Les préoccupations des citoyens et les programmes électoraux,Une pluie de promesses

Les préoccupations des citoyens et les programmes électoraux,Une pluie de promesses

affiche_967716.jpgVoter massivement pour protéger l’Algérie des «attaques», qu’elles viennent de l’étranger ou de l’intérieur, promesse de rétablir la confiance entre les institutions et le peuple qui doit «re-gouverner» à travers ses élus pour concrétiser «le changement», ou encore une dose de projets (étatiques) d’envergure à réaliser pour le prochain quinquennat.

Tels sont entre autres les «grands» thèmes développés durant la première semaine de campagne. Les préoccupations les plus légitimes et les plus simples du citoyen sont royalement ignorées. «Sciemment», diront les plus avertis qui accusent les partis politiques d’absence de réels projets de société à même, à titre d’exemple, sinon d’aplanir, du moins de résoudre en partie le problème du chômage qui touche la frange juvénile, très sollicitée de surcroît à l’occasion des législatives. Que proposent les partis et autres listes indépendantes issues des frondes partisanes dans le volet emploi ?

Un simple survol des différents programmes – s’ils existent réellement – fait apparaître très peu de choses. Un «néant» fait de généralités «sectorielles» du type «il faut relancer le tourisme pour créer de l’emploi», «il faut investir dans le secteur agricole pour créer de l’emploi», il faut réorganiser le BTP et accorder des largesses au secteur privé pour créer de l’emploi», etc.

Des «il faut» sans les solutions palpables qu’attendent le citoyen, le chômeur ou le jeune diplômé qui, si la chance lui sourit, se retrouve versé dans le préemploi éternel. Si quelques partis tentent d’aller dans le détail pour expliquer leur démarche créatrice d’emploi en enjolivant toutefois leurs promesses par des figures «hyperboliques» pour encenser ces jeunes «capables de relever le défi», d’autres se complaisent dans les mêmes énoncés généralistes, reprenant souvent les grands axes de leurs programmes politiques respectifs.

«Nous vous assurerons un salaire décent»

Sur les 292 propositions de «sortie de crise» émises par le FLN, 8 seulement sont consacrées au monde de l’emploi. Des énoncés aussi vagues qu’imprécis.

«En plus des postes d’emploi permanents, nous maintiendrons les postes temporaires en attendant la création d’autres postes permanents dans l’économie nationale», assure le parti de Belkhadem qui promet également «l’embauche automatique des diplômés universitaires dans le cadre du social en attendant la création de postes budgétaires dans le secteur économique». Le FLN ne s’arrête pas là :

«Nous assurerons un salaire décent qui couvrira les besoins élémentaires», ajoute le plus vieux parti qui promet de «bannir tout type de licenciement (compression d’effectifs)». Et les promesses continuent jusqu’à «dépasser toute forme de travail précaire d’ici les cinq prochaines années».

Les partis de l’Alliance verte, à une différence près, ressassent les mêmes propositions. Dans un chapitre de leur programme électoral intitulé «absorption sage du chômage», de «mettre fin à la politique de l’emploi temporaire». L’Alliance veut aussi encourager le secteur privé dans l’investissement dans des secteurs productifs, et «inciter les banques à accorder des crédits pour la création de PME».

Cette alliance islamiste promet de créer un fonds national pour l’emploi qui sera financé entre autres par les fonds de la zakat. Sous le titre «Offrons une chance et un avenir à chacun de nos jeunes ici en Algérie», le RND propose d’emblée «d’améliorer la préparation du jeune au marché de l’emploi» en mettant notamment en place «des encouragements supplémentaires aux entreprises pour offrir aux étudiants l’accès à des stages» et en instituant des taxes sanctionnant les opérateurs qui ne voudront pas faciliter ces stages».

Voter pour un SNMG à 30 000 DA

Pour augmenter les chances d’accès au travail le RND compte sur «l’ensemble des corps de l’Etat, dont la Fonction publique» qui seront «en mesure de maintenir et d’accroître le rythme actuel de 150 000 recrutements par an». Le parti d’Ahmed Ouyahia pense aussi que le secteur agricole peut garantir l’insertion de 100 000 jeunes par an, grâce à des facilitations diverses. Le Front des forces socialistes (FFS) accorde, quant à lui, la priorité au volet politique.

«La priorité aujourd’hui du FFS est de passer un discours politique à la population pour en éveiller la conscience politique car on a beau tracer des programmes économiques, si le politique n’avance pas, on ne fera rien sans l’adhésion de la population», a considéré Mohamed Amokrane Cherifi, conseiller économique au FFS. Ce parti, qui n’a pas dévoilé les détails de son programme, estime que ce n’est qu’une fois au Parlement que ses députés essayeront par tous les moyens d’influencer le système, prendre en charge les aspirations des populations».

D’autres formations politiques n’ont même pas jugé utile de rendre publics leurs programmes respectifs se contentant pour la plupart de proclamer à l’occasion des meetings et autres rencontres de proximité leur «capacité» à mettre fin à tous les problèmes. «Dans cinq ans, nous réaliserons ce que le pouvoir n’a pas fait en cinquante ans», a lancé Fawzi Rebaïne, dans un meeting, alors que le programme de son parti (Ahd54) n’excède pas quelques pages. Abdelmadjid Menasra compte sur la seule source de revenue, le pétrole pour…

pérenniser un SNMG à 30 000 dinars et promet de créer une allocation chômage à hauteur de 5 000 dinars en avançant le même argument : le pétrole. C’est déjà la deuxième semaine de campagne et les promesses continuent de pleuvoir à un rythme effréné sur le peu de citoyens qui s’y intéressent encore. Une curiosité printanière.

S. M.