Le 2e Festival culturel panafricain (Panaf), la grippe porcine et les périodes de congés font oublier aux Algériens d’autres donnes beaucoup plus importantes et dont les effets se font ressentir quotidiennement sur leur niveau de vie.
En effet, les prix des fruits et légumes ainsi que ceux des viandes reprennent leur tendance à la hausse au milieu d’une indifférence générale.
Les spéculateurs ont été prompts à profiter de cette baisse de vigilance pour multiplier leurs profits, quitte à saigner le citoyen.
L’effet d’aubaine est exploité à fond même si des tentatives de faire avaler la pilule ne manquent pas.
Pour justifier ce qui se trame à l’ombre du Panaf, les arguments traditionnels sont encore une fois servis même s’ils ne font plus recette.
Les justificatifs pour expliquer ce genre de situations restent toujours les mêmes: il y a d’abord les prix des intrants comme les semences et les engrais qui sont mis en avant pour expliquer cette hausse.
C’est évidemment loin d’en être la seule raison.
Le réseau d’intermédiaires est lui aussi régulièrement désigné pour expliquer cette tendance.
Il est également souvent avancé que quelques produits sont consommés en quantités élevées en dehors de la période de la récolte.
Leur rareté fait en sorte que leurs prix sont élevés, mais force est de constater qu’il n’y a aucune exception à cette tendance à la hausse.
Le marché est normalement fourni en divers produits.
Le réseau de transport a bien fonctionné et il n’y a pas de dysfonctionnement à ce niveau.
Si à d’autres époques, l’organisation d’un événement important comme le Panaf aurait coïncidé avec la rareté des produits sur le marché, cette fois-ci, il n’y a eu aucune relation de cause à effet entre les deux données.
Il est même constaté que l’événement culturel a été bien organisé et des insuffisances ne sont pas signalées dans le domaine de l’hébergement ou autres.
Il ne reste plus alors que la cupidité des spéculateurs qui peut donner des pistes pour la compréhension de la flambée des prix.
Il y a réellement le feu à la maison et le réveil risque d’être brutal, notamment si une conjonction est opérée entre les mouvements sociaux qui ont pris naissance depuis quelques jours et lesprix des produits de première nécessité.
Des travailleurs de quelques entreprises et institutions ont en effet exprimé leur mécontentement à propos de leurs conditions de vie.
L’augmentation des salaires et les revalorisations des primes et indemnités sont la priorité des revendications de certains collectifs des employés.
L’Office national de la météorologie et la Sntf sont actuellement au milieu de turbulences sociales à l’initiative des syndicats.
Ils risquent d’être suivis dans cette démarche par d’autres travailleurs de certaines institutions et entreprises. Si quelques catégories d’employés se plaignent du fait que leurs bourses ne suffisent pas à remplir le couffin pour répondre aux besoins de la famille, d’autres sont tout simplement privées de revenus.
Les enseignants contractuels soulignent qu’ils n’ont pas reçu de salaires depuis plusieurs mois, se trouvant ainsi amputés de leurs salaires.
C’était le cas il y a quelques mois avec les employés de Digromed (commercialisation des produits pharmaceutiques) qui étaient dans l’obligation de recourir à un arrêt de travail pour réclamer leurs dus.
Pour eux, c’est la seule manière de faire aboutir leurs revendications afin de subvenir aux besoins de leurs familles.
Encore faut-il que les salaires soient d’un niveau assez élevé pour que les bénéficiaires puissent être en mesure de supporter la hausse des prix des produits alimentaires.
Cette augmentation concerne quasiment toutes les wilayas du pays.
Qu’il s’agisse de Aïn Defla, d’Oran, d’Alger ou de Guelma, aucune région n’échappe à ce phénomène qui ressurgit après qu’une pareille tendance a déjà été observée depuis quelques mois.
Les produits touchés s’étalent de la pomme de terre aux carottes en passant par la tomate et l’oignon.
Selon les régions, les prix de ces produits oscillent entre 25 et 120 dinars.
Depuis quelques semaines, le prix de la pomme de terre a atteint à un record de 100 dinars, ce qui a fait réagir le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, lors de l’une de ses interventions au Conseil de la nation.
Les viandes blanches et rouges et le poisson sont eux aussi échangés à des prix très élevés.
Et nul ne sait quand cette tendance s’inversera.
Le gouvernement a bien tenté de prévenir cette spirale, mais ses intentions sont encore loin d’avoir eu un effet quelconque sur les marchés.
Ce ne seront pas les multiples mécanismes de régulation déjà mis en place (comme pour la pomme de terre) ou en voie de l’être, comme pour la viande, qui pourront changer grand-chose.
L’efficacité de ces démarches reste encore à prouver.
Le risque que cet état de fait soit exploité par des mouvements de travailleurs pour enflammer le front social est très probable.
Tous les ingrédients sont réunis pour qu’une telle alchimie puisse opérer.
Exploiter le panier de la ménagère pour se livrer à des arrêts de travail et pour élaborer des plates-formes de revendications est une opportunité qu’aucun travailleur militant ne veut rater.
Il est toujours tentant d’arracher auprès des patrons publics et privés davantage en matière de paie pour améliorer son sort.