Quand les spéculateurs devancent la loi de
Avant même l’entrée en vigueur de l’augmentation de la taxe sur le tabac décidée dans le cadre de la loi de finances2010, passant de deux à huit dinars,des augmentations ont été opérées sur toutes les marques de cigarettes, dépassant de loin la marge décidée.
Si des hausses temporaires sont observées pour les Legend, une marque introduite frauduleusement sur le marché national, en raison des saisies opérées par les douaniers notamment aux frontières sud du pays, les autres marques,commercialisées soit sous licence d’importation soit fabriquées localement, ont connu également,depuis novembre dernier,des hausses allant jusqu’à25 dinars par paquet.
Cette tendance a connu néanmoins une légère baisse de 5 et 10 dinars depuis quelques jours, selon les marques, mais sans toutefois atteindre le prix officiel. C’est le cas des Gauloises, des L&M et des Winston, qui sont vendues chez les buralistes entre 110 et 125 dinars,alors que leur prix officiel est fixé à 100 dinars.
Un prix imposé parles grossistes avec, en plus, des ventes concomitantes sur des produits moins demandés, tels que les cigarettes «made in Algeria».Quant aux Marlboro, leur prix officiel,qui est de 120 dinars, a pris entre 15 à 20 dinars de plus pour être cédées actuellement à 135 et140 dinars le paquet.
Quant à la gamme nationale,et abstraction faite des Rym qui étaient, il n’y a pas longtemps, particulièrement prisées, elle ne fait plus l’unanimité chez les fumeurs,notamment les jeunes qui préfèrent des marques renommées.Concernant les American Legend, elles se font elle aussi désirer,étant donné que leur prix varie actuellement entre 75 et 80dinars, moins que ceux des Rym nationales cédées entre 90 et 100dinars, elles aussi drainées par cette hausse tous azimuts. Initialement,le prix des Legend était de65 dinars le paquet.
Enfin et concernant les Afras et les Nassim, en dépit de leur faible demande, leur prix officiel, à savoir45 dinars, est généralement arrondi à 50 dinars et à certains en droits à 55 dinars.
Chez les buralistes,un doigt accusateur est dirigé vers les «barons du tabac»qui ont mis de gros moyens depuis l’annonce de l’augmentation pour rafler toutes les quantités à l’ancien prix et le stocker pour l’écouler avec le nouveau.
Même le tabac à chiquer n’a pas été épargné par cette hausse illicite et le prix du sachet a également grimpé de 5 dinars, notamment dans des régions où sa consommation est importante.
Du coup, les vendeurs de la « Chemma faite maison»de la place du 1er Novembre à Oran ont également profité de l’aubaine pour vendre la boîte à 50dinars, alors que celle fabriquée parla SNTA est indexée à 40 dinars.
Pourtant le tabac, considéré comme étant l’un des produits épargnés par la hausse généralisée des produits de consommation,vient de connaître également son augmentation officielle depuis plusieurs années, une augmentation qui serait destinée officiellement à la sécurité sociale et aux services des urgences médicales via le Trésor public, sachant que les cancers causés par le tabac doivent être soignés alors que les thérapies mobilisées dans ce sens sont très coûteuses.
Ce sont donc les réseaux de spéculation qui détiennent les leviers de tout un segment commercial qui brasse chaque année des milliards de dinars, en l’absence totale de système de régulation et de contrôle, estiment les buralistes,pris entre le marteau et l’enclume.Car, d’une part, ils doivent suivre le cours du marché, et de l’autre,ils doivent satisfaire leur clientèle surprise par cette hausse fulgurante.
Chez les fumeurs, si plusieurs inconditionnels disent que cette hausse les amène à s’armer de volonté pour en finir une fois pour toutes avec les effets néfastes, des jeunes affirment que cette hausse ne ferait en fait que réveiller l’euphorie de l’interdit.
Le gouvernement a bien tenté d’interdire le tabac dans les lieux publics dès le début des années 1990, mais cette mesure n’a eu que des effets limités et rien n’est dit que cette augmentation va encourager les fumeurs à renoncer à leur habitude.
Salah C.