Les patients y contractent d’autres maladies, Ces hôpitaux de tous les risques…

Les patients y contractent d’autres maladies, Ces hôpitaux de tous les risques…

La prévalence des infections nosocomiales est importante dans les hôpitaux algériens. Et pour cause, l’hygiène y fait gravement défaut. L’hôpital est devenu un lieu où le malade risque de contracter des infections qui peuvent provoquer des complications de son état de santé ou qui peuvent le conduire brutalement à la mort.

On se rend à l’hôpital pour se faire soigner, on en sort plus mal en point. La cause : une infection contractée en milieu hospitalier. Malgré la gravité de la situation, on parle peu de ce problème courant.

En Algérie, il y a peu de données sur ce mal permanent, à l’origine de souffrances et de décès. Ce problème de santé publique est en réalité sous-estimé dans la plupart des structures des soins, même hospitalo-universitaires.

De rares études ponctuelles dévoilent des taux d’infections nosocomiales élevés. Des infections à l’origine de complications de l’état des malades avec, comme conséquence, une augmentation de la mortalité, une prolongation de l’hospitalisation et un accroissement important des coûts de soins. Chaque année en Algérie, des patients admis en hôpital perdraient la vie des suites d’une infection contractée sur leur lit d’hôpital.

Ces maladies, qu’on dit nosocomiales, sont provoquées par des bactéries. Elles s’attaquent aux malades, lors d’une opération ou lors de soins postopératoires. La majorité des hospitalisés contractent chaque année des infections associées aux soins. Un taux considérable, inquiétant, mais qui est, trop souvent vécus comme une fatalité par le corps médical.

Et pendant que les pays étrangers reconnaissent la responsabilité des médecins face aux patients, chez nous, on veut laisser croire que les infections nosocomiales font partie des risques de l’hospitalisation. Pour cette raison, il n’est pas possible de les éviter surtout que les simples règles d’hygiènes ne sont pas respectées.

Ces infections contractées en milieu hospitalier, suscitent beaucoup d’inquiétudes chez les malades. Des spécialistes tirent la sonnette d’alarme sur ce problème majeur. Beaucoup de facteurs contribuent à la manifestation de ces infections. Il serait relativement facile de les contrer, car elles se transmettent d’abord et avant tout par les mains du personnel de l’hôpital, qui néglige les règles d’hygiène.

Mais aussi par le non désinfection des chambres des malades, des blocs opératoires ainsi que l’hygiène général des hôpitaux, (couloirs, parties communes…). La désinfection des lits de malade laisse aussi à désirer dans nos hôpitaux. Dans la norme, à chaque fois qu’un malade quitte son lit, ce dernier est automatiquement stérilisé, avant que le nouveau malade arrive.

 » Une règle plutôt ignorée dans nos hopitaux. Dés qu’un patient quitte l’hôpital on place un autre immédiatement  » nous dira un citoyen, ayant passé de longs jours comme garde malade dans un hôpital public. Le pire, même si un malade est décédé sur son lit, dès qu’il y a une nouvelle admission on le place sans prendre la peine de nettoyer le lit  » mortuaire « .

 » J’ai été hospitalisée l’an dernier à Tizi Ouzou, c’est ma garde malade qui a nettoyé mon lit avec de l’eau de javel, quelque jours après on m’a appris que la patiente décédée sur ce lit avait une infection pulmonaire « , raconte Malika, malade hospitalisée pour hernie discale cervical. Les visiteurs, et notamment les gardes-malades appelés à passer des nuits et des journées entières au chevet du malade, sont-ils exposés aux dangers de ces pathologies ? Et vice versa.

La réponse est oui, tout le monde peut être contaminé sans exception. Les infections nosocomiales sont dues aussi à des causes croisées dont la promiscuité, la forte concentration des patients, un isolement insuffisant des malades par manque de chambres et à la mauvaise organisation des établissements hospitaliers.

Ces procédures non respectées, expliquent pourquoi les maladies nosocomiales font autant de victimes en Algérie. Faut-il relever à cet effet, que n’importe quel malade peut voir sa vie basculer brusquement.

C’est l’histoire de la mère de Karima, âgé de 60 ans, qui n’a pas survécue à l’infection qu’elle a contractée à l’hôpital de Tizi Ouzou, tout comme, d’ailleurs les 7 autres patientes ayant partagées avec elle la même salle dans le service de neurochirurgie. Il était loin de se douter un instant qu’une infection des poumons signerait son arrêt de mort alors qu’elle était hospitalisée pour compression médullaire.  »

Deux heures après qu’elle est rentrée au bloc opératoire afin de subir une intervention chirurgicale, son chirurgien m’a informée qu’elle était transferée dans la salle d’isolement parce qu’elle avait une infection pulmonaire. Après quatre jours de souffrance, elle a rendue l’âme « . C’est aussi l’histoire de Saïd, victime d’un accident de moto, est maintenant condamné à vivre avec un seul pied, à cause d’une infection nosocomiale.

Il n’avait que 20 ans, quand il s’est fait opérer le pied droit. C’est lors de l’opération que des bactéries se sont infiltrées dans sa plaie. Les médecins se sont retrouvés ensuite dans l’obligation d’amputer son pied de la hanchePis encore, les salles des bébés, dans certains hôpitaux, n’échappent pas à cette règle.

Cette frange vulnérable au moindre risque est aussi exposée aux infections. Amine, un bébé de trois mois a été hospitalisé pour une intervention de drainage de LCR, au CHU de Tizi Ouzou. Ce n’est qu’après six mois qu’il s’est fait opérer.  » Mon fils n’est pas encore guéri. Son état de santé se complique d’avantage ces derniers jours après une intervention chirurgicale.

Ce n’est qu’après l’opération qu’une personne qui s’occupait de la désinfection du bloc opératoire m’a informée que le bloc n’était pas désinfecté depuis que les corps communs de la santé ont déclenché une grève illimitée. J’ai jurée depuis de ne plus remettre les pieds dans cet hôpital « , déclare, dépitée, sa mère Farida.

Dans le même hôpital,  » pas mois de dix décès d’infection associée aux soins, ont été enregistrés en une semaine au service de neurochirurgie « , selon une infirmière.  » Depuis quelques temps, nous enregistrons un décès chaque jour, dans ce service suite à des infections aigues, contractées par les malades dans les blocs opératoires ou dans les salles de réanimation « , révèle notre interlocutrice.

Le constat est le même dans tous les hôpitaux du pays. A l’hôpital Parnet, à Alger, une femme enceinte a eu des complications le jour de son accouchement, suite à une infection qu’elle a chopée au niveau de cet hôpital. Elle a été transférée immédiatement dans une clinique privée où elle a accouchée par césarienne.  » J’ai failli perdre mon enfant ce jour là, après plus de quatre ans d’attente « , raconte Nadia.

QUE FAIT LE PERSONNEL MÉDICAL?

Pratiquement rien ! De nombreux patients meurent à l’hôpital quotidiennement parce que le personnel médical se soucie peu  » faute de moyen ou par négligence  » des conditions d’hygiène.  » Dans d’autres pays, les médecins ainsi que tous le personnel médical, réagissent et veillent à ce que leurs patients soient traités dans de bonnes conditions avec des meilleurs soins. Chez nous malheureusement, les médecins ne réagissent même pas et continuent à travailler dans de telles conditions.

Ils restent souvent dubitatifs devant l’absence de stérilisation des blocs opératoires et des salles de réanimation, mais quand il s’agit de leurs propres intérêts, la contestation devient le maître mot. Ils peuvent observer des arrêts de travail pendant des mois sans se soucier de la santé du malade « , déclare un malade rencontré à l’hôpital Mustapha.

15 % DES HOSPITALISÉS SONT CONTAMINÉS

Les maladies nosocomiales sont aujourd’hui, partout dans le monde, reconnues comme des problèmes majeurs de santé publique par leur fréquence, leur coût et leur gravité, mais à des degrés moindres. En Algérie, le problème se pose avec acuité et la maîtrise du risque en milieu hospitalier reste une question cruciale.

Leur prévalence dans les pays développés n’atteint même pas les 5%. En Algérie, sur 100 malades hospitalisés, 15 contractent des infections nosocomiales, d’après les chiffres avancés par le ministère de la santé. Selon les spécialistes de la santé, ces statistiques officielles, communiquées par la tutelle, restent toutefois en deçà de la réalité.

Ils restent, selon eux, des chiffres auxquels personne ne croit, car le risque de chopper des virus ou des germes de toutes sortes dans un hôpital demeure particulièrement élevé. Si une sérieuse enquête sur l’hygiène hospitalière était menée en Algérie, les résultats auraient de quoi donner froid dans le dos.

A l’étranger, il y de nombreuses expériences intéressantes qui limitent le risque d’infections nosocomiales : des études approfondies sur la question et des chiffres fiable, chez nous on se contente de petite études qui camouflent les tares du secteur de la Santé. La qualité des soins et les mesures essentielles d’hygiène pour éviter la propagation des infections nosocomiales reste un défi majeur à relever dans nos hôpitaux.

Il est, en effet, difficile d’admettre que le séjour dans un établissement de santé, destiné à traiter une maladie, soit à l’origine d’une autre pathologie, parfois plus sévère que la première. Les solutions pour contrecarrer ces pathologies semblent simples. Mais il n’existe encore aucun programme national de prévention des infections dans nos hôpitaux, et encore moins de budgets pour les accompagner.

L. A. R.

PLUSIEURS CLINIQUES PRIVÉES FERMÉES

La négligence médicale n’est pas propre au secteur public. Le privé aussi est touché par ces infections. L’on se rappel de la fermeture de la clinique privée, Amina de Chiffa, sise à Blida, suite aux 19 cas de méningite dont deux mortels enregistré, le mois janvier dernier.

Les enquêteurs sur l’affaire, ont relevé que les cas de méningite sont dus à la mauvaise stérilisation du matériel médical au sein du bloc opératoire. Il s’agit donc d’une infection nosocomiale.

Les infections des sites opératoires arrivaient en tête, suivies respectivement par les infections pulmonaires et les infections urinaires. Le ministère de la Santé, suite aux nombreux rapports effectués par les précédentes campagnes, a procédé à la fermeture de plusieurs cliniques à travers le territoire et a envoyé des avertissements à d’autres. Toutefois, les exemples sont légion.

L’affaire du bébé mort dans une clinique d’ophtalmologie à Constantine et dont les parents mène depuis 2008 une bataille juridique sans merci en est l’exemple. Le nombre de victime est en constante augmentation surtout ces dernières années.

L.A.R