Les pouvoirs publics ont fait des concessions aux opérateurs de l’informel,Le prix de la paix sociale

Les pouvoirs publics ont fait des concessions aux opérateurs de l’informel,Le prix de la paix sociale
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La vie reprend son cours normal dans le pays, après quatre jours d’émeutes et de contestation enclenchées par la hausse injustifiée des prix des produits alimentaires de base, notamment le sucre et l’huile de table.

Si dans quelques régions, l’atmosphère reste encore tendue, le calme est revenu dans la majorité des wilayas qui ont vécu, faut-il le souligner, un week-end épouvantable et effrayant. Les actes de pillage et de vandalisme commis par les jeunes émeutiers ont semé la frayeur au sein de la population qui s’interrogeait sur les tenants et les aboutissants de ce «mouvement spontané» ou comme le soupçonnent certains hommes politiques de «pure manipulation de lobbies».

L’hypothèse est d’autant plus plausible, car la plupart des émeutiers n’étaient ni des pères de famille ni des travailleurs qui ont la lourde responsabilité de nourrir leurs enfants, quitte à payer le prix fort.

Ce qui laisse comprendre que la colère déversée de manière très violente dans la rue n’était pas tout à fait liée à la cherté de la vie ni à une quelconque revendication politique, comme veulent l’accréditer sans arguments certaines analyses et réactions. Il s’agissait plutôt de bandes de «voyous» qui ont profité de la détresse de la population pour s’attaquer à des biens privés et publics.

Des assaillants armés de couteaux ont exploité l’occasion pour voler des jeunes filles, des pères de famille sans défense, en proférant des menaces et des insultes abjectes. Des écoles, des établissements de formation, des locaux et des biens d’entreprises, ainsi que des commerces ont été mis à sac de manière brutale privant des milliers d’Algériens de cours, d’emploi et causant des pertes importantes pour d’autres. Cela a plutôt exacerbé la crise avec un bilan dramatique de

5 morts et de nombreux blessés graves, sans compter les arrestations et les traductions devant la justice. Des dérapages de trop pour un pays qui doit faire face à des situations plus compliquées dans un monde où la globalisation agit comme un rouleau compresseur écrasant toute spécificité.

Si d’aucuns estiment que les raisons de la colère sont bien là, notamment suite aux hausses inconsidérées des prix des produits de première nécessité comme l’huile ou le sucre, nombreux sont ceux qui considèrent que ce ne sont point là des justificatifs suffisants pour commettre des actes aussi graves.

Tout porte à croire aussi que ces «jeunes», sortis manifester violemment dans la rue, seraient manipulés par des grossistes et des barons de l’informel.

Ces derniers ont même réussi à faire revenir l’Etat sur ses décisions aussi importantes et stratégiques que sont la traçabilité et la transparence des transactions. Les déclarations des ministres du Commerce et de l’Intérieur relatives au marché informel ont démontré que celui-ci a encore de beaux jours devant lui.

De même, les mesures prises par le Conseil interministériel de supprimer temporairement les taxes et droits de douanes appliquées sur les matières premières sont loin d’être considérées comme étant radicales, laissant s’interroger certains observateurs sur l’après août prochain, une période qui coïncidera avec le mois sacré du Ramadhan, caractérisé par une forte consommation.

Ainsi, le gouvernement est tenu de concrétiser sa politique d’autosuffisance alimentaire à long terme pour éviter de revivre les mêmes événements malheureux.

Par Farouk Belhabib