d’Allemagne», a indiqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Ces chiffres alimentaient, selon lui, des craintes sur «un essoufflement de la croissance» mondiale, qui risquait de pénaliser la demande en brut.
En Allemagne, le moteur économique de la zone euro, quatre grands instituts de conjoncture ont aussi révisé en nette baisse leurs prévisions communes de croissance pour la première économie européenne en 2014 et 2015. Ils tablent dorénavant sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1,3% cette année et 1,2% l’an prochain, contre respectivement 1,9% et 2% dans leurs pronostics d’avril.
De «sérieux risques» d’une nouvelle récession guettent la zone euro si rien n’est fait pour remédier à la croissance atone dans la région, a d’ailleurs mis en garde la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde, en marge de son assemblée générale. Bref, en ce qui concerne l’Algérie, la sonnette d’alarme est plus que jamais tirée. D’autant plus que tous les plans élaborés par les pouvoirs publics dans le but de mettre un terme à cette dépendance aux hydrocarbures sont toujours au stade d’«exécution», sans savoir, bien entendu, si ces derniers vont porter leurs fruits.
L’ÉTAT SEREIN ET RASSURANT
Du côté de l’État, l’on ne donne pas l’air d’être inquiet par rapport à cette chute «vertigineuse» en termes des prix du pétrole. C’est le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en sa qualité de représentant du gouvernement, qui l’avait confirmé lors de la 17e Tripartite, tenue le 18 septembre dernier au niveau de la résidence d’État «Djenane el- Mithak», à Alger.
«La chute des prix du pétrole n’inquiète pas le gouvernement», avait-il rassuré, en affirmant que toutes les précautions ont été prises en prévision du prochain plan quinquennal. Pour donner du poids à ses propos, le chef de l’exécutif avait soutenu que le pays avait connu la même situation en 2013 et 2014. «Nous sommes optimistes sur des bases réalistes», avait-il encore ajouté. Cela étant, il serait important de savoir si le Premier ministre maintient les mêmes propos. Car, au moment où ce dernier s’exprimait, le «scénario» de l’été 2012 ne s’était pas encore produit…
Soufiane Dadi