La nécessité de la revendication de la Constitution fait presque l’unanimité au sein de la classe politique.
«Cela est tout à fait normal, car c’est le contenu de cette loi fondamentale qui détermine la nature du régime politique, la répartition des pouvoirs», explique M. Laggoun de l’université d’Alger, l’un des meilleurs spécialistes de droit constitutionnel.
«On ne peut imaginer un changement radical qui ne soit pas précédé par l’avènement d’une nouvelle loi fondamentale», ajoute-t-il. De fait, la Constitution de février 1989 avait bouleversé toutes les données politiques dans notre pays. Celle de 1996 révisée, partiellement en novembre 2008, ne reflète-t-elle plus les réalités d’aujourd’hui au point de voir certaines de ses dispositions remaniées?
A l’exception du RND qui ne milite pas ouvertement pour une révision car, dira son porte-parole, M. Chorfi «le pays a retrouvé son équilibre et ne vit plus dans l’instabilité » les partis militent pour une nouvelle constitution. Selon lui, «l’enjeu de gagner la bataille du développement». Même les partis de l’Alliance ne partagent pas cette analyse. Le FLN qui a été à l’origine puis grand défenseur de la dernière révision constitutionnelle ne cesse de défendre «une réforme plus profonde». Dans sa dernière sortie médiatique, le responsable du FLN n’a pas donné de détails sur les points susceptibles d’être amendés. Il avouera toutefois que «cette réforme profonde nécessite un consensus et ne peut émaner du président de la République».
Le MSP milite également pour un «toilettage» de la Constitution qui prendrait en charge la satisfaction de quatre revendications énumérées par M. Djemaa, le chargé de l’Information au MSP. Elles sont la transition claire vers un régime parlementaire, la séparation des pouvoirs, un mandat présidentiel renouvelable une seule fois et les libertés politique, médiatique et syndicale. Selon lui, cette révision est à même «de rétablir la confiance entre le pouvoir et la société». Ennahda et le FNA proposent surtout de limiter les prérogatives de l’exécutif pour permettre l’émergence d’un régime parlementaire. Selon Djamel Benabdeslem, le leader du premier parti «un régime où le Parlement à des attributions élargies donne son véritable sens à la démocratie».
Le PT et le FFS sont deux acteurs qui défendent la nécessité d’aller vers un débat général pour une Assemblée constituante qui procédera à une nouvelle fondation de la république. «Les doléances des citoyens sur des réformes politiques, économiques et sociales, dans le but de l’édification d’une véritable démocratie seront ainsi consacrées», ne cesse de plaider Mme Hanoun.
La révision de la loi électorale et l’appel à des élections anticipées avant la révision de la Constitution figurent aussi dans les demandes des partis. Cette assemblée constituante sera pour elle «souveraine, composée de députés contrôlables et révocables». Mme Hanoun avait réitéré récemment le véritable changement démocratique par la convocation d’élections libres et démocratiques. La remise sur le tapis par Belkhadem de la question préfigure-t-elle la satisfaction de cette revendication largement partagée ?