Les prix des fruits et légumes s’envolent,La mafia impose sa loi…

Les prix des fruits et légumes s’envolent,La mafia impose sa loi…
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Une mercuriale en folie

Le démantèlement des marchés informels, annoncé en grande pompe par les pouvoirs publics pour contrer les spéculateurs et contenir la flambée des prix, a vraisemblablement fait chou blanc.

La paupérisation est en marche. Le panier de la ménagère ne cesse de désemplir. Le kilogramme de pomme de terre tourne autour des 50 DA. Malgré une légère baisse, ce tubercule, qui autrefois était à la portée des revenus les plus modestes, est devenu un produit de luxe. Comme le reste. Il demeure trop cher pour les petites bourses. Les surprises et les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent malheureusement pas à ce niveau-là. Le prix du kg d’oignon vient de pratiquement tripler pour atteindre les 90 DA.

La courgette est passée du simple au double et affiche allègrement 150 DA, la tomate a franchi la barre des 100 DA alors que le poivron, qui oscille autour des 160 DA est lui aussi inapprochable… Même le navet est cédé à 80 DA. Quelles explications donner encore à cette autre envolée des prix? La question ayant été abordée de long en large, il ne reste plus aux pouvoirs publics que de rester silencieux.

LG Algérie

Les consommateurs livrés en pâture aux spéculateurs tentent de trouver la parade pour limiter les dégâts, mais surtout pour s’approvisionner, même chichement. «Heureusement que l’on a inventé la balance électronique…», a fait remarquer une mère de famille, rencontrée dans un marché de la capitale obligée de «jongler» avec les prix pour ne pas revenir avec le couffin vide ou presque. Une autre manière de dire qu’il est possible d’acheter en fonction de ses petits moyens: à la pièce. Autres temps autres moeurs. Les Algériens achètent le strict minimum pour faire bouillir la marmite.

Le pouvoir d’achat des Algériens a pris un sacré coup. La pauvreté s’installe. La flambée des prix des produits de consommation de base, des fruits et légumes, des viandes rouge et blanche n’a pas mis en exergue que la perte du pouvoir d’achat, il a surtout eu pour conséquence d’indiquer que désormais, une importante partie de la population est gagnée par la précarité. Il est difficile de la chiffrer à défaut de statistiques, comme il n’est pas aisé de dire combien d’Algériens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Certains indicateurs confirment cependant la paupérisation rampante de la société algérienne. Couffin du Ramadhan, écoliers nécessiteux, alors que plus de 50% des travailleurs ne bénéficient pas de couverture sociale.

Une enquête réalisée par l’Office national des statistiques en 2009, précise que 77,1% des sondés ont reconnu qu’ils n’étaient pas couverts par le régime de la sécurité sociale. «Sur les 9.472.000 occupés, enregistrés au 4e trimestre de l´année dernière (2009), 4.778.000 personnes ne sont pas affiliées au régime de la sécurité sociale, soit un occupé sur deux», ont révélé les enquêteurs de l´ONS qui ont travaillé sur un échantillon de 15.104 ménages. Un constat qui indique que la précarité est loin d’être marginale. Travailler au noir veut dire en général que l’on est sous-payé et à la merci d’employeurs sans foi ni loi. La dimension tragique de ce type de crise, qui ne dit pas son nom cache mal les paradoxes d’un pays riche dont la majorité de la population fait face à des conditions de vie de plus en plus difficiles. Ceux qui ont en charge sa gestion crient sur tous les toits que nous sommes épargnés par la récession mondiale.

Comment peut-il être vrai lorsque l’on sait que le pays est encore loin d’atteindre son autosuffisance alimentaire? La facture des importations des produits alimentaires se chiffre à plus de 8 milliards de dollars par an. Le secteur de l’agriculture est toujours en jachère. L’économie repose essentiellement sur les exportations en hydrocarbures. L’Algérie produit très peu. L’Algérien le paie très cher et les hommes politiques ont la tête ailleurs…