Les pouvoirs publics sont-ils impuissants à l’éradiquer ? Change informel de la devise : un marché parallèle florissant

Les pouvoirs publics sont-ils impuissants à l’éradiquer ? Change informel de la devise : un marché parallèle florissant

– Le change informel attire de plus en plus de cambistes à travers les différentes wilayas du pays.

Dans des magasins de vente de produits de large consommation, des boucheries, des taxiphones, au niveau des ateliers de menuiserie et même à ciel ouvert, des milliers de personnes s’adonnent à cette activité.



Des sommes colossales circulent dans ce circuit illégal en dehors de tout contrôle, ce qui permet à ces «commerçants» de réaliser de gros bénéfices, puisqu’ils ne sont soumis à aucun impôt sur leurs gains. La monnaie étrangère est, en effet, en passe de devenir une marchandise ordinaire qui s’achète et se vend le plus normalement du monde.

Ce domaine nouveau a vu, ces derniers temps, l’apparition de «patrons», qui s’approvisionnent en grandes quantités de devises et emploient, ensuite, plusieurs jeunes vendeurs. Et lorsqu’on sait que le taux de change appliqué dans le marché parallèle dépasse de loin le taux de change officiel en vigueur au niveau des banques publiques, on se rend aisément compte des bénéfices inouïs que réalisent les cambistes, au détriment d’un grand nombre de simples citoyens ou de commerçants contraints de payer trop cher une monnaie dont ils ont besoin. Il faut dire que les banques publiques encouragent, de façon directe, cette activité illégale, en limitant, notamment, l’allocation devises à 150 euros, obligeant tout citoyen voulant se rendre à l’étranger, à recourir aux cambistes. «La majeure partie de nos clients est composée de simples citoyens s’apprêtant à effectuer des séjours touristiques ou pour des raisons de santé à l’étranger.

Il y a aussi quelques commerçants désireux d’importer des produits des pays de l’Union européenne», nous dit Hakim, un cambiste au square Port-Saïd (Alger). Le taux de change appliqué, ces jours-ci, est de 14,85 %, permettant à ces «professionnels de la monnaie» d’engranger de gros profits. «Les bénéfices vont aux caisses des patrons.

Ces jeunes que vous voyez ici sont tous des employés et ils n’ont qu’une petite marge à prendre sur la recette journalière», poursuit notre interlocuteur, tout heureux après avoir été sollicité par une dizaine de personnes, l’espace d’une matinée. Dans d’autres villes du pays, des commerçants achètent de la devise auprès des retraités ayant travaillé en France pour la revendre. «J’exerce dans ce créneau depuis plus de dix ans et cela me permet de réaliser de bonnes affaires.

Les retraités de la région viennent souvent me vendre de grosses sommes en euros, que je propose, à mon tour, à la vente aux gens qui en ont besoin», affirme Saïd, propriétaire d’une boucherie au centre ville des Issers (à l’est de Boumerdès). Même des propriétaires de salons de coiffure, de cafés et bars investissent dans ce créneau.

A jijel, Sétif, Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa, par exemple, il suffit de demander à n’importe quel riverain l’adresse d’un cambiste, pour en trouver plusieurs dans le même quartier. C’est un commerce florissant et en pleine expansion. «Nos clients ne se limitent pas seulement aux touristes et hommes d’affaires. Il y a même de fonctionnaires qui tiennent à ouvrir des comptes devises pour l’épargne», précise un cambiste à Draâ El-Mizan (au sud de la wilaya de Tizi Ouzou).

A.H