A la psychose autour des enlèvements des enfants, la Gendarmerie nationale répond par les chiffres : en 2013, seuls trois cas avérés ont été enregistrés dont un seul suivi d’assassinat. Pas question néanmoins de baisser la garde. La gendarmerie entame une réflexion autour d’un plan alerte-enlèvement. Les criminologues avertissent : les auteurs d’enlèvements font souvent partie de l’entourage immédiat de la victime.
Ni banalisation, ni surestimation. La Gendarmerie nationale fait la part des choses entre les enlèvements avérés et ceux présumés. Depuis le début de l’année, sur 25 signalements d’enlèvements, trois se sont avérés réels tandis que 13 se sont avérés être des fugues et deux des détournements de mineurs. Durant la même période, sept tentatives d’enlèvement ont été également enregistrées.
Pas question de phénomène «statistiquement signifiant » mais cela n’empêche pas les services de la gendarmerie d’être à l’écoute de ce qui agite la société depuis plusieurs semaines. Un vent de psychose a soufflé sur l’ensemble du territoire suite au meurtre des deux enfants Haroun et Brahim à Constantine. Si rien ne justifie cette terreur ambiante, les spécialistes en criminologie avertissent cependant : les auteurs des crimes visant les enfants font souvent partie de l’entourage immédiat de la victime. Si pour le lieutenant-colonel Demen Debbih, directeur des études criminologiques à l’Institut de criminologie et de criminalistique de la Gendarmerie nationale, il est difficile de dresser un profil type des auteurs d’enlèvements et d’agressions d’enfants, ce dernier est généralement célibataire, âgé entre 28 et 30 ans, sans emploi et avec un niveau d’instruction ne dépassant pas le cycle moyen. Le mobile sexuel est généralement le plus répandu chez ces individus ayant déjà eux-mêmes vécu des traumatismes sexuels étant plus jeunes.
Ce que les parents doivent surtout savoir, selon le lieutenant-colonel Demen Debbih, c’est que très souvent, les pédophiles agissent dans un environnement qu’ils maîtrisent, usant de la ruse et profitant du fait qu’ils sont souvent des visages familiers pour les victimes. Sans être forcément de la famille, les prédateurs peuvent être des voisins ou de simples connaissances des parents. Un seul recours selon le lieutenant-colonel Demen Debbih : réduire les occasions de rencontres entre les prédateurs et les victimes potentielles.

Les parents sont appelés à adopter des attitudes à même de protéger leurs enfants en évitant de les laisser livrés à eux-mêmes dans les rues. En direction des auteurs de ces crimes, il est préconisé une prise en charge psychologique. La Gendarmerie nationale ne se contente pas de ces recommandations puisqu’une réflexion est lancée autour de l’opportunité d’instaurer un mécanisme d’alerte-enlèvement qui puisse permettre la mise en place rapide d’une véritable chasse à l’homme après chaque enlèvement avéré avec la création d’un plan de communication d’envergure. L’idée est en train de mûrir mais pas question pour la Gendarmerie nationale de copier-coller des dispositifs déjà existants dans d’autres pays. Il s’agit d’adapter ce mécanisme aux réalités de la société algérienne. Le mécanisme existant actuellement est bien huilé, affirmait le colonel Kerroud, responsable de la communication au cours d’une conférence de presse animée hier au siège du Commandement de la gendarmerie. Ce corps de sécurité, assure-t-il, agit dès la réception d’une plainte pour enlèvement et n’attend pas 48 heures pour intervenir.
N. I.
Plus de deux millions d’appels vers le Numéro vert
Le Numéro vert (10 45 ) mis en place par la gendarmerie est de plus en plus utilisé par des citoyens en difficulté ou désirant donner des informations. Plus de deux millions d’appels ont été réceptionnés depuis le 5 février 2011. 1,9 million d’entre eux ont été reçus de jour tandis que 938 711 l’ont été de nuit.
La Gendarmerie nationale a pu exploiter 156 952 appels qui concernent généralement les accidents de la route, les menaces contre les personnes ou les demandes d’aide. Ces services ont fait pas moins de 49 538 interventions suite à ces appels avec 911 arrestations en flagrant délit. La Gendarmerie nationale se mobilise également à l’occasion des vacances scolaires en sécurisant les lieux de villégiature et les routes. Le colonel Kerroud fait état de la mise en place de 700 dispositifs de sécurisation nécessitant la mobilisation de 15 000 gendarmes.
N. I
DÉLINQUANCE JUVÉNILE
Le vol, les coups et blessures en tête des infractions
Durant l’année dernière, sur les 77 050 personnes arrêtées par la gendarmerie, 2 788 étaient des mineurs arrêtés pour avoir été impliqués dans des affaires de vol (29,88% des cas), pour coups et blessures (24,26%) ou pour atteinte à la pudeur (6,01%). Leur niveau d’instruction ne dépasse pas le cycle moyen dans 64,47% des cas. Alger détient la première place, suivie de Mila et de Sétif tandis que Béchar ferme la marche. D’autres mineurs sont, quant à eux, victimes. En 2012 , ils étaient 2 444 à faire les frais de différents actes criminels avec à leur tête les coups et blessures (32,08%) et l’attentat à la pudeur avec 20,07% de cas, selon les chiffres communiqués hier par le colonel Benamara, directeur de la sécurité au sein de la gendarmerie. C’est à Oran que les mineurs sont les plus exposés avec 132 cas suivie d’Alger avec 123 cas et de Sétif avec 115 cas. A Tamanrasset, les mineurs semblent plus épargnés. Durant les deux premiers mois de 2013, la Gendarmerie nationale fait état de l’arrestation de 410 mineurs tandis que 355 autres ont été victimes des mêmes formes de criminalité que l’année dernière.
N. I.