Le principe du système de quota des femmes dans les assemblées élues, fixé à 30 % dans le projet de loi approuvé par le Conseil des ministres, et qui a été ramené à 20 % par la Commission parlementaire des affaires juridiques, administratives et des libertés, partage les formations politiques.
En effet, bien que celles-ci s’accordent à dire que la mise en place d’un système de quota est un premier pas vers l’instauration d’une vraie démocratie, il n’en demeure pas moins vrai que chacun y va de sa propre vision, plusieurs partis estiment que le projet de loi en question, qui accorde aux femmes un quota de 30 %, constitue une « ingérence » de l’administration dans les activités internes des partis.
Le premier parti politique à savoir le FLN signe et persiste « le quota des sièges réservés aux femmes devrait se situer raisonnablement entre 20 et 25 % », il estime que le taux de 30 % est difficilement applicable, y compris dans les pays occidentaux. Il a cité l’exemple de la France et du Canada où la présence des femmes au Parlement et dans les Conseils municipaux ne dépasse pas les 17 %.
Pour sa part, le RND estime que le quota imposé aux partis est une « première étape qui permettra aux femmes d’être présentes dans les assemblées élues, au même titre que les hommes ». Les représentant de ce parti soulignent que leur parti est « favorable» au taux de 20 %, indiquant que «le problème ne réside pas dans le taux» mais plutôt dans les mécanismes qui permettent à l’élément féminin d’atteindre ces taux à travers une forte présence au sein des assemblées élues. Sur la même question le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Bouguerra Soltani, a renouvelé, le « refus » de son parti de ce qu’il a qualifié de « système des quotas », affirmant que la présence de la femme dans les instances élues « à ce taux là » est « irréaliste ». « Passer de 7 % de représentation actuelle (des femmes) à 30 % est une décision qui ne prend pas en compte le niveau culturel et les mentalités de la société », a-t-il estimé. S’exprimant devant un parterre féminin lors de l’ouverture d’un séminaire de deux jours, placé sous le slogan « La femme et les réformes, entre réalité et attentes », M. Soltani a mis en exergue le fait que le problème de la femme qui exerce en Algérie la fonction de ministre, de wali, de chef de daïra et occupe de nombreux autres postes de responsabilité, « ne relève pas du système de quotas ». D’autant qu’il s’agit, selon lui, d’une notion contrevenant à l’article 29 de la Constitution qui prévoit l’égalité devant la loi sans que puisse prévaloir aucune discrimination pour cause de naissance, de race, de sexe, d’opinion ou de tout autre condition ou circonstance personnelle ou sociale. Le président du MSP a également réaffirmé au cours de son allocution l’attachement de son parti aux réformes politiques et sociales engagées en Algérie. Il a plaidé, dans ce contexte, pour un engagement résolu dans ces réformes à dimensions politique, sociétale et culturelle afin de renforcer, a-t-il dit, l’Algérie en tant qu’état de droit

Le Parti des travailleurs (PT) se positionne aussi contre le système des quotas, estimant que « d’autres conditions sociales et moyens sont nécessaires pour (…) encourager la femme à faire de la politique ».
Le porte-parole du PT, Djoudi Djelloul, s’interroge, à ce propos, « pourquoi le Code de la famille continue à considérer la femme comme une mineure ? ». Pour lui, c’est par cette loi que doit commencer l’octroi de ses droits à la femme.
Le PT a lui aussi dénoncé le fait que « le projet du quota » est en « nette contradiction » avec l’article 29 de la Constitution interdisant toute discrimination, estimant qu’il poussera les partis à « mettre n’importe qui » sur leurs listes, quand ils ne disposeront pas du nombre de femmes requis par la loi.
Tout en réaffirmant que le PT est pour l’égalité en droits entre les femmes et les hommes, il a noté qu’il n’est pas judicieux d’imposer un quelconque quota « si l’on vise une représentation de qualité » dans les assemblées. Le Front national algérien (FNA) juge, pour sa part, le projet « anticonstitutionnel », soutenant que le système « n’a été imposé nulle part ailleurs ».
D’après son président, Moussa Touati, la proportion de 30 % est « une humiliation pour la femme qui vaut mieux que ça » et « une ingérence de l’administration dans les activités internes des partis qui vise à les mettre sous tutelle ».
Le plus important pour le FNA, c’est de permettre à la femme d’accéder aux postes « clés » dans l’exécutif et aux « hauts » postes de responsabilité et de décision.
Le même avis est partagé par les mouvements El Islah et Nahda qui constatent que « la femme s’est imposée graduellement dans plusieurs secteurs d’activité, notamment la santé et l’éducation, d’où la nécessité de la laisser, évoluer vers une plus grande participation à la vie politique », sans aucun système imposé.
De son côté, le FFS pense que l’introduction du quota des femmes dans le contexte actuel du pays « ne servira, en définitive, qu’à fausser le débat » et ne constituera pour le pouvoir qu’une « façade politique » vis-à-vis de l’étranger.
Sarah S
Saida Benhabyles : «C’est de représentativité qu’il faut parler»
Depuis quelques temps les regards sont tournés vers l’APN. Pour cause le projet de loi organique fixant les modalités d’élargissement de la représentation des femmes dans les assemblées élues suscite un large débat et bien des passions au sein de la classe politique et du mouvement féminin. En effet, bien que consacré par la révision constitutionnelle de 2008 et entériné par le Conseil des ministres du mois de septembre ce texte qui «exige» désormais un quota de 30 % pour toutes les listes électorales au risque d’être rejeté a subi deux amendements dont celui de ramener la proportion à 20 %.
Ce qui n’est pas du gout des représentantes d’associations féminines qui comptent mener une riposte. Et justement la première mobilisation sera médiatisée à partir d’aujourd’hui. L’annonce a été faite ; hier, par Mme Saida Behabyles présidente du Mouvement féminin algérien de Solidarité avec la famille rurale au centre de presse d’El Moudjahid. Et pour commencer une lettre ouverte sera transmise aujourd’hui, aux parlementaires pour attirer leur attention sur cette dérive qui va à contre sens des engagements du premier magistrat du pays. D’autres initiatives suivront cette première réplique. D’ailleurs, Mme Benhabyles refuse que l’on parle de représentation mais de représentativité. Tout en ajoutant que cette démarche ne s’inscrit nullement dans un conflit de sexe ; mais c’est une lutte pour un droit et une vision réelle de la démocratie. Mme Behabyles qui se revendique femme d’Etat ; s’interroge sur la crédibilité des partis qui refusent d’admettre la stature politique de la femme. Pour la conférencière, la femme algérienne citée en référence sur le plan international de part ses combats et ses engagements ne doit pas servir de carte électorale. La décision du Président de la République de permettre à la femme de participer activement dans le domaine politique est une reconnaissance à ses sacrifices et à son dévouement dans l’édification du pays. Le système des quotas dira t- elle, est présenté par certaines parties comme anti-démocratique mais il reste un moyen pour renforcer le processus démocratique. Comme il tombe à point nommé surtout que chez nous ajoute t-elle on ne voit jamais de femme tête de liste. Pour rappel, la représentativité des femmes selon le ministre de la Justice reste faible en Algérie et ce, depuis l‘indépendance. L’APN qui compte 389 députés ne comprend que 30 femmes soit 7,7 %, alors que la proportion de femmes au niveau du Conseil de la Nation, est de 5,1 %, qui plus est, représente le tiers présidentiel. En outre, les 1.541 communes d‘Algérie n‘ont fait émerger que 3 présidents d‘APC femmes, alors qu‘aucune des 48 wilayas du pays n‘afavorisé l’élection d‘une femme à la tête d‘une APW. L’oratrice se dit favorable à la discrimination positive mais le choix doit être basé sur la compétence, l’engagement et la crédibilité. Il y a lieu de souligner que la conférence animée par Mme Behabyles est intervenue à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la femme rurale qui coïncide avec le 15 octobre. Une journée célébrée depuis 1995 à la demande de l’Algérie.
Nora Chergui
M. Amara Benyounès à propos de la promotion de la participation de la femme dans la vie politique :
«Une bonne initiative pour aboutir à la parité»
M. Amara Benyounès, ancien ministre, membre fondateur du RCD et secrétaire général de l’Union pour la démocratie et la République (UDR), un parti toujours en attente de son agrément depuis juillet 2004, voit en la loi sur la promotion de la place de la femme dans la vie politique une très bonne initiative. De son avis, il faut aller au-delà et imposer une parité entre les hommes et les femmes en matière de représentative politique à tous les niveaux mais pour aboutir à cela, M. Benyounès préconise de réparer certaines «injustices» faites aux femmes à commencer par l’abrogation du code de la famille et l’amélioration de la représentativité féminine au niveau du gouvernement, des wilayas et des ambassades. A ce stade, il fait remarquer la contradiction entre les avis de certains députés qui rejettent le texte de loi y afférant avec la position de leurs partis respectifs.
Une situation qui «discrédite un peu plus», fait-il remarquer, l’actuelle Assemblée populaire « inapte » à débattre des réformes engagées par le Président de la République.
Invité de l’émission politique « Opinions et convictions », le secrétaire général de l’UDR qui s’inscrit en faux contre le recours à une assemblée constituante, a, par ailleurs estimé, que la trajectoire des réformes doit débuter par la révision de la lois sur les partis politiques puis la constitution pour aboutir à la réforme des autres lois organiques. Dans un autre registre, le secrétaire général de l’UDR, très optimiste quant à l’obtention prochaine de l’agrément de son parti, soutient que la scène politique nationale doit s’ouvrir à de nouvelles formations d’autant plus que « sa composante actuelle est peu représentative ».
Et « au vu de la situation actuelle de l’Algérie », l’ancien ministre se dit plutôt favorable pour un régime semi-présidentiel, dans lequel les pouvoirs entre le président le premier ministre doivent être équilibrés, alors que le régime électoral il le conçoit «proportionnel, national et intégral» afin qu’il puisse, explique-t-il, représenter toutes les sensibilités politiques de la société. En réponse à la proposition de certains politiques qui appellent à écarter les hommes d’affaires de la politique, pour lui la question n’est pas de séparer l’argent de la politique mais plutôt d’éviter l’utilisation de la religion à des fins politiques.
M. Benyounès se déclare également contre la démission des ministres candidats aux élections de leurs postes trois mois auparavant au vu des risques que peut poser une telle pratique sur le fonctionnement du gouvernement en place, dans le cas où plusieurs de ses membres venaient à se porter candidats. En cette occasion de commémoration des tragiques événements du 17 octobre 1961, M. Benyounès a mis l’accent sur la nécessité d’inculquer aux jeunes générations les valeurs de la Révolution de novembre et de prendre en charge la mémoire de ses martyrs. Quant à l’acte de repentir de la France, il n’a pas une aussi grande importance à ses yeux.
Sur la scène internationale, l’invité de la Radio dénie au « printemps arabe » l’appellation « révolutions » à laquelle il préférer le mot «événements» et spécialement en Lybie, il dit craindre la composante du CNT et la démocratie que l’OTAN, veut imposer à coup de bombes.
Inscrivant l’Union pour la démocratie et la République dans l’aile moderniste et contre l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques, il dit disposer d’un programme capable d’apporter des solutions posées qu’elles soient d’ordre économique, social ou politique.
M. Benyounès qui a déjà tenté une alliance avec l’ANR et le MDS aux élections de 2007 se déclare prêt à participer aux prochaines législatives en cas d’obtention de l’agrément de son parti.
Hamida B.
M. Karim Tabbou à Radio Algérie internationale
«Le FFS pour un changement du système politique en Algérie »
Le Front des forces socialistes (FFS) a réitéré hier, par la voix de son premier secrétaire, M. Karim Tabbou, sa position en faveur d’un changement du système politique en Algérie, estimant que les échéances électorales prévues en 2012 ne permettront pas de parvenir à ce changement. Dressant le constat de « blocage dans lequel se trouvent, selon lui, les institutions politiques nationales, M. Tabou a insisté sur les ondes de Radio Algérie internationale, sur la nécessité d’aller vers « un changement du système et des pratiques ». « Aujourd’hui, (…) les institutions publiques n’arrivent pas à répondre aux besoins et aux attentes de la population », a-t-il dit, considérant qu’il est temps de connaître les raisons de cette situation. Interrogé sur le projet de loi sur les partis politiques, M. Tabbou a relevé de « nombreuses dispositions » dans ce texte « qui empêchent, a-t-il estimé, l’exercice politique », citant notamment « celle faisant obligation à toute personne voulant créer un parti politique de faire une déclaration d’intention auprès du ministère de l’Intérieur ». S’agissant du quota réservé à la représentation de la femme dans les assemblées élues, M. Tabbou a indiqué que le problème réside plutôt dans le code de la famille qui, selon lui, doit être abrogé pour permettre l’émancipation de la femme. « La première des mesures à prendre (par les autorités du pays), est l’abrogation du code la famille. A partir de là, il s’agit de créer les conditions d’un débat avec les spécialistes et toutes les composantes de la société sur le rôle que doit jouer la femme en tant que citoyenne à part entière », a-t-il souligné. Le premier secrétaire du FFS a, d’autre part, plaidé pour l’ouverture du champ audiovisuel. « La télévision nationale doit s’ouvrir aux Algériens », a-t-il déclaré.
Parti des travailleurs
Louisa Hanoune : « Une conférence internationale à Alger contre les guerres et les ingérences étrangères »
Une conférence internationale contre les guerres et les ingérences étrangères se tiendra à Alger avant fin de l’année, a annoncé vendredi à Boumerdes, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune. « La préparation de cette rencontre a été entamée, en collaboration avec l’Union générale des travailleurs algériens », a indiqué Mme Hanoune lors d’un meeting à Boudouaou dans la wilaya de Boumerdes. Plusieurs personnalités participeront à cette rencontre ainsi que des représentants d’organisations syndicales des pays maghrébins et africains, notamment ceux concernés par la situation au Sahel africain, a-t-elle dit, précisant « la rencontre est ouverte à tous les partis et associations nationales désireux d’y apporter leur contribution ». Par ailleurs, la secrétaire du PT a salué « les mesures gouvernementales visant à encourager l’investissement public et à protéger la production nationale », appelant à la prise d’autres mesures à même d’épargner au pays les incidences de la crise économique mondiale. S’exprimant sur les résultats de la dernière tripartite, Mme Hanoune a estimé que « de grandes concessions ont été faites aux privés » et « sans contrepartie » à travers « l’effacement d’une partie leurs dettes et leur exonération d’impôts ». Elle a appelé également « à dresser un bilan de la politique de privatisation et de partenariat ».