Les partis politiques sont à l’affût de la moindre nouvelle concernant les réformes annoncées par le président de la République dans son discours à la nation.
Ils souhaitent connaître « la partie » qui veillera à leur mise en œuvre, dans un souci d’obtenir des résultats consensuels. L’amendement du code électoral, l’une des nouveautés annoncées par le Chef de l’Etat, taraude l’esprit de la majorité des formations politiques, car il y va en premier lieu de la « crédibilité » des scrutins constituant le « baromètre » avec lequel se mesure leur poids sur la scène politique nationale.
Le RND, parti du Premier ministre, annonce par la voix de Miloud Chorfi qu’il compte organiser des rencontres en ce sens afin de sortir avec des propositions à ce sujet une fois connue la nouvelle mouture de ce texte. Toutefois, le chargé de communication du RND fait remarquer que l’enjeu principal de cette « démarche cruciale » serait d’instaurer des mécanismes de « contrôle » à la hauteur des attentes des citoyens, demandant à chaque rendez-vous électoral «la transparence » des scrutins. « L’occasion donnée par le président de la République doit être bien saisie », estime Chorfi.
Ali Brahimi, député redresseur du RCD, estime, quant à lui, que le premier verrou à sauter dans ce projet d’amendment du code électoral est « le monopole donné arbitrairement à 9 partis politiques dispensés du recueil de signatures sur la base du fait qu’ils avaient plus de 5% des suffrages, il y a de cela 16 ans ». « A l’inverse, enchaîne-t-il, tous les autres partis et les candidats indépendants sont obligés de recueillir un nombre de signatures supérieur à celui qu’il faut pour faire élire un député ».
M. Brahimi pose aussi le problème de la fraude électorale. Selon lui, il faudrait instaurer une « surveillance internationale massive et de qualité ». « Lorsque le peuple verra que les règles du jeu sont loyales, il participera sans nul doute aux élections », soutient-il en mettant un accent particulier sur « la participation féminine militante » et l’encouragement à l’émergence de la jeunesse. « Il faut oser donner une part équitable à la jeunesse militante et non pas clientéliste ».
QUEL RÔLE POUR L’ADMINISTRATION ?
Du côté du FLN, on rappelle que cette préoccupation a été déjà prise en charge dans le cadre d’une sous-commission installée à la veille du 9e congrès du parti. Pour Kassa Aïssi, membre du bureau politique en charge de la communication, il faudrait commencer d’abord par des questions élémentaires concernant une meilleure maîtrise de la liste électorale, avec le concours des partis. « Ceci constitue le b.a.-ba de l’action démocratique ».
M. Aïssi fait savoir dans ce sillage que le FLN est favorable, dans le cadre des communales, pour un scrutin des listes majoritaires et au plan national pour la représentation proportionnelle, en vue d’éviter l’éparpillement des voix. Le FNA, lui, n’y va pas avec le dos de la cuillère pour dire que l’actuel code électoral « a besoin d’être révisé sous une vision qui soit plus claire », car, dénonce-t-il, « l’administration a tout monopolisé par le passé ».
De son avis, il faut que la gestion et le contrôle des élections électorales reviennent aux instances juridiques et non à l’administration qui souvent « s’érige en juge et partie ». Le problème majeur à éradiquer c’est «la fraude électorale », indique-t-il en se désolant du fait que les candidats soient sanctionnés par l’administration et non par le peuple. « Le mouvement Ennahda a son mot à dire aussi », rappelle son secrétaire général, Fateh Rabei. Sur ce volet, il annonce qu’une rencontre est prévue aujourd’hui pour débattre de cette question avec les cadres du parti. « Le souci majeur des acteurs de la scène politique c’est d’instaurer plus de crédibilité et de transparence aux scrutins en impliquant les partis du début à la fin de l’action électorale », souligne-t-il.
La hantise c’est ce qu’il appellera « la chambre noire », à savoir le centre de dépouillement, au niveau duquel se « jouent toutes les cartes ». Pour ce qui est du suivi des élections, M. Rabei estime que cette tâche doit incomber à la justice et aux partis politiques. Pour l’heure, le patron d’Ennahda exprime une certaine appréhension quant à la « partie » qui va veiller à la mise en œuvre des réformes annoncées par le président de la République. De son avis, ces démarches doivent être l’émanation du chef de l’Etat et non de l’équipe gouvernementale qui a « prouvé son inefficacité », tonne-t-il.