Le baril sur un nuage
«Je pense que l’amélioration va durer (…) Les prix commencent à se consolider et on espère de meilleurs prix au deuxième semestre de 2015», a déclaré hier le ministre koweïtien du Pétrole, Ali al-Omair.
La voix de l’Algérie n’a pas résonné dans le vide. L’offensive diplomatique qu’elle vient de lancer pour stopper la dégringolade des cours de l’or noir a, selon toute vraisemblance, trouvé un écho favorable. Les prix du pétrole continuent leur progression. Ils oscillaient autour de l’équilibre hier en cours d’échanges européens.
Le marché donne des signes évidents d’optimisme: le nombre de puits de forage en activité aux Etats-Unis continue de décliner. Seul bémol: la surabondance de l’offre. Hier vers midi, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 62,06 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 54 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mars grignotait 3 cents à 52,81 dollars. Quelles sont les raisons de cette relative embellie?

«Les attentes d’un énorme ralentissement de la production américaine sont clairement responsables de cet impressionnant rebond», expliquaient les analystes de Commerzbank. Comment peut-il s’opérer? Les plateformes qui ont été obligées d’arrêter de travailler en seraient la principale cause.
Le bilan publié le 13 février par le groupe parapétrolier Baker Hughes faisait apparaître 84 plateformes en activité de moins la semaine dernière aux Etats-Unis.
L’ensemble des unités en fonction s’élève à 1 056. «Le nombre de puits en activité a baissé pour la dixième fois consécutive, une première depuis le début de ces statistiques en 1987, et la dernière fois que le compte était si bas remonte à août 2011» soulignent les experts du groupe bancaire allemand.
Les cours de l’or noir sont également soutenus par la baisse des investissements par des géants pétroliers. Chevron, Total, BP et Royal Dutch Shell les ont programmés.
Le groupe français a annoncé tout récemment qu’il allait procéder à une coupe très importante de ses coûts et investissements cette année. Elle doit se traduire par une réduction de ses effectifs, conséquence d’une forte baisse de ses résultats en 2014 provoquée par la dégringolade des cours du pétrole, qui ont diminué de moitié depuis le mois de juin 2014.
La 11ème entreprise mondiale devra réduire ses effectifs de 2000 personnes en 2015, par le biais d’un gel des embauches dans l’exploration-production et le raffinage-pétrochimie.
Un autre indice du rétrécissement de l’offre. «C’est surtout à moyen et à long terme que la baisse des investissements décidée par plusieurs compagnies pétrolières de premier plan pourrait avoir une influence à la hausse significative sur les cours. Cela ne pourrait être réellement perceptible que d’ici plusieurs semestres», pense Christopher Dembik, analyste chez Saxo Bank.
D’autres n’hésitent pas à croire à une résurrection pas trop tardive du baril. «Je pense que l’amélioration va durer (…) Les prix commencent à se consolider et on espère de meilleurs prix au deuxième semestre de 2015», a déclaré hier le ministre koweïtien du Pétrole, Ali al-Omair.
«Le pétrole était sous-évalué depuis un moment…Je crois que l’on est à un tournant, encouragé par une amélioration de l’économie avec aujourd’hui de bons chiffres en Allemagne et dans l’ensemble de l’Europe…Cela laisse penser que la demande de pétrole va reprendre» avait souligné Carl Larry de Frost & Sullivan.
Le baril reste sur son nuage…