Une zone en pleine turbulence
Le plan de redéploiement militaire doit être transmis à l’ONU avant la fin novembre. La force africaine y sera pour une année entière.
L’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahel, l’Italien Romano Prodi, chargé depuis le début d’octobre de coordonner les efforts onusiens dans la mise au point d’une stratégie sur le Sahel, vient d’annoncer la tenue d’une réunion internationale le mois prochain à Rome. L’émissaire de Ban Ki-moon qui ne précise pas de date exacte souligne que cette réunion est en rapport avec la crise au Mali.
Après une entrevue avec le Secrétaire général de l’ONU, il indique que cette rencontre devrait regrouper les représentants des pays concernés et les groupes régionaux dont la France, la Grande-Bretagne et l’Union africaine. La réunion prévue intervient au lendemain de la décision de la Cédéao favorisant l’envoi de 3300 soldats au nord du Mali.
Les partisans d’une intervention militaire étrangère au Mali y vont peser de tout leur poids pour imposer un consensus sous couverture onusienne. Les événements se précipitent sur le terrain où de nouvelles donnes s’invitent sur la scène malienne, comme par exemple, l’annonce faite par Ansar Eddine, un des groupes islamistes armés qui occupe le nord du Mali, à renoncer à imposer la charia, selon une déclaration rapportée par l’AFP. «Nous renonçons à l’application de la charia sur toute l’étendue du territoire malien, sauf dans notre région de Kidal où la charia sera appliquée en tenant compte de nos réalités», a déclaré Hamada Ag Bibi, l’un des membres d’une délégation d’Ansar Eddine présente à Ouagadougou.
Ansar Eddine avait, il y a quelques jours, désapprouvé l’usage d’arme d’un musulman contre un autre musulman, affirmant dans une déclaration officielle son divorce total d’avec la nébuleuse Al Qaîda au Maghreb islamique. Cette sortie est perçue par des observateurs comme une volonté de bonne foi, renforçant les chances de réussite d’un dialogue difficile et entouré de nombreux obstacles. Parmi les parties qui accordent du crédit à cette évolution, figure l’Algérie qui continue d’appeler à une solution pacifique. En cas de recours à la force, cette dernière procèdera à la fermeture de ses frontières. Rappelons que le recours à la force a été approuvé par l’UA lors de la réunion arabo-européenne au Caire.
L’UA qui avait encouragé auparavant une solution pacifique a décidé finalement d’approuver l’envoi au Mali d’une force militaire internationale pour reconquérir la région Nord de ce pays. Et c’est ce qu’a annoncé, mardi dernier, le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’UA, Ramtane Lamamra, depuis Addis-Abeba, souhaitant que le Conseil de sécurité des Nations unies autorise le plan de déploiement de la force pour une durée d’un an. Le plan de redéploiement militaire doit être transmis à l’ONU avant la fin novembre. Lors de cette même rencontre, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avait réitéré le soutien de l’Algérie aux efforts de l’ONU visant à élaborer une stratégie dans la région. L’ONU, par son envoyé spécial, avait exprimé son soutien à une solution pacifique. Que s’est-il donc passé entre-temps pour que l’UA fasse marche arrière d’une façon aussi inattendue en se prononçant en faveur d’un recours à la force?
De fortes pressions ont joué dans les coulisses des réunions formelles et informelles qui ont eu lieu au Mali et à l’étranger. La France a rappelé, par la voix de sa plus haute autorité, qu’elle écarte l’idée d’une intervention militaire étrangère au Mali. La question que l’on se pose est: quelle sera la nature de son soutien matériel et logistique et dans quelles conditions elle sera mise en oeuvre? «Il n’a jamais été question d’intervenir au Mali à la place des Africains. La France et l’Europe feront en sorte de soutenir logistiquement l’intervention militaire prônée par la Cédéao avec la formation des troupes pour la préparation de celles-ci à intervenir, mais en aucun cas, la France n’interviendra elle-même au Mali», a assuré le président français dans une conférence de presse à l’Elysée.
Zuma et Hollande appellent à la poursuite du dialogue
La présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), Nkosazana Dlamni Zuma, et le président français, François Hollande, ont appelé hier à Paris à la poursuite du dialogue politique au Mali afin de convaincre les groupes armés qui sévissent dans le nord de ce pays de «se dissocier des groupes criminels et terroristes». «Nous aimerions convaincre les groupes armés maliens de venir aux négociations et de se dissocier des groupes criminels et terroristes. Si cela pouvait arriver, ce serait un grand pas en avant», a déclaré Mme Zuma lors d’un point de presse à l’Elysée avec M.Hollande.
«Les préparatifs pour une intervention continuent et nous le ferons étape par étape. Evidemment, si nous pouvons obtenir la paix au Mali et le retour à l’intégrité territoriale sans aller à la guerre tant mieux», a ajouté Mme Zuma