Les patriotes ne pleurent jamais

Les patriotes ne pleurent jamais
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Comme chaque année, ils étaient nombreux, les patriotes à rendre hommage à Mohamed Sellami de Haouch-Gros, dans la banlieue d’Alger. Un patelin meurtri qui restera dans les annales de la lutte antiterroriste par l’engagement de feu Sellami et tous ses compagnons d’armes à travers le territoire national.

A l’heure des réconciliations amnésiques, des héros autoproclamés, la tristesse et la colère contenue des braves républicains réunis avant-hier interpellent les consciences. Ceux qui ont sauvé l’Algérie ne réclament rien d’autre que le respect. Contre toute confusion entre ceux qui ont défendu le pays face aux fossoyeurs et les rentiers de la paix retrouvée.

Célèbre déclaration de guerre au terrorisme de l’ancien moudjahid, membre du HCE et premier ministre, Réda Malek, « la peur doit changer de camp » a été le pari réussi des premiers Algériens à avoir répondu par le feu au diktat des sanguinaires islamistes qui ont voulu régenter la société par la violence dans les années 1990.

Mohamed Sellami, à qui les Patriotes humbles de la région d’Alger et d’ailleurs sont venus rendre hommage par le dépôt d’une gerbe de fleurs sur sa tombe, a fait partie du noyau de courageux citoyens qui ont constitué le premier groupe de Patriotes dans la Mitidja.

LG Algérie

Les témoins encore vivants de la résistance dans ce périmètre infesté de terroristes durant la décennie noire se souviennent de la surprenante combativité de ces civils reconvertis par devoir patriotique à la guerre contre l’ennemi intérieur.

Des militaires discrets, officiers supérieurs ou simples soldats, ayant eu à bénéficier de la collaboration du groupe de Sellami s’inclinent aussi « à la mémoire du véritable meneur d’hommes exceptionnel, de l’intellectuel du PAGS qui a quitté ses responsabiltés dans une entreprise nationale pour sauver l’Algérie » nous confie un commandant de l’ANP sous couvert de l’anonymat.

Il faut noter qu’au cimetière ce jeudi, aucun officiel ne s’est montré cette année. Pour rappel, le défunt Sellami est tombé sous des balles assassines lors d’une opération dans le maquis de Boufarik le 17 décembre 1995. Sa détermination et son courage exemplaire ont mobilisé des milliers d’Algériens contre les « tangos », nom de code usité pour désigner les terroristes dans le camp patriotique.

Ne pas narguer les héros

Aujourd’hui, « tandis que la Concorde et la Réconciliation nationales ont été abusivement utilisées pour effacer l’histoire sous le magister d’un président de la République absent durant ces tragiques épreuves, les Patriotes souhaiteraient que les politiciens cessent de dévoyer la lutte antiterroriste par des compromissions partisanes bien en deçà des enjeux républicains de l’époque ». Paroles amères d’un héros blessé. Nous l’appellerons, Aâmi Tahar, ses cheveux ont blanchi.

Il n’a pas vu ses enfants grandir, et depuis ces années de douleur quotidienne, il ne dort jamais une nuit entière sans sursauter en se remémorant les cris des victimes de ce qu’on appelle désormais la Tragédie Nationale. A chaque commémoration, à chaque enterrement d’un ancien de « la lutte » qui a fini par mourir triste ou à demi-fou, les images terribles de la barbarie terroriste reviennent.

Avec ce sentiment d’un déficit de considération pour les morts et pour les rescapés qui ont évité la destruction de l’Algérie. Comme Sellami, la quasi-totalité des patriotes se sont engagés volontairement contre la pègre des groupes armés qui recrutaient de leur côté parmi les lâches, dont certains n’hésitent pas à narguer les Patriotes.

Repentis ou sponsors clandestins du terrorisme ont profité de l’amnésie imposée par les pouvoirs publics pour s’enrichir et écraser socialement les Patriotes ou leurs familles. L’affaire Mohamed Gharbi condamné à mort pour avoir tué un repenti, avait révélé toute la souffrance chez les Patriotes face aux assassins réhabilités contre toute morale.

A Haouch-Gros, on n’a pas pleuré Sellami qui repose en paix ; ce n’est pas le genre des héros de chialer ! Près de la sépulture de Mohamed Sellami, on s’est juré solennellement que l’Algérie ne sera jamais livrée aux criminels d’hier, ni à ceux de demain. C’est tout ce qui importe aux gars de la trempe de Sellami.