Les Algériens suivent de près l’affaire Sonatrach
En lançant un mandat d’arrêt contre un ancien poids lourd du gouvernement, la justice algérienne s’est-elle enfin libérée des vieux démons qui la tenaient en otage…?
Le mandat d’arrêt international contre Chakib Khelil, dans le cadre de l’affaire Sonatrach II, est-il annonciateur d’une nouvelle ère et surtout la fin de l’impunité pour les enfants gâtés de la République et pour tous ceux qui se sont servis d’elle pour s’enrichir? En se saisissant de ce dossier brûlant, la justice algérienne veut-elle adresser un message à tous ces hommes politiques et ces notables qui ne cessent de faire pression sur elle et font tout pour la réduire au silence, car ils savent que l’indépendance de la justice constitue une sérieuse menace pour eux et contrarie leurs plans.
Certes, ce n’est pas la première fois qu’un mandat d’arrêt est lancé contre un commis de l’Etat, recherché par la justice. De hauts responsables qui avaient, avant lui, fait l’objet d’une plainte, s’étaient retrouvés du jour au lendemain sous les verrous sans qu’ils aient eu le temps de préparer leur défense ou organiser leur fuite vers l’étranger. Ceux qui avaient été mis en examen puis relaxés pour insuffisance de preuves, s’étaient vu retirer leurs passeports cependant, pour les empêcher de quitter le pays et se soustraire à la justice.

Dans le lot, on retrouve des directeurs d’entreprises et des walis, poursuivis tous pour mauvaise gestion et dilapidation des deniers de l’Etat. Mais c’est bien la première fois qu’un responsable de haut rang est inquiété et fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, signé par un juge, algérien de surcroît, pour le traduire devant les tribunaux et répondre de tous les délits dont il est accusé. C’est vrai que l’affaire Sonatrach a fait couler beaucoup d’encre. C’est vrai aussi, que les Algériens qui se sont beaucoup intéressés à cette affaire qui a éclaboussé nombre de personnalités soupçonnées d’avoir touché des pots-de-vin, en servant d’intermédiaire entre l’entreprise Sonatrach et des firmes étrangères lors de la signature de certains contrats, attendaient une réaction de la justice ou a défaut des explications de la part du gouvernement, concernant cette sombre affaire.
D’ailleurs, beaucoup doutent des intentions du gouvernement, estimant que l’affaire Sonatrach n’a pas livré encore tous ses secrets et que c’est pour protéger des personnes haut placées que Chakib Khelil a pu tranquillement quitter le pays. Selon eux, l’affaire Sonatrach n’est que la face visible de l’iceberg, soulignant qu’avant elle, il y a eu beaucoup d’autres scandales qui, malheureusement, ont été la plupart du temps étouffés parce que de hauts cadres et même des ministres y seraient impliqués.
Même s’ils admettent que l’affaire Khalifa a mis à nu un gigantesque trafic qui a débouché sur l’arrestation des principaux suspects, ils ne comprennent pas cependant, pourquoi son premier responsable n’a pas encore été arrêté et pour quelles raisons la Grande-Bretagne refuse de l’extrader. Pour eux, l’affaire de l’autoroute Est-Ouest n’a pas encore été totalement élucidée, malgré l’arrestation d’un haut responsable du ministère des Travaux publics, soupçonné d’avoir touché des pots-de-vin. Le silence entourant le coût exact du projet a laissé place aux rumeurs les plus folles, mettant en cause d’autres hautes personnalités qui auraient, elles aussi, trempé dans des affaires de pots-de-vin.
La justice algérienne s’est saisie de toutes ces affaires, mais rares ceux qui croient réellement en l’indépendance de celle-ci, se référant à toutes les affaires restées sans suite depuis l’indépendance. Beaucoup d’affaires n’ont pas été résolues, alors que de hauts responsables avaient promis de faire tout leur possible pour que justice soit faite. Dernier en date, le Bac et les incidents qui ont émaillé de nombreux centres d’examen, au motif que les sujets proposés ne figuraient pas au programme des candidats série littérature et philo.
On a promis une enquête, mais rien n’a filtré jusqu’à présent. L’Algérien veut bien croire au changement, mais il attend beaucoup plus de la justice pour mettre un terme à toutes ces affaires de corruption et de passe-droits qui empoisonnent la vie des Algériens et les rendent méfiants. Il ne faut pas l’oublier, si l’on veut construire un état de droit, on doit s’appuyer sur la justice. comme l’ont fait beaucoup de pays dits avancés.