Nous n’accepterons pas que des contre-vérités soient racontées sur nous alors que nous avons agi dans la légalité», affirment les deux présidents du Snpsp et du Snpssp, Lyes Merabet et Mohamed Yousfi, qui ont battu en brèche hier, lors d’une conférence de presse, les déclarations du ministre de tutelle qui a annoncé que la grève des praticiens a été déclarée illégale, affirmant être prêt à prendre les dispositions nécessaires.
«S’ils veulent nous jeter en pâture à l’opinion publique, qu’ils le disent clairement», affirment-ils, qualifiant de menaces et de contre- vérités les propos du ministre.
Alors même qu’un brin d’espoir animait les praticiens qui ont été reçus à la présidence de la République qui a promis de prendre en charge leurs revendications, les déclarations du ministre sont venues remettre en cause la démarche allant dans le sens du règlement du problème.
«Nous nous étonnons du changement de ton, de la virulence et des contre- vérités proférées par le ministre», dira Yousfi qui s’interroge sur «l’attitude des pouvoirs publics qui nous reçoivent à la présidence, puis tirent sur nous par le biais du premier ministre et de la tutelle avec laquelle un dialogue a été ouvert, de nous accuser de tous les maux».

S’agissant de l’illégalité de la grève, les deux responsables syndicaux s’en défendent : «On a bien déposé un préavis de grève dans le cadre de la loi 90-02 et le ministre ne s’est jamais soucié de mettre les conditions pour éviter la grève ou la désamorcer», note Merabet, qui ajoute que des réunions de conciliation auxquelles ils ont toujours appelé dans le cadre de cette même loi ont eu lieu, affirmant que «des PV ont été signés qu’on peut faire valoir».
«si le but est de préparer l’opinion au lynchage des praticiens, qu’il le dise clairement», ajoute Merabet. Réagissant aux exigence de réserve du ministre, et à ses «accusations de non- assistance à personne en danger», M. Yousfi est catégorique : «Nous le défions de relever un problème durant notre grève», dit-il, expliquant que le service minimum, assuré largement du reste, a été décidé unilatéralement alors que la loi stipule qu’il doit être décidé par les deux partenaires sociaux.»
«C’est lui qui transgresse la loi», dit le même conférencier, rappelant que les deux syndicats ont fait des concessions lorsqu’ils ont décidé de surseoir aux rassemblements. «Si le ministre affirme que notre grève n’a pas d’impact, pourquoi alors ces menaces ?» interroge Merabet, qui dira ironiquement que «si le service minimum est assuré largement, ce n’est que dans l’intérêt du citoyen, pas pour les beaux yeux du ministre».
tout en s’interrogeant sur le fait que «le ministre dit la chose et son contraire dans les mêmes déclarations», les deux syndicalistes affirment que le mouvement de grève enclenché depuis plus de 3 mois suit son cours.
Sur les accusations de «travail dans le privé», les conférenciers ont insisté sur le fait que la loi interdit les activités complémentaires, invitant les pouvoirs publics à s’adresser aux intéressés, allusion faite aux hospitalo-universitaires. «Nous avons demandé le gel de l’activité», rappelle Yousfi qui défie de prouver que les médecins abandonnent leurs postes pour ces activités.
S’agissant de la question du logement que le ministre a soulevée, les deux présidents affirment qu’ils ne réclament que l’application des lois de la République sur la cession des logements et demandent à être traités comme tous les autres corps de la fonction publique.
Interrogé sur l’application des décisions de justice,Yousfi dira qu’ «on avisera au moment voulu», affirmant qu’aucune notification ne leur est parvenue», expliquant qu’un référé ne décide que de l’arrêt ou non de la grève. Le statu quo est maintenu et la détermination des praticiens reste intacte. Affaire à suivre.
Saïd M.