Les partis et la campagne de sensibilisation « C’est prématuré »

Les partis et la campagne de sensibilisation « C’est prématuré »
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Dans l’éventualité où le président de la République déciderait de faire adopter la nouvelle Constitution par référendum, certains partis politiques pensent qu’il est nécessaire d’ouvrir au préalable un dialogue national. Toutefois, ils estiment prématuré de préparer une campagne de sensibilisation sur un projet dont ils ne connaissent pas les tenants et les aboutissants.

La coordinatrice et porte-parole du RND, Nouara Djaâfar, souligne la nécessité d’associer et de prendre en compte l’opinion des citoyens sur le projet de la nouvelle Constitution. « Nous sommes pour la sensibilisation des citoyens si le président de la République décidait d’opter pour une consultation populaire. Le citoyen a le droit de connaître les articles qui y ont été amendés et pourquoi ils l’ont été. Je crois que c’est aussi une manière pour le citoyen de s’imprégner de la vie politique », estime-t-elle.

Pour le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, ce scénario équivaut à mettre la charrue avant les bœufs. Pour lui, il faut d’abord associer le peuple à un dialogue national au bout duquel il décidera d’adopter une fois pour toutes une Constitution qui durera dans le temps. « Un référendum coûte des milliards. Pourquoi faire ce gaspillage tous les dix ans alors que la décision devrait revenir normalement au peuple ? », s’interroge-t-il. Avis convergent du président du groupe parlementaire du Parti des travailleurs (PT), Djelloul Djoudi, qui demande d’abord l’ouverture d’un débat avec toutes les couches sociales avant d’élaborer un tel projet.

Lui aussi estime qu’une sensibilisation doit se faire bien avant l’élaboration de l’avant-projet sur la révision de la Constitution. « Aller vers un référendum pour s’exprimer sur le mode de la Constitution est une manière de proposer un vote concomitant. Les choses ne sont pas vraiment claires pour que les gens puissent s’exprimer en toute connaissance de cause », explique-t-il. En outre, le parti de Louisa Hanoune ne connaît pas encore le sort réservé à ses propositions sur la loi fondamentale présentées à la commission Bensalah et au Premier ministre. A cela s’ajoute une inconnue pour le PT : « Sur quelle base de données la commission nationale est en train de préparer l’avant-projet de Constitution ? » Abderahmane Belayat, coordinateur du bureau politique du FLN, estime qu’une campagne de sensibilisation ne doit pas être pensée avant l’étude du projet de la Constitution.

Une Constitution qui devra refléter, selon lui, la symbiose des concepts du FLN. « Le président de la République aura certainement élaboré une conception de la nouvelle Constitution selon les principes de la première force politique du pays. Ce qui est tout à fait logique et nous allons, dans ce cas-là, nous préparer pour porter le projet », tient à préciser M. Belayat. Du côté du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), on considère aussi que la question sur le lancement d’une campagne d’explication auprès des citoyens n’est pas d’actualité. « Il est encore prématuré d’en parler », note le chargé de communication du parti, Mustapha Hemissi. « Les instances du parti n’ont pas encore abordé cette probabilité.

Il faut attendre le contenu de ce projet de Constitution et étudier les amendements qui y ont été portés pour ensuite prendre les décisions qui conviennent », précise-t-il. Le président du parti Jil Jadid, Sofiane Djilali, estime, lui aussi, précoce de se lancer dans des meetings explicatifs, même s’il n’est pas contre ce principe. « Le projet de Constitution relève actuellement plus de la science fiction que du réel », résume-t-il. Toutefois, sur le plan du principe, « on est pour une campagne de sensibilisation pour aider les citoyens à mieux appréhender les amendements ou carrément la nouvelle Constitution ». « Il faut attendre pour voir ce projet. Mais j’ai la certitude qu’il ne va pas aboutir », affirme-t-il.

M. Benkeddada