Les partis politiques jugent les élections législatives «incompréhensibles» «L’Algérie avait besoin d’alternance au pouvoir»

Les partis politiques jugent les élections législatives «incompréhensibles» «L’Algérie avait besoin d’alternance au pouvoir»
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Les résultats enregistrés lors des élections législatives continuent de soulever des vagues parmi les partis politiques. La reconduction du même scénario politique alors que le peuple voulait un changement, et que même le Président cherchait à «désenclaver» l’univers qui gravite autour des centres de décision, n’est pas pour régler les problèmes des citoyens. Il y a réellement crainte de voir les réformes politiques tomber à l’eau

Certes, jusque ici l’Algérie a été épargnée par le Printemps arabe. Les Islamistes n’ont pas été comme leur voisins au Maroc, en Tunisie et en Egypte, les grands vainqueurs des changements, mais les législatives devaient au moins permettre de nouvelles donnes, de nouvelles perspectives, et faire en sorte qu’un sang nouveau soit injecté dans les veines de l’Algérie.

Avec 220 sièges pour le FLN, le RND en seconde position, puis les Islamistes du conglomérat «Alliance de l’Algérie verte», c’est un statu-quo qui est observé, ou pire encore: un maintien dangereux des choses en l’état. Bref survol des observations collectées chez les présidents de partis et dans les états-majors :

RASSEMBLEMENT ALGÉRIEN :

«Une mosaïque de partis était pressentie, et il fallait être vraiment naïf pour croire que le changement serait important. Le FLN est le parti de tous les Algériens, et l’ancienne génération y trouve ses repères.

De la sorte, c’est peut-être mieux, même si c’est dommage pour la démocratie et l’alternance. Ainsi, c’est le programme du Président qui sera alors mené à son terme, et les 462 nouveaux députés pourront disserter très longtemps avant de trouver un programme consensuel qui sera réellement le produit des partis de la majorité».

KASSA AÏSSI (FRONT DE LIBÉRATION NATIONALE) :

«Les gens qui contestent les résultats doivent montrer un peu plus de fair-play, car tous les observateurs étrangers ont relevé la transparence du vote. Nous, au FLN, nous n’avions jamais douté de nos ressources et de nos capacités dans ces moments difficiles.

Alors cessons de remettre en cause la sanction des urnes : le FLN a gagné haut la main, car les gens se sont réfugiés dans les bras d’un parti qu’ils connaissent, et dont ils connaissent les repères idéologiques, patriotiques et historiques».

ABDEREZAK MOKRI (MSP) :

«Ce sont des résultats très contestables, car non pas en-deçà de nos attentes, mais parce qu’ils ont été falsifiés dans une certiane mesure. Ce n’est pas avec des tiraillements d’urnes pareils que l’Algérie va régler ses problèmes. L’Allaince islamiste a eu effectivement un meilleur score, et nous allons dire cela haut et fort…»

FATAH RABII (ENNAHDA) :

«Il existe trop de zones d’ombre dans ce scrutin. Nos prévisions étaient conformes avec les réalités de terrain. Alors que nos sources dans les wilayas parlaient le matin même du vendredi d’une centaine de sièges déjà acquis, le ministre nous choque avec moins de 50 sièges. Alors nous allons introduire les recours et on verra».

ABDALLAH DJABALLAH (PARTI POUR LA JUSTICE ET LE DÉVELOPPEMENT) :

«Les législatives ont été une grosse farce bien réalisée, et un événement qui ne va pas régler les problèmes de l’Algérie. Personne ne peut comprendre ces scores enregistrés, mais je vous avertis : l’Algérie avait besoin d’autre chose, d’alternance et de plus d’ouverture pour aspirer à un changement démocratique sans violence. Des élections pareilles, l’Algérie pouvait bien s’en passer…»

MENASRA (FRONT DU CHANGEMENT) :

«Ces élections très curieuses ont fait rater à l’Algérie une occasion en or de créer un changement par la voie pacifique. Notre parti a mis le pouvoir devant ses responsabilités, car ce qui s’est passé est plus grand que la fraude.

Si réellement les gens ont voté pour le FLN, où sont les signes de joie ? Pourquoi les jeunes qui ont voté FLN et qui ont gagné les élections ne sont pas sortis crier leur joie après la diffusion des résultats ? Je n’ai vu dans les villes que des visages hagards et des mines tristes…»

Propos recueillis par Fayçal Oukaci