Les prix battent tous les records

Les prix battent tous les records

Cherté de la viande, restrictions sur les importations de produits agro-alimentaires, en sus de la sécheresse qui touche les steppes, d’où la montée des prix des fourrages, le tout additionné à la spéculation et à la contrebande à travers les frontières, qui restent toujours incontrôlables, renchérissent les prix du mouton à l’occasion de l’Aïd 2009.

S’il a été éclipsé par l’ambiance du «big match» de l’équipe nationale, le climat spécifique de la fête de l’Aïd s’est tout de même distingué, ne serait-ce qu’à travers le marché du bétail, par une animation particulière dans les points de vente des ovinés durant la dernière semaine d’avant l’Aïd.

Dans la capitale et contrairement aux années précédentes, les autorités ont pris la décision d’interdire tout acheminement de bétail vers les places publiques et les espaces d’habitation de masse, afin de mettre fin à l’anarchie qui a caractérisé ce marché dans les années précédentes. Ainsi, lors de notre tentative de prendre le pouls de l’activité qui s’affiche dans le marché du mouton à la place d’Alger, c’est en direction des hauteurs de la capitale que nous nous sommes rendus, et plus exactement dans les parages d’El Achour où nous avons pu dénicher un troupeau.

Dans un espace clos et aménagé pour la circonstance, au sein d’un mas appartenant à la famille Belazouz, les bêtes broutent paisiblement dans une ambiance tempérée faite d’un doux climat automnal en attendant un acquéreur. Le fils Abderrahmane veille hardiment au grain et, en bon négociateur, reçoit les acheteurs, dresse les prix et du coup engage les ventes. L’enclos en question renferme une trentaine de têtes, prélevées d’un important cheptel que cette famille d’éleveurs prépare tous les ans, une activité transmise de génération en génération. En sollicitant sa collaboration, le fermier s’est porté volontaire pour nous éclaircir sur ce marché dont la maîtrise ne lui échappe en aucun cas.

Les prix restent élevés

Les prix ? Ce fut la première question que nous avons tenté d’élucider avec notre interlocuteur, qui nous informe que les prix varient de 20 000 DA pour un agneau et peuvent atteindre la barre des 48 000 DA pour un bélier de 45 à 50 kg. Des prix qui dépassent de loin la moyenne saisonnière, et qui restent toujours sujets à l’augmentation qui peut aller vers des records inédits durant ce jeudi, veille de la fête de l’Aïd 2009, selon le fermier.

Chose qu’il trouve normale vu les tarifs de la viande ovine qui s’affichent sur les étals des boucheries à des records sans précédent, soit une moyenne de 900 à 950 DA le kg. A cela, s’ajoute la situation que vit le cheptel. Selon notre interlocuteur, ces prix ne peuvent être que prévisibles surtout que les relents de sécheresse qui perdurent font porter les prix du fourrage vers des barres toujours plus hautes et inaccoutumées.

Ainsi, un éleveur qui engraisse son troupeau avec de la vesce-avoine, vendue entre 500 DA et 600 DA la botte, et du foin qui est vendu à des prix allant jusqu’à 700 DA ces derniers jours, ne peut en aucun cas vendre en dessous des tarifs sus-cités. Et à notre interlocuteur d’ajouter : «Si jamais vous trouvez des prix plus compétitifs que les nôtres, cela ne s’explique que par la qualité médiocre de la nourriture qui est donnée aux troupeaux, ou bien par le fait que les moutons proposés à la vente à ces prix bas ont été volés».

A propos de vols, l’éleveur nous apprend que beaucoup d’éleveurs se font usurper leurs troupeaux surtout en période de fêtes, tout en nous signifiant que la mission de surveillance des troupeaux contre ces vols est plus dure que celle de veiller sur un arsenal militaire.

Pour revenir à cette question de prix qui fait d’ores et déjà monter la fièvre dans les portefeuilles, disons que la contrebande à travers les frontières et les restrictions sur les importations sont par ailleurs des facteurs à prendre en considération concernant cette hausse vertigineuse des prix du mouton. Une réalité qui s’impose lourdement pour signifier que pour cet Aïd 2009, beaucoup de familles en Algérie ne pourront pas acheter leur mouton, au grand dam des enfants surtout.

Khaled Haddag