La rédaction de Charlie Hebdo persiste et signe
De nombreux partis ont déploré la politique du deux poids, deux mesures dans un pays démocrate comme la France.
Dénonciation presque unanime. Oui à la liberté d’expression, non à l’atteinte aux religions. La classe politique nationale, dans sa majorité, a qualifié la «Une» du journal satirique, Charlie Hebdo qui représente le Prophète (Qsssl), une larme à l’oeil, tenant une pancarte «Je suis Charlie» de «provocation aux musulmans». «Certes la démocratie consacre la liberté d’expression que nous respectons mais nous refusons de porter atteinte à la religion», a affirmé le porte-parole du FLN. Contacté par nos soins, Saïd Bouhadja a dénoncé ces actes tout en considérant qu’«il y a un terrorisme moral et que l’islam est innocent». Notre interlocuteur a expliqué que porter atteinte au Prophète (Qsssl) touche directement à la religion et aux croyances ce qui est interdit dans la Constitution française et celle de l’Algérie. «Nous sommes solidaires avec la communauté internationale et nous dénonçons tout acte de terrorisme mais nous refusons de porter atteinte à la communauté musulmane», a-t-il soutenu en appelant au renforcement du dialogue entre les religions. Le RND a dénoncé avec force cette atteinte à l’islam.
«C’est de la provocation», a commenté Nouara Djaâffar. Jointe par téléphone, la porte-parole du RND a dénoncé cette politique du deux poids, deux mesures dans un pays démocrate. «Je ne comprends pas comment on protège les synagogues et on ignore les mosquées qui font la cible des actes de xénophobie depuis les derniers attentats», a -t-elle déploré tout en estimant qu’un Etat doit protéger tous les citoyens quelle que soit leur religion. Nouara Djaâffar a rappelé que le RND a dénoncé les derniers attentats qui ont ciblé Charlie Hebdo tout en refusant de porter atteinte à la religion. Pour elle, les musulmans ne doivent pas rentrer dans cette polémique. La représentante du RND regrette l’attitude des médias français qui font, selon ses dires, dans la provocation. Le président du Mouvement de la société pour la paix a également dénoncé avec force cette atteinte. «Nous dénonçons cette provocation contre le Prophète (Qsssl), c’est une provocation de plus pour les musulmans et un manque de respect des religions», a déclaré Abderrezak Makri à L’Expression. Le patron du MSP a déploré la politique du deux poids, deux mesures appliquée par la France. «C’est un humour lâche vu que les musulmans sont faibles», a-t-il soutenu.
De son côté le président du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdellah Djaballah a qualifié l’acte de Charlie Hebdo de crime. «Porter atteinte à des prophètes est un crime et un blasphème», a-t-il déploré. M.Djabalah appelle les pays arabes et musulmans à dénoncer cet acte avec force et de faire pression sur le gouvernement français pour mettre un terme à ces provocations et ces pratiques. «La liberté d’expression a des limites elle ne doit pas toucher à ce qui est sacré», a-t-il martelé. Le parti de Tajamou Amal El-djazair TAJ partage le même avis. «Nous dénonçons le terrorisme mais nous refusons toute atteinte aux religions», a déclaré son porte-parole Nabil Yahyaoui. Ce dernier a rappelé que lors de la dernière réunion du bureau politique, Amar Ghoul avait mis l’accent sur la nécessité qu’il y ait des accords internationaux pour interdire toute atteinte aux religions. De son côté, le Parti des travailleurs refuse d’exploiter cette situation pour légitimer des actions. «Nous refusons de nourrir la prétendue guerre des religions, nous rejetons toute utilisation politicienne des événements tragiques, notamment les risques de multiplication et d’intensification des interventions militaires étrangères au nom de la lutte contre le terrorisme», a affirmé Ramdan Taazibt, membre de la direction du parti. Le président du parti Jil Jadid pense qu’il ne faut pas faire toute une histoire sur ça. Le RCD et le FFS n’ont pas voulu commenter sur ce sujet. Hier, plusieurs institutions islamiques ont dénoncé la «Une» de Charlie Hebdo.
ambassade de france
Bensalah signe le registre de condoléances
Le président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah, représentant du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a signé hier, à l’ambassade de France à Alger, le registre de condoléances suite aux récentes attaques terroristes perpétrées en France et qui ont fait 17 morts.
«Au moment où le peuple français ami observe le deuil suite aux attaques terroristes barbares qui ont coûté la vie à plusieurs innocents dont celles de deux Algériens, je présente au nom du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et en mon nom personnel, aux familles des victimes et au peuple français nos sincères condoléances», a écrit M. Bensalah. Il a souligné que «le peuple algérien qui a lutté contre le terrorisme transfrontalier durant plus d’une décennie, mesure tout à fait l’importance d’une solidarité internationale pour éliminer les auteurs de ce terrorisme aveugle qui ternit le message de l’Islam et intente, en son nom, à la vie d’innocents».
Rappelant la participation de l’Algérie à la marche internationale contre le terrorisme, M. Bensalah a affirmé que «l’Algérie a pris part, à travers ses représentants, à la marche internationale contre le terrorisme à laquelle avait appelé le président François Hollande, en signe de solidarité avec le peuple français en cette conjoncture difficile de deuil et de méditation».
Et d’ajouter: «l’Islam qui prône la tolérance et le respect de l’Autre indépendamment de sa culture, sa religion ou ses convictions politiques et croit en tous les prophètes rejette le terrorisme et la responsabilité de ces actes abominables ne saurait d’aucune manière lui être attribuée en dépit des appels lancés, en son nom, par les partisans du terrorisme transfrontalier et l’amalgame qu’ils nourrissent à travers leurs actes destructeurs des valeurs humaines fondamentales».
«Tout en nous inclinant à la mémoire des victimes de ces actes barbares nous vous réitérons nos condoléances et assurons le peuple français ami de notre compassion», a-t-il ajouté. 17 personnes ont été tuées entre mercredi et vendredi derniers dont 12 lors de l’attentat contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et dans deux prises d’otages à Paris qui se sont soldées par l’élimination de leurs auteurs.