Les pouvoirs publics ont ordonné aux commerçants d’assurer le service ,L’autorité de l’état à l’épreuve de l’Aïd

Les pouvoirs publics ont ordonné aux commerçants d’assurer le service ,L’autorité de l’état à l’épreuve de l’Aïd
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L’Aïd El-Adha devrait être différent des précédents. C’est la première fois que le ministère du Commerce agite la menace de sanctions à l’encontre des commerçants qui ferment les jours de l’Aïd.

Force est de constater que ces menaces sont de la poudre aux yeux des commerçants. Mercredi déjà, ces derniers ont annoncé la couleur en baissant rideau. Tous les restaurants et autres fast-food et même des cafés ont fermé depuis hier et cela risque d’être ainsi jusqu’à dimanche ou lundi prochain voire toute la semaine.

La notion de service public que les pouvoirs publics voudraient imposer ou réhabiliter devrait concerner tous les acteurs, pas seulement une certaine catégorie. Il est vrai que le citoyen se plaint surtout du fait que l’épicier et le boulanger ferment les jours de l’Aïd, et parfois au-delà, mais il en est de même pour les cafetiers, les restaurateurs, les chauffeurs de taxi, les bus de transport privé et les pharmacies, les banques et tout ce qui a trait aux besoins ordinaires des citoyens.

Les commerçants de détail se cachent derrière les grossistes qui se permettent le luxe de prendre une semaine de congé pendant les fêtes. Ces derniers, agissant souvent en toute impunité, en toute illégalité, se permettent même de menacer l’État de le prendre en otage, quand il s’agit de se conformer à la loi. Imposant leurs propres règles, en matière de non-facturation des transactions et de non-traçabilité de l’argent et de non-paiement des impôts, mais aussi de non-respect des règles élémentaires d’hygiène, les grossistes évoluent dans leur propre “émirat” et se sentent non concernés par les injonctions de l’État, jusqu’à preuve du contraire. C’est que l’activité a été complètement dévoyée, échappant au contrôle de l’État et devenant, avec le temps, une véritable bombe à retardement. Les émeutes de janvier 2011, en plein Printemps arabe ont donné un petit aperçu des capacités de nuisance des grossistes.

Ceci dit, les commerçants de détail n’ont pas, non plus, à prendre en otage les citoyens. Ils n’ont qu’à assurer le service public durant les jours de fête, qu’à s’approvisionner suffisamment avant l’Aïd, quitte à ce que certains produits manquent. Car, lorsque le détaillant assume sa part de responsabilité, les autres acteurs, notamment les distributeurs de lait, seront mis devant leurs responsabilités. Les arguments des commerçants de détail sont indéfendables, sachant que d’autres commerçants, comme les bouchers, par exemple, ouvrent durant les deux jours de l’Aïd et travaillent jusqu’à des heures tardives.

Cette mentalité de gain facile, qui a fait tant de tort aux citoyens et même à la profession de commerçant, doit changer. Le gouvernement, qui voudrait voir les commerces ouvrir le soir, doit donner l’exemple, en matière de sérieux, de persévérance et surtout en mettant en place les conditions d’une telle éventualité. Les commerçants, de leur côté, doivent apprendre à prendre des risques, à contribuer aux changements des habitudes des citoyens, parce que si les commerces étaient ouverts le soir, tous les soirs, les citoyens iraient s’y approvisionner, comme c’est le cas des mois de Ramadhan.

Dans les pays qui se respectent, on n’ouvre pas un commerce n’importe où, n’importe comment et quand on est commerçant, on est obligé de respecter un cahier des charges. On ne ferme pas quand on veut et on ne prend pas de congé quand on veut.

Depuis hier, les commerces ont commencé à baisser rideau et la situation ira en s’aggravant quoi qu’en dise le ministre du Commerce. Si, pour les Algériens, cette souffrance fait partie du lot habituel, pour un étranger c’est un motif suffisant pour ne pas s’aventurer dans ce pays paranormal.

Longtemps absent du circuit commercial, l’État aura du pain sur la planche pour réhabiliter son autorité de régulateur. Que ce soit pour imposer quoi que ce soit à “l’émirat de Gué-de-Constantine”, qui monopolise le commerce de gros des produits alimentaires, ou encore, “l’empire du square Port-Saïd” par où transite tout l’argent sale.

A B