Les prix des fruits et légumes atteignent un seuil incroyable

Les prix des fruits et légumes atteignent un seuil incroyable

Au marché des fruits et légumes c’est le calvaire des ménages. Les prix ont atteint un seuil inimaginable et rien ne semble arrêter cette frénésie, en dépit d’une saison annoncée abondante en fruits et légumes.

Ainsi, cette flambée chronique des prix vient battre en brèche les assurances des autorités publiques qui ne cessent de parler de systèmes de régulation mis en place et qui ne servent à rien, du moins pour le moment. Pour se rendre au marché ces jours-ci il faut s’armer de courage et surtout bien se tenir le ventre. «Cela me donne des maux de tête. J’ai horreur de me rendre au marché», déclare à bout de nerfs Rachid, agent de bureau dans une APC à Alger. «Arrahma, arrahma ya rab (pitié mon Dieu)», supplie une mère de famille en levant les bras au ciel. La dame qui venait d’apprendre que le kilogramme de poivron coûtait 200 DA ne cache pas sa colère devant cette situation épouvantable. «Que vous voulez que je fasse avec ma maigre pension de



15 000 DA par mois. Je n’arrive plus à subvenir aux besoins de mes enfants. Je suis obligée d’emprunter de l’argent auprès des proches», tempête-t-elle. Au marché Clauzel à Alger-Centre, les prix affichés par les marchands donnent le tournis aux ménages. Ces derniers, saignés à blanc par les dépenses de l’Aïd El-Adha, n’en peuvent plus tant les prix affichés pour les fruits et légumes sont hors de portée des bourses moyennes. Ainsi, le prix de la pomme de terre est passé de 40 à 55 DA le kg. L’oignon, incontournable légume pour les ménagères, est proposé quant à lui à 50 DA le kilo alors qu’il était cédé à 40 DA/kg avant l’Aïd El-Kebir. C’est le cas de la carotte, pourtant légume de saison, dont le prix oscille entre 70 et 80 DA sur les étals. La laitue et la tomate ne descendent pas sous la barre des 80 DA/kg. La même fourchette de prix est maintenue dans la plupart des marchés de la capitale et même dans les villes limitrophes. A la wilaya de Blida, à titre d’exemple, les ardoises sont beaucoup plus salées. La courgette est cédée à 80 DA, le chou-fleur affiche 80 DA, le navet est à 60 DA, le concombre à 70 DA, Le poivron affiche ostentatoirement les 200 DA le kilo. Le haricot vert est intouchable, puisqu’il affiche 140 DA le kilo. Les fruits n’échappent pas à cette tendance haussière. Toujours à Blida avec ses fermes qui s’étalent sur plusieurs hectares, les oranges sont cédées à 100 DA et parfois plus, les bananes à 130 DA le kilo. Idem pour les pommes et les poires qui sont écoulées à 160 DA le kilo. Interrogés sur ces hausses intempestives, des vendeurs avancent l’argument «des conditions climatiques» qui ne sont pas favorables à la récolte. «Mais cela n’explique pas tout», dira un marchand. «Avant que la marchandise atterrisse sur nos étals elle parcourt plusieurs étapes, à commencer par les exploitants agricoles qui cèdent souvent la quasi-totalité de leurs récoltes aux mandataires. Ceux-ci ne trouvent aucun scrupule à corser les prix. Une fois parvenue au marché de gros, ce sont souvent les ‘’mandataires-bis’’ qui achètent la marchandise, pour que dans la majorité des cas, la grande partie de la récolte se vende aux propriétaires des chambres froides. Puis la marchandise arrive aux détaillants de fruits et légumes. Ces derniers, divisés en deux catégories (vendeurs qui travaillent conformément à la loi et ceux qui exercent dans l’informel), décident à leur guise du niveau de sa marge bénéficiaire, sans qu’aucun contrôle sur les prix ne soit opéré», expliquera le vendeur. Pour les citoyens, la hausse des prix trouve son origine dans l’absence de contrôle sur la chaîne des intermédiaires. Ils sont loin d’ignorer qu’ils représentent le dernier maillon d’une chaîne de commercialisation défaillante et se trouvent être les victimes directes de toutes les spéculations qui influent sur le système d’approvisionnement des marchés locaux. Au fait, comment les trois millions de salariés qui touchent moins de 10 000 DA/mois (un chiffre du directeur général des impôts) arrivent-ils à survivre avec de tels prix ? Bonne question…

Par Hocine L.