On se demande souvent pourquoi les personnes qui prennent du poids au fil des années ne supportent pas l’idée de faire le chemin inverse pour perdre les kilos accumulés. Tous les moyens sont alors bons à utiliser dans le but de retrouver sa ligne et ses formes. Tisanes multiples dont les « vertus » ne sont connues que par l’herboriste, pilules et préparations dont les marques sont transmises de bouche à oreille, etc, tous sont les bienvenus à condition de réaliser son souhait : perdre du poids et surtout rapidement. Malheureusement, ce comportement peut être accompagné de conséquences lourdes sur la santé et la vie du sujet qui y a recours.
Un peu d’histoire
L’utilisation de médicaments pour maigrir ne date pas d’hier. Dans les années 50 et 60, les pilules de régime étaient déjà abondamment consommées. Toutefois, devant l’apparition de cas de dépendance et d’abus, les médecins ont peu à peu cessé de les prescrire.
Les hormones thyroïdiennes, les diurétiques plutôt utilisés en cardiologie (insuffisance cardiaque, hypertension artérielle,…) et les laxatifs en gastrologie (constipation, préparation d’un examen d’exploration digestive,…) ont également été employés dans l’optique de la perte de poids. En fait, tous ces médicaments ne traitent pas du tout le surpoids, pire encore, risquent d’être dangereux. En raison de l’émission d’un volume plus important d’urines pour certaines de ces pilules et l’apparition de nombreuses diarrhées pour d’autres, des conséquences graves, liées à une déshydratation avec possible collapsus (panique) cardiovasculaire et décès, sont à décrire. En effet, à ce niveau, la perte de poids se fait au dépend de l’eau du corps et non pas de la graisse… comme cela est également constater lors de la consommation de « tisanes de régime ».
Vient ensuite, en 1996, un autre type de médicaments de régime qui a été à l’origine de maladies graves du cœur et retiré du marché une année après.
Comment agissent les médicaments ?
Utilisés pour différentes raisons, ces comprimés empêchent le passage des graisses au niveau de l’estomac et de l’intestin, régulent la satiété en agissant sur le cerveau ou enfin autorisent l’entrée privilégiée du glucose dans les cellules afin que lorsque le taux de celui-ci est élevé au niveau du sang, il n’y ait pas de transformation en graisse (cas du glucophage prescrit pour les diabétiques). Ceci dit, si ces résultats paraissent alléchants, il reste à savoir que les effets secondaires et les dangers ne sont pas à négliger : signes d’intolérance digestive (augmentation du volume des selles, selles grasses,…), répercussion sur la fonction du foie, insomnie, somnolence, constipation, sécheresse de la bouche, sudation, céphalées, augmentation de la fréquence cardiaque, palpitations, hypertension artérielle, etc.
Enfin, pour terminer, le doute sur les dangers des coupe-faim ne doit aucunement persister lors de certaines situations ou cas, tels que la grossesse, l’allaitement, les antécédents de pathologies cardiovasculaires, de dépression, de glaucome (destruction des fibres du nerf optique), de migraines, etc.
Dans quels cas ce type de médications est-il utilisé?
Les médicaments actuellement disponibles n’ont en fait leur place qu’en présence de cas particuliers d’obésité ou de surpoids associés au risque pour la santé et ne doivent en aucun cas servir à des fins cosmétiques. Le diabète, la programmation d’une intervention chirurgicale telle que la pose d’un anneau gastrique ou d’une plaque abdominale pour éventration, les importantes apnées du sommeil, etc, sont autant de situations pour lesquelles la prise de ces mêmes médicaments pourrait s’avérer indispensable car bénéfique. La consommation de ces pilules, lorsqu’elle est médicalement justifiée avec délivrance d’une ordonnance et un suivi, doit toujours être accompagnée d’un changement de style de vie incluant la pratique d’une activité physique et une alimentation moins riche en calories. Le programme d’amaigrissement ne peut, de ce fait, nullement être substitué par des comprimés dont le rôle reste celui de soutien visant une perte de poids progressive et durable.
Enfin, il est intéressant de signaler qu’une perte de poids même légère (5 à 10% du poids initial), chez les sujets obèses ou présentant un surpoids à risque, peut permettre l’amélioration de l’état de santé et la réduction du risque de développement de certaines maladies.
Quelles recommandations pour un amaigrissement sans risques ?
Si pour perdre du poids il n’existe ni secrets ni solutions miracles, en revanche, comprendre qu’une bonne hygiène de vie reste la seule issue afin de réussir à supprimer les kilos superflus peut souvent être le « starter » du désir de se prendre ou se faire prendre en charge. Manger sain, varié et équilibré sans oublier de se réhydrater et pratiquer une activité physique régulière (marche soutenue) restent les deux grandes armes incontournables à utiliser pour le « combat » contre la graisse maladive et disgracieuse mais également contre le stress poussant souvent à grignoter ce qu’il ne faut pas.
Enfin, pour les personnes en surpoids présentant une dépression ou une anxiété importante, la proposition d’une aide psychologique associée à un traitement adapté peut être faite et révélée que la demande de perte de poids n’est plus soulevée ce qui traduit des difficultés psychologiques.
Dr. Maziz-Hammoudi L.