La grève des praticiens spécialistes et des médecins généralistes, qui dure depuis plus de quatre mois se trouve à la croisée des chemins.
S’achemine-t-on vers la reprise du travail au sein des structures publiques de santé, maintenant que la justice a déclaré la grève «illégale» et que le ministre de la Santé, Saïd Barkat a affirmé que son département allait «prendre les dispositions nécessaires»…
Quelles sont donc les dispositions que le ministère de la Santé compte appliquer aux milliers de praticiens et de spécialistes de la santé publique qui persistent à poursuivre leur mouvement de protestation. Saïd Barkat suivra-t-il le chemin tracé par son collègue de l’Education nationale Boubekeur Benbouzid afin de faire plier les syndicats autonomes le SNPSP et le SNSSP, cela en recourant aux menaces de retraits sur salaire des journées de grève et au licenciement si besoin est ?
Le ministre est plus qu’agacé par la persistance de cette grève des médecins généralistes et spécialistes, d’autant plus que selon lui, «ils ont eu plus qu’ils n’ont demandé» et que «des motivations personnelles font persister la grève». Ou bien, a-t-il mal accepté le fait que les grévistes ont porté leurs voix jusqu’au premier magistrat du pays ?
Une première pour ces syndicats autonomes de la santé publique qui ont frappé à toutes les portes sans toutefois trouver une oreille attentive qui puisse répercuter leurs revendications par ailleurs reconnues «légitimes».
Et une bataille de gagnée pour les toubibs qui espèrent que le chargé des affaires sociales de la présidence de la République, qui les a reçus, transmettra bien leur plateforme de revendications socioprofessionnelles à qui de droit. Une brèche a été ouverte par le précédent du ministère de l’Education nationale qui a donné des couleurs à la fiche de paye des enseignants.
Les praticiens généralistes et spécialistes souhaitent les mêmes «traitement» et «remède» appliqués au corps des enseignants pour que le mal qui ronge leur secteur disparaisse.
Il semble que, nonobstant le caractère «illégal» de la grève, ainsi que déclaré par la justice, et annoncé par le seul ministre de la Santé, les médecins généralistes, les spécialistes et leur tutelle campent sur leurs positions apparemment inconciliables.
Le dialogue et la négociation, sont-ils pour autant rompus entre les deux parties, qui semblent oublier l’intérêt de la population et des malades au profit desquels ils doivent unir leurs efforts pour leur prodiguer et leur offrir des soins performants et de qualité.
Est-ce à dire que se réunir autour d’une table et mettre à plat tous les problème qui minent le secteur de la Santé est au dessus des capacités des deux partenaires de la santé publique ? La grève n’a que trop durée et il est insensé qu’elle atteigne le pourrissement, dont ce sera le coup de grâce porté à ce secteur déjà malade et sinistré.
Sadek Belhocine