Les pharmaciens haussent le ton, le Ministère de la santé calme le jeu

Les pharmaciens haussent le ton, le Ministère de la santé calme le jeu
les-pharmaciens-haussent-le-ton-le-ministere-de-la-sante-calme-le-jeu.jpg

Après les vives réactions – plus ou moins contradictoires- de l’Association Professionnelle solidarité des pharmaciens (ASPO) et du syndicat national algérien des pharmaciens d’officines (SNAPO), le Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière calme le jeu.

Dans un communiqué publié fin décembre, le Ministère de la Santé a indiqué que les horaires d’ouverture et de fermeture sont fixées de 08H à 19H mais « peuvent être prolongées jusqu’à 22H00, selon les spécificités de chaque commune et en étroite coordination avec les services de la direction de la santé et de la population de la wilaya ».

« L’activité de pharmacien d’officine est une concession de service public, soumise à une réglementation spécifique répondant aux besoins de la population », explique le ministère de la Santé dans son communiqué, rapporté par l’Agence de presse Algérienne.

Cette instance, abordant l’arrêté du 20 août 2014 fixant les modalités d’organisation de la garde au niveau des officines de pharmacies, a déclaré que cet arrêté « a été élaborée en étroite concertation avec les représentants régulièrement agrées des pharmaciens d’officine », selon l’article 209 de la loi 85-05 relative à la promotion et à la protection de la santé, qui stipule que « les pharmaciens sont tenus d’assurer un service de garde selon les modalités fixées ».

Promulgué le 20 août 2014 pour fixer les modalités d’organisation de la garde au niveau des officines pharmaceutiques, l’arrêté ministériel oblige les pharmaciens à baisser les stores vers 19 heures. Une décision pas du tout acceptée par le syndicat national des pharmaciens d’officines (SNAPO) et l’APSO, qui ont appelé au gel de l’arrêté et menacé de faire grève.

Tandis que certains évoquent la sécurité, comme principale entrave à l’application de la décision ministérielle, ou craignent les conséquences que cette loi peut générer en termes d’emplois et de services, d’autres souligne son incompatibilité avec d’autres lois émises par d’autres institutions étatiques.

« Je gère ma pharmacie située à Saint-Pierre avec mon épouse et je vous le dis tout de suite : je ne vais jamais ouvrir le soir quelles que soient les conséquences prévues par cet arrêté », a déclaré un pharmacien lors d’une conférence de presse organisée par l’ASPO, rapporté par le quotidien El Watan.

Les pharmacies officines situées dans les quartiers sensibles sont en effet exposées à la venue de délinquants et d’agresseurs, en quête psychotropes ou d’argent.

Le Dr. Houda Maaziz, présidente de l’ASPO, a quant à elle, souligné un tout autre aspect. Elle a déclaré lors de la même conférence que les pharmaciens sont « avec la loi ». « C’est pour cela que nous opposons à cet arrêté une véritable loi du ministère du travail, 90-11 du 21 avril 1990 relative aux relations de travail modifiée et complétée le 11 janvier 1997, qui stipule, dans son article 29, qu’il est interdit à l’employeur de recourir au personnel féminin pendant les travaux de nuit. Or, selon les statistiques officielles, 80% du personnel pharmaceutique est féminin », rappelle-t-elle.

D’une autre part, l’arrêté du 20 août ne profite ni aux malades, abandonnés dans leurs souffrances au-delà de 19 heures, ni aux employés recrutés pour assurer le service de nuit, estiment d’autres pharmaciens.

« A supposer que chacune n’emploie que 2 personnes en moyenne le soir, ce sont près de 20 000 employés qui se retrouveront au chômage du jour au lendemain », ajoute la présidente de l’ASPO.

Cette dernière estime que la priorité du Ministère de la Santé devrait être la production nationale, afin de garantir la disponibilité de toute la gamme des médicaments sur tout le territoire algérien.