Al Qaïda au Maghreb islamique a annoncé, ce mardi, une guerre «solo» contre l’Algérie, seul pays à ne pas avoir été touché par le «printemps arabe».
Pour Aqmi, et tel qu’explicité dans son communiqué, les pays du Maghreb qui ont été touchés par le «printemps arabe» seront épargnés de ses attaques, car les pouvoirs «ennemis» qui sévissaient auparavant ont été «chassés» par les peuples. Et qu’en est-il du Maroc ? Aqmi dit ne pas cibler ce pays. C’est donc finalement l’Algérie qui demeure le seul ennemi juré des fous de Dieu.
Cette nébuleuse a indiqué, dans un communiqué datant de ce mardi et intitulé «moissons du mois», qu’elle a décidé d’épargner les pays du «printemps arabe» des attaques armées, en faisant allusion à la Tunisie et la Libye, tout en promettant une guerre contre les autres, ciblant très particulièrement l’Algérie qui demeure seule, avec le Maroc, à l’abri des soulèvements populaires.
Aqmi a promis de cibler l’Algérie et uniquement l’Algérie, évitant le Maroc pour d’évidentes contingences d’ordre politico-stratégique, à travers des actions armées, notamment des attaques suicides, d’autant que, explique le communiqué des islamistes armés, «l’Algérie est un ennemi depuis la nuit des temps».
Pourquoi l’Algérie ? Comment peut-on alors expliquer les attentats terroristes ayant frappé la Tunisie et la Libye ? Pourquoi le Maroc est plutôt protégé par les actions d’Aqmi ?
Pour Aqmi, l’Algérie est un pays important, car il s’agit d’une force régionale, non seulement au Maghreb mais aussi au Sahel. Frapper l’Algérie, c’est frapper le coeur du Maghreb, un pays ennemi qui a combattu le terrorisme en éliminant nombre de chefs terroristes ces deux dernières décennies. Le communiqué d’Aqmi porte le nom d’un certain Cheikh Ahmed Abbi Abdallah El-Jijli.
Comme son nom le laisse clairement suggérer, il s’agit d’un porte-parole d’origine algérienne. Ce dernier a juré de cibler davantage les intérêts algériens en faisant monter la cadence des attaques sur le sol algérien. Rappelons que les groupes terroristes affiliés à Aqmi ont déjà opéré plusieurs attaques criminelles contre les intérêts algériens.
En novembre 2011, un commando fortement armé appartenant au Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) s’infiltre du côté des frontières Ouest du pays, plus exactement dans les camps de réfugiés de Tindouf, et enlève trois humanitaires européens.
Quelques jours après, le Mujao revendique le rapt des trois Européens tout en promettant d’autres actions contre l’Algérie. C’était là la première grosse action sur le sol algérien.
Le 3 mars 2012, un kamikaze appartenant au groupe terroriste Mujao cible le siège de la Gendarmerie nationale de Tamanrasset en faisant exploser une voiture piégée conduite par un kamikaze. Bilan : deux morts du côté des gendarmes.
Le 29 juin 2012, le siège du groupement territorial de la Gendarmerie nationale de Ouargla est, à son tour, la cible d’un attentat suicide perpétré par deux jeunes affiliés au Mujao.
Ces deux kamikazes, d’origine subsaharienne, font exploser leur véhicule bourré de 200 kg de TNT. Bilan : un officier gendarme tué et trois autres blessés.
Le 16 janvier 2013, cette fois-ci à In Aménas, 32 terroristes affiliés à un nouveau groupe terroriste dénommé les «Signataires par le sang », dont l’émir de cette organisation n’est autre que Mokhtar Belmokhtar, prennent d’assaut le site gazier de Tinguentourine et tuent 35 employés étrangers suite à l’intervention des forces d’élite algériennes. C’était là la dernière action des fous de Dieu perpétrée en Algérie.
Aujourd’hui, les terroristes promettent d’autres attaques contre l’Algérie, et cela au moment où le Niger est endeuillé par un double-attentat suicide perpétré à Arlit et Agadez, faisant plus de 25 morts parmi les militaires nigériens. Deux attentats qui, faut-il le rappeler, ont été revendiqués conjointement par le Mujao et les «Signataires par le sang».
Sofiane Abi