Comme s’il s’agit de l’unique paramètre qui leur permet d’entamer en fanfare la campagne électorale, certaines formations politiques jouent du tac au tac, chacune accusant l’autre d’intérêts électoraux, semblant oublier au passage leur souci majeur : convaincre l’électeur.
Le discours politique des leaders de parti est, de l’avis de tous les spécialistes interrogés, en deçà des attentes. Il est «super structurel», résume Abdelkader Mahmoudi, professeur à l’Institut des sciences politiques à Alger. Les directions politiques des partis ne détiennent pas les clés de ce qui devait, pourtant, constituer un acquis. «La quasi-majorité n’arrive pas à pénétrer le tissu social», soutient l’universitaire, joint par nos soins.
Depuis plusieurs semaines, on assiste à des échanges verbaux conflictuels. A quelques mois des élections législatives, prévues en mai prochain, les hommes politiques répètent le même refrain : les uns dénoncent, les autres récusent. Le Mouvement de la société pour la paix, de feu cheikh Mahfoudh Nahnah, est le premier à critiquer les deux autres maillons qui composent l’alliance présidentielle, le Front de libération nationale et le Rassemblement national démocratique. Au terme de sorties médiatiques enchaînées, Bouguerra Soltani, leader du parti islamiste, a multiplié ses offensives, donnant l’impression de ne jamais avoir fait partie de l’alliance.
A moins de 24 heures de la conférence nationale qu’avait animée Ahmed Ouyahia, le président du MSP n’a cessé de répéter que l’alliance était rentrée dans l’«immobilisme», depuis quelques années. En l’espace de quelques jours, le constat a été fait que celui-ci avait dit une chose et son contraire.
«Ce qui est regrettable, c’est qu’on ne dit pas les choses à temps», fait remarquer M. Aïssaoui, sociologue. S’il y a des divergences, appuie-t-il, «les responsables politiques cachent qui se passe et affichent des tout va bien hyspocrites». Mais «une fois que les différends éclatent au grand jour, les uns descendent en flammes les autres». Conclusion : les partis sont, dans leur majorité, loin du citoyen, l’électeur pour ainsi dire, qui est garant du cours que prendra le prochain scrutin.
«Ces électeurs doivent être assurés pour qu’ils se rendent massivement aux urnes le jour du scrutin», poursuit le sociologue.
Dans son analyse, le Pr Mahmoudi note, d’autre part, que «les politiciens doivent faire preuve de pédagogie, sans laquelle ils ne seront pas en mesure de transmettre leurs idées». Et à son collègue, le Pr Henad, d’apporter un autre éclaircissement. Concis, il dit qu’au lieu de se chamailler, il serait utile et judicieux de penser à un discours convaincant et à des solutions tangibles. Dans leurs speechs, les leaders de partis se focalisent sur les évènements de la scène internationale, parlent d’ingérence, des forces de l’OTAN, du printemps arabe… D’un côté, ce sont des questions auxquelles la diplomatie algérienne n’a cessé de mettre toute la lumière et, de l’autre, ne trouvent pas place dans le subconscient de l’Algérien lambda, lequel veut qu’on lui parle, d’abord et surtout, de son pays.
A qui profitent ces batailles à distance ? «Pas aux partis, c’est une évidence», dit Pr Henad. L’électeur, rassuré par l’Etat quant à la tenue d’élections transparentes, risque de se mettre dans l’uniforme de la réticence, à cause d’un discours politique qui est loin d’être cette arme redoutable qui fait changer d’avis même aux abstentionnistes de premier rang.
Ces derniers jours, la polémique qui enfle entre la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, et le président du Front de la justice et du développement (FJD), Abdallah Djaballah, n’est pas des moindres. La première dame du PT a sévèrement critiqué l’ex-chef d’En-Nahda et d’El-Islah d’être «à la solde des Occidentaux». Ne semblant pas être perturbé outre mesure, Djaballah a répliqué que c’est un débat «faux, inutile et infondé». Mieux, le fondateur du FJD, ne prêtant pas le flanc à Louisa Hanoune, est allé jusqu’à lui adresser une invitation pour assister à la tenue du congrès constitutif de son nouveau parti, prévu le 5 février.
N’étant pas en reste, Moussa Touati critique à tour de bras. Les nouvelles formations qui commencent à tenir leurs conseils consultatifs ont en fait de même. Une chose est sûre, ce jeu ne servira ni les partis ni l’électeur.
Fouad IRNATENE
Bordj Bou Arréridj
Le parti de Benbaïbeche tient son congrès constitutif de wilaya
Le parti de la nouvelle aube, El Fedjr El Djadid, dirigé par l’ex-secrétaire général du RND, M. Tahar Benbaïbeche, a tenu hier à Bordj Bou Arréridj son congrès constitutif de wilaya. Cette rencontre, qui a servi également pour choisir les 18 délégués de la wilaya pour le congrès national prévu les 9, 10 et 11 du mois en cours à Alger, a été présidée par le porte- parole du parti au niveau de Bordj Bou Arréridj M. Hocine Tlidjène en l’absence de M. Benbaïbeche qui n’a pas pu faire le déplacement dans la capitale des Bibans à cause des mauvaises conditions atmosphériques.
La porte-parole, qui a expliqué que la nouvelle formation politique est nationaliste et centriste, est ouverte aux jeunes dont elle veut transmettre les préoccupations. Ce qui n’a pas empêché la présence de beaucoup d’enfants de chouhada, à l’image du porte-parole au niveau de la wilaya, sans doute par fidélité pour l’ex-secrétaire général de l’organisation.
F. D.
Mouvement El Islah :
“Un boycott des élections serait une grave erreur”
Le secrétaire général du mouvement El Islah, M. Hamlaoui Akkouchi, a affirmé hier à Guelma qu’une « non-participation positive aux prochaines élections ou leur boycott serait une grave erreur ». Animant un meeting à la maison de jeunes Youcef- Mohamedi de Guelma, M. Akkouchi a appelé « tous les Algériens », à une forte participation aux prochaines élections, en « donnant leur voix et en protégeant les urnes ». Pour le secrétaire général du mouvement El Islah, la « réalité politique que vivent les pays arabes a créé un climat favorable à la tenue d’élections crédibles et honnêtes ». Présentant la vision de son parti sur la situation politique et sociale du pays, M. Akkouchi a demandé à toutes les formations politiques « optant pour une position islamique et nationale » de dresser des listes communes pour les prochaines échéances électorales, en mettant l’intérêt du pays au-dessus des considérations partisanes.
Ennahda :
“Saisir l’occasion des législatives pour amorcer le changement”
Le secrétaire général du mouvement Ennahda, M. Fateh Rebaï, a appelé hier depuis Oum El-Bouaghi, les Algériens à saisir l’occasion des prochaines élections législatives pour « amorcer le processus de changement pacifique et consolider la démocratie ». « Chaque citoyen doit prendre conscience et participer en toute responsabilité à ces élections pour consolider les institutions de l’Etat et garantir la stabilité et la prospérité au peuple algérien », a déclaré M. Rebaï lors d’un meeting au musée du Moudjahid. Il a indiqué que les militants de son parti étaient mobilisés pour assurer le succès de ce rendez-vous électoral et en faire, a-t-il espéré, l’occasion d’un « changement pacifique qui évitera à l’Algérie de connaître les vents de changements destructeurs qui secouent certains pays arabes ». « Ces révoltes tirent leurs motivations de nombre de facteurs qui existent également en Algérie, dont la corruption, les injustices et l’accaparement des richesses par certains au détriment de la majorité », a encore estimé M. Rebaï, affirmant que la « seule voie possible pour l’avènement du changement pacifique reste une participation massive au scrutin ». Dans contexte, il a réitéré son appel à « l’élargissement » des prérogatives des magistrats chargés de superviser les élections et à « l’impartialité » de l’Administration.