Les déclarations et les mises en garde d’El Gueddafi seraient-elles fondées, qui répète à l’envi être présent sur le terrain et prêt à se battre?
A quelques heures de l’expiration-aujourd’hui – de l’ultimatum pour les derniers bastions pro-El Gueddafi, les forces du nouveau régime libyen faisaient face à une résistance des fidèles de l’ancien dirigeant en fuite entre Syrte et Bani Walid.
Les déclarations et les mises en garde d’El Gueddafi seraient-elles fondées? L’ex-dirigeant libyen a, à maintes reprises et pas plus tard que la semaine dernière, assuré qu’il était en pleine forme, et toujours présent sur le terrain, prêt à se battre. Dans un message audio, diffusé jeudi par la chaîne de télévision Ar Rai – l’unique média à recevoir les messages d’El Gueddafi -, le dictateur déchu pointe du doigt «la guerre psychologique et les mensonges». Il a toutefois réfuté les spéculations sur son départ: «Ils ont dit dernièrement qu’on a vu El Gueddafi dans un convoi vers le Niger, comme si c’était la première fois qu’un convoi traverse (la Libye) vers le Niger!» a-t-il ironisé. «Nous sommes prêts à Tripoli et partout à intensifier les attaques contre les rats et les mercenaires, qui sont une bande de chiens», a assuré le colonel El Gueddafi. Le dirigeant déchu a également profité de l’occasion pour encourager et rassurer ses partisans. Il met d’ailleurs en garde les Libyens, leur conseillant de ne pas s’occuper de «cet ennemi faible et ignoble» qui veut «affaiblir votre moral». Il assure même que «l’OTAN va être vaincue», car «ses capacités matérielles ne lui permettent pas de continuer» à intervenir. Bluff ou vérité? Sur le terrain, un retour assez vigoureux des pro-El Gueddafi est enregistré dans la vallée rouge où une contre-offensive a débuté avec l’arrivée d’un convoi d’une dizaine de véhicules pro-El Gueddafi le long de la ligne de front qui, selon un journaliste de l’AFP, se situe désormais à la sortie est de la localité de la Vallée rouge. Les combattants fidèles à l’ex-dirigeant libyen ont attaqué par des tirs à la roquette et aux obus de mortier, ainsi qu’au sol, à pied dans les dunes, à la fois la route principale et le désert alentour. La Vallée rouge, prise jeudi par les forces du nouveau régime, constituait l’une des principales lignes de défense des partisans du colonel El Gueddafi avant leur fief de Syrte. D’un autre côté, près de Bani Walid, des combattants pro-El Gueddafi ont, selon des témoignages, tiré des roquettes et des obus à fragmentation sur les combattants pro-CNT rassemblés à une trentaine de kilomètres de la ville. Ces tirs ont fait un mort parmi les pro-CNT. «Ils nous tirent dessus pour empêcher notre avancée en direction de Bani Walid», a expliqué un commandant militaire du CNT, Abdallah al-Hakim, tandis que des convois transportant des munitions, des armes et des hommes armés traversaient sans cesse la route menant à Bani Walid. Mais pour Moustafa Al-Samou, commandant des opérations au sud de Misrata, le principal objectif est en fait l’immense oasis de Djofra, qui abrite trois villes (Houn, Sokra et Waddan) à 300 km au sud de Misrata et où se trouvent «280 gros dépôts d’armes et de munitions». Une réserve importante de munition qui pourrait changer la donne. Selon le communiqué quotidien de l’Alliance atlantique, jeudi trois importants fiefs de l’ancien régime, Syrte (360 km à l’est de Tripoli), Sebha (centre) et Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli) toujours aux mains des pro-El-Gueddafi, ont été visés par les frappes de l’Otan, mais alors que les combattants pro-CNT ont avancé dans leur direction ces derniers jours, leurs préparatifs en vue d’éventuels assauts se sont heurtés à une forte résistance. Quel que soit le niveau de résistance des pro-El Gueddafi sur le terrain, il apparaît clairement qu’ils sont amoindris du fait non seulement de la mort mais surtout de la fuite de nombre de ses généraux. Des sources touaregues de haut niveau ont justement affirmé hier à l’AFP que des généraux proches de l’ex-dirigeant libyen, actuellement en fuite, sont au Burkina Faso, après avoir transité par le Niger. Jeudi, le Premier ministre nigérien Brigi Rafini, en visite au Burkina Faso, a affirmé que le Niger «avisera» sur une éventuelle demande d’asile d’El Gueddafi, soulignant qu’il n’était pas dans le pays.
«Pour l’instant (…) nous ne l’avons pas accueilli», a-t-il insisté. A la question de savoir si le Niger est tout de même disposé à accorder l’asile politique à M.El Gueddafi, M.Rafini a répondu: «Quand le cas se présentera, nous aviserons».