Depuis déjà plusieurs années, pour ne pas dire que cela a été toujours le cas en Algérie, à chaque goutte de pluie, les prix des légumes et des fruits, grimpent automatiquement du jour au lendemain.
Et comme à l’accoutumée, de nombreux commerçants saisissent l’opportunité des intempéries pour augmenter leur marge bénéficiaire, au grand dam des bourses modestes qui éprouvent toutes les difficultés du monde à ramener à la maison un couffin à moitié vide.
Les raisons invoquées depuis toujours quant à ces hausses par les marchands, qui rejettent la faute sur les grossistes qui vendent trop cher leurs produits, ainsi que les mandataires au niveau du marché du gros qui de leur côté font porter le chapeau aux agriculteurs, restent aussi vagues qu’incompréhensibles.
Ces derniers mettent cela sur le compte de la difficulté qu’ils éprouvent pour pénétrer dans leurs champs, car regorgeant d’eau notamment en cette phase que les spécialistes appellent « période de soudure». «Lorsqu’il pleut beaucoup, on trouve de sérieuses difficultés à atteindre nos champs», soutiennent souvent les agriculteurs, qui faut-il le souligner sont le premier maillon de la chaîne de production et de distribution des produits agricoles.
D’autres citent également le fait que le transport est confronté à certaines épreuves et obstacles que causeraient les intempéries sur la route. Aussi, l’approvisionnement des marchés accuserait un déficit incontournable et les étals et ne sont pas suffisamment achalandés.
C’est la raison pour laquelle les vendeurs se permettent d’imposer leur diktat à une clientèle désorientée qui n’a pas le choix et accepte de payer rubis sur l’ongle les prix imposés. A titre illustratif, les prix des produits maraichers les plus prisés des familles en cette période hivernale, ont connu une augmentation fulgurante au grand dam des ménagères et des chefs de familles au revenu modeste.
La pomme de terre était proposée hier dans les principaux marchés de la wilaya à 80 dinars, contre 60 dinars seulement, il y a tout juste trois jours. Il en est de même pour la laitue, les haricots verts, les carottes et les oignons, dont les prix sont passés respectivement à 80,100, 140 et 70 dinars, contre 60,80, 50 et 40 dinars.
Pourtant, il existe depuis déjà plusieurs décennies des chambres froides disséminées partout à travers le pays, ce qui, en principe avec les stocks de la récolte printemps- automne, sont supposés dans ces cas-là couvrir les besoins en produits agricoles en cas de vrais sinistres et non pas à la moindre goutte de pluie.
Tous les arguments avancés par les uns et les autres pour justifier cette fièvre mercantiliste, ne tiennent plus la route aux yeux des citoyens qui n’y voient là, qu’un moyen de renforcer la spéculation en intervenant sur la diminution de l’offre.
«Que l’on nous explique alors, pourquoi, par exemple en Europe et notamment dans les pays scandinaves où il pleut 10 mois par an, ces arguments-là que nous rabâchent les marchands, n’existent pas ?», affirmera un citoyen dans un marché du centre-ville, excédé de voir qu’à chaque chute de pluie, les prix des produits agricoles grimper de manière substantielle. Du côté des responsables du secteur agricole, on est unanimes à rappeler que tout cela est dû aux différents intermédiaires et à la spéculation.
Pour la DCP, leur organisme ne fixe pas les prix et agit uniquement pour contrôler la qualité. Ironie du sort, alors que les agriculteurs attendent avec impatience les pluies pour garantir une meilleure production, en quantité et en qualité, synonyme d’une offre exceptionnelle, c’est plutôt l’inverse qui se passe au moment où cette eau bénie tombe du ciel, puisqu’elle fait grimper les prix.
Par ailleurs, cette énième agression du consommateur par des spéculateurs de tous bords se produit dans l’indifférence et la passivité la plus totale de la bien nommée fédération de protection du consommateur.
Cette fédération dont la création a été impulsée et encouragée par les pouvoirs publics au début des années 2000 se distingue surtout par l’organisation de salons et autres journées d’études où le ton docte des uns, rivalise avec la démagogie des autres, et dont l’impact sur la poche du pauvre consommateur est aussi nul que leur capacité à influer sur la dure réalité du marché des fruits et légumes.
S. A. Tidjani