Le Forum des chefs d’entreprise organise aujourd’hui un atelier de travail et de réflexion sur le thème : “Ports algériens, un gisement de croissance et de compétitivité”.
Dans un communiqué, cette organisation patronale rappelle qu’à l’occasion des débats de l’atelier organisé par le forum en octobre dernier sur le thème du développement du secteur maritime national, il est très vite apparu que la cohérence de la chaîne du transport maritime de marchandises était liée consubstantiellement à la qualité des infrastructures portuaires nationales, à celle de leur gouvernance, de même qu’à celle de leur connexion aux grands réseaux de transport à travers le monde. “Pour un pays comme l’Algérie, dont l’économie a de tout temps été fortement ouverte aux flux des échanges mondiaux de marchandises, il est clair que l’efficacité de la gestion de son système portuaire est un déterminant essentiel des performances d’ensemble de son développement économique et du caractère harmonieux de son insertion dans l’économie mondiale”, souligne le FCE. “La nécessité pour notre pays d’examiner les voies et moyens de renforcer son organisation portuaire est d’autant plus manifeste du fait des gros investissements qui sont entrepris à l’échelle des principaux partenaires économiques de notre pays, l’efficacité des ports et l’effet d’attraction qu’ils exercent sur les flux de marchandises échangées étant un facteur essentiel de la compétitivité des économies”, ajoute le FCE.
Des experts ont fait remarquer que l’Algérie dispose aujourd’hui de ports de très faibles capacités et totalement étouffés par le tissu urbain. La plupart des ports algériens, construits à l’époque coloniale, ne disposent d’aucune possibilité réelle d’extension. Seulement deux ports commerciaux ont été construits depuis l’Indépendance, le port d’Arzew, spécialisé dans les hydrocarbures, et le port de Djen-Djen, qui est loin d’avoir une taille et des atouts comparables à ceux des ports mondiaux modernes. Les faibles capacités de Djen-Djen font que ce port ne peut pas être un port d’éclatement sur les grandes lignes maritimes transocéaniques. L’absence de ports de taille mondiale pénalise lourdement l’économie algérienne. L’Algérie perd 2 500 dollars sur le fret avec l’Asie par rapport à l’Europe ou le Maroc. Avec l’Europe, notre pays perd près de 1 350 dollars de compétitivité par container par rapport au Maroc vers la même destination. Pour le transport en vrac, l’Algérie perd jusqu’à 60 dollars la tonne à cause de la faiblesse de ses capacités portuaires.
Hors hydrocarbures, l’Algérie importe chaque année 26 millions de tonnes de marchandises diverses et de matières premières et en exporte un peu plus de 4 millions de tonnes. Avec un handicap de 60 dollars la tonne transportée, c’est donc plus de 2 milliards de dollars perdus chaque année par l’Algérie, et cela depuis plus de quarante ans. De quoi construire un port de taille mondiale. Aujourd’hui, les frais de transport pouvant aller jusqu’à 40% du coût des produits fabriqués, les avantages du coût du fret deviennent décisifs dans la compétitivité mondiale. Si l’Algérie ne construit pas de ports de taille mondiale, sa compétitivité industrielle sera irrémédiablement compromise avec peu de chances de se positionner à l’international.
Le pays perdrait tous ses avantages comparatifs avec l’érosion des marges qu’il est capable de dégager. Sans compter que ses importations continueront toujours à être lourdement grevées par les coûts du fret. Beaucoup de pays l’ont compris et ont investi massivement dans la construction de ports de taille mondiale. Tanger-Med (Maroc), Damiette et Port-Saïd (Égypte) sont aujourd’hui des ports de taille internationale sur la rive sud de la Méditerranée.
M R