Les « petits monstres » de l’Anep

Les « petits monstres » de l’Anep

Où va l’argent de l’Anep? Où va l’argent des contribuables algériens? La réponse est connue de tous depuis que des confrères ont soulevé la question en exigeant que toute la transparence soit faite sur la destination véritable des deniers publics qui transitent par cette agence de publicité chargée de gérer les annonces des institutions étatiques et celles des collectivités.

Des quotidiens, dont le directeur de l’imprimerie SIA le reconnaît publiquement, sont tirés et laissés sur place pour uniquement justifier des pages de pub reçues. A quoi sert-il d’insérer une annonce dans un journal dont le tirage ne dépasse pas 3000 exemplaires? Qui décide d’octroyer à ces «nains» de la presse nationale des pages entières, et n’ayant aucun lien professionnel avec la corporation, des annonces de grandes entreprises comme celles d’Algérie Télécom, Mobilis ou Air Algérie? Certainement pas les patrons de ces sociétés qui, eux, sont beaucoup plus soucieux de la rentabilité de leur communication.

Pis encore, le système de corruption pour la publication des avis d’appels d’offres a trouvé un moyen idéal pour s’y nicher. Comment? Ainsi, une annonce parue dans un quotidien à faible tirage, sans lectorat, devient «infructueuse» et libère définitivement l’annonceur pour passer un marché de gré à gré. L’Anep ne devient-elle pas ainsi complice d’une combine qui saigne les finances de nos institutions? Rassurez-vous, le directeur général de l’Anep, Ahmed Boucenna, n’y est pour rien.

Qui donne donc les instructions pour la répartition de cette manne publicitaire? Sur quelle base (tirage, ligne éditoriale, crédibilité, professionnalisme), ces «imams cachés» de l’Anep s’arrogent-ils le droit divin de gaver leurs favoris dont le seul mérite de leurs quotidiens est d’être introuvables sur les étals des buralistes?

Désormais, nous exigeons plus de transparence dans la répartition de cette publicité, sinon nous serons contraints de passer à une autre étape, celle-ci plus violente, pour dévoiler à l’opinion publique tous les soubassements délictueux de cette grave atteinte aux deniers de l’Etat qui a permis à certains, avec un tirage de 5000 exemplaires et un effectif en personnel de moins de trente salariés, souvent non déclarés à la Casnos, de bénéficier des largesses de fonctionnaires, pour «rouler» les institutions qui ont fait confiance à l’Anep.

Le ministre de la Communication, Hamid Grine, est interpellé pour faire toute la lumière sur les dysfonctionnements de cette entreprise qui se joue impunément de l’argent de l’Etat, sans parler de l’éthique. Nous comptons sur M. Abdelmalek Sellal pour qu’il prenne cette affaire à bras-le-corps, parce qu’il y va de la crédibilité de l’Etat qu’il incarne en sa qualité de Premier ministre.