La télévision occupe, au XXe siècle, une place un peu analogue à celle qu’ont occupée les feuilletons et romans populaires dans la seconde moitié du XIXe siècle, et les séries radio dans la première moitié du XXe siècle.
C’est extraordinaire comme nous singeons machinalement l’Occident. Ce mimétisme n’a plus de limite. A tort ou à raison, nous considérons que tout ce qui vient de ces pays est béni, aussi bien l’expression du bon goût et du savoir-vivre. Le summum de la civilisation en quelque sorte. Prenons l’exemple de leurs fêtes. En particulier celle de Noël et du Nouvel an. Que des catholiques en France préparent les cadeaux de la Saint-Nicolas pour les offrir à leurs enfants, en rognant parfois sur leur maigre budget, quoi de plus normal et de plus naturel. Le repas, légèrement amélioré, est préparé en famille avec un ordre protocolaire très strict, aussi bien dans l’entrée, le plat de résistance que le dessert. Des variantes en fonction des spécificités de certaines régions sont parfois apportées aux couverts pour donner plus de cérémonial et de solennité à l’ambiance conviviale. À Aix-en-Provence et dans toute la région des Bouches-du-Rhône, la fin des agapes est invariablement marquée par 13 desserts présentés aux convives, lesquels desserts correspondraient aux 13 compagnons du Christ.
Des Algériens qui n’ont strictement rien à voir avec ce culte, dont ils ignorent tout au demeurant, ont pris l’habitude de fêter Noël à leur façon, soit en offrant des friandises à leurs rejetons, soit en leur offrant des jouets.
À leur décharge, il faut reconnaître l’impact du battage publicitaire et le matraquage fait autour de cette fête à travers tout l’Hexagone. Comment donc y résister ? La bûche est tellement entrée dans les mœurs que la plupart des pâtisseries dans les grandes villes ont pris le train en marche en s’engouffrant dans la nouvelle tendance du moment.
Rares sont les artisans qui échappent à cet effet de mode que beaucoup de familles ont fait leur dès l’instant qu’elles leur donne l’illusion de vivre comme on le fait ailleurs.
Il faut tout de même rappeler que ce genre de bamboula revient excessivement cher, même de l’autre côté de la Méditerranée. Entre le sapin, les guirlandes, la bûche, les fleurs, les fruits de mer, le foie gras, la dinde et le truffes, le compte est vite fait.
Il faut également rappeler à nos concitoyens qu’ils ne sont pas obligés d’y souscrire. Et que leur mimétisme aveugle ne répond à aucun besoin spirituel ou culturel bien précis. Ces fêtes que nous regardons avec beaucoup d’envie à la télévision et parfois même avec un sentiment de frustration et un pincement au cœur se terminent, en général, très mal.
Les statistiques publiées par des services français sont effarantes. Au lendemain du de la fête du Nouvel an, plus de 2 000 voitures ont été incendiées dans les banlieues, plus de 1 500 fêtards ont été blessés à l’arme blanche. Quant aux accidents de la route dus à l’alcool au volant, ils se chiffrent par centaines. Pour avoir une idée de l’étendue des dégâts, sachez que 90 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés ce soir-là.