Des partis politiques se sont réjouis du fait que le président de la République ait fixé un calendrier pour les prochaines réformes politiques annoncées dans le cadre du Conseil des ministres de ce lundi.
Les décisions prises «rassurent les formations politiques sur les intentions du président de la République de procéder à un changement positif qui s’opérera avec l’adhésion de l’ensemble des Algériens», a déclaré, hier, M. Seddik Chiheb, membre du bureau national du RND et vice-président de l’APN joint par téléphone. Fait marquant, différer l’amendement de la Constitution après l’échéance législative. Ce qui dénote, selon Chiheb, des bonnes intentions du premier magistrat du pays, puisqu’il a répondu favorablement aux voix ayant d’emblée rejeté la soumission de ces nouveaux amendements à «une Assemblée contestée par moult acteurs politiques».
De l’avis du vice-président de la Chambre basse, cela confirme aujourd’hui plus qu’hier que «la démocratie participe nettement à l’émancipation de la minorité». M. Miloud Chorfi, porte-parole du même parti, a salué lui aussi les déclarations du Chef de l’Etat, qui a «fermé la porte des spéculations», en qualifiant le fait de reporter l’amendement de la loi fondamentale du pays jusqu’à ce que les législatives soient bouclées, de «démarche rationnelle». Pour le FLN, les recommandations du Conseil des ministres «font partie d’un ensemble de dispositions dont a fait part le Chef de l’Etat dans ses récentes interventions». Elles «répondent aux questions ayant émergé, à propos de ces réformes, comme quoi aucune échéance n’a été fixée pour leur concrétisation», indique M. Kassa Aissi, membre du bureau politique du FLN en charge de la communication, qui se réjouit du fait «que les choses se précisent», concernant ces éventuelles réformes devant être peaufinées «au sein des institutions de l’Etat». Aissi estime que «le président de la République a réagi promptement aux soubresauts de la société».
Un autre son de cloche a émané du RCD qui estime que ce Conseil des ministres tenu la veille de la Journée mondiale de la liberté de la presse «a plus délivré un message politique qu’il n’a invité à une perspective mettant l’action politique au diapason des légitimes espérances du peuple algérien et des évolutions historiques de l’heure». M. Mohamed Djoumaa, chargé de communication du MSP, a réaffirmé, pour sa part, que son parti soutient les réformes annoncées par le Chef de l’Etat, «en attendant de connaître leur contenu pour pouvoir juger sur pièce». Le représentant du parti d’Aboudjerra Soltani a salué par la même le fait que Bouteflika tienne compte des «reproches» de certains partis dont a fait l’objet l’Assemblée, avant de revenir sur la commission que devra présider M. Abdelkader Bensalah. Il s’agit, d’après lui, «d’une personnalité ayant mené un large dialogue avec la classe politique durant les années 90 et ce choix ne pose aucun problème, dans la mesure où l’ambition serait de consacrer l’avènement d’une véritable démocratie». Djoumaa appelle, par ailleurs, à ce que ces réformes soient chapeautées par le président de la République.
M. Fateh Rabei, secrétaire général du mouvement Ennahda, indique que la position finale de son parti sera connue après la réunion d’aujourd’hui du bureau national et du conseil consultatif qui se tiendra en fin de semaine. Rabei fait part des «réserves» de son parti concernant les mécanismes des consultations annoncés en rejetant en bloc le fait de soumettre ces projets de loi au ministère de l’Intérieur, car d’après lui, «un changement gouvernemental s’avère nécessaire avant d’entamer toute démarche». M. Moussa Touati, président du FNA, se dit favorable à ces réformes, mais «la manière n’est pas juste», déclare-t-il, en plaidant pour des amendements transparents et équitables. Consacrer la volonté populaire doit constituer «la priorité des priorités» dans toutes ces actions, surtout en ce qui concerne la révision de la Constitution, indique-t-il, en proposant d’organiser les élections locales et législatives le même jour «pour qu’il y ait moins de fraude». Le secrétariat du bureau politique du PT s’est réuni hier en session extraordinaire consacrée exclusivement aux recommandations du Conseil des ministres. Le parti de Louiza Hanoune relève la volonté de clarification et de précision du Chef de l’Etat quant aux réformes politiques annoncées notamment le calendrier et les moyens institutionnels de leur mise en œuvre.
Il enregistre positivement le fait que la révision de la Constitution, ne sera pas soumise au Parlement actuel et la recherche des moyens permettant la plus grande participation populaire. Le PT réaffirme qu’un tel objectif doit impliquer l’ouverture d’un débat national associant le peuple, préalablement à la définition du contenu du projet pour que «celui-ci reflète précisément les aspirations majoritaires».