Les petits jeunes des cités de la commune de Bourouba occupent les espaces publics de façon ostentatoire en exhibant les gourdins et les barres de fer créant de la sorte un climat, dont eux, seuls, comprennent le langage qui échappe au commun des vivants de par le caractère relevant de l’imprévu et du factuel qui s’impose par la seule force, à savoir l’anarchie.
Un phénomène qui prend de l’ampleur et qui se fait imposer au vu et au su des pouvoirs publics. Le parking sauvage ou clandestin pour le commun des mortels, reprend et réoccupe les espaces publics en imposant sa loi et son diktat.
Cette réalité faite d’anarchie et qui écorne l’harmonie de la ville et des ensembles urbains est régentée par des groupes, voire des clans hermétiques qui se partagent ainsi les rôles et les tâches en fonction de l’importance de l’endroit et son positionnement.
La capitale étouffe à cause de cette pratique qui s’inscrit en porte-à-faux avec la loi et qui «convoite» le monde de l’addiction à outrance. C’est une pratique qui englobe en son sein des fléaux qui mènent dans beaucoup de cas à des actes criminels et à des scènes de violence à répétition.
L’activité de «gardiennage» des voitures sous forme de «parking» sur les espaces publics de façon autoproclamée, voire par «la force» en imposant aux automobilistes de payer la contrepartie d’un stationnement somme toute normal et ordinaire est devenue monnaie courante dans les communes d’Alger-Centre et ces quartiers qui pullulent de cette pratique qui apparemment, fait rentrer beaucoup d’argent aux concernés par cette activité.
Ce qui est frappant dans ce genre d’activité sauvage et illégale, c’est que ceux qui exercent dans la quasi-majorité sont des jeunes qui ne dépassent pas le seuil de 20 ans, ils portent des gourdins et dans certains cas des barres en fer. Cela se veut comme une identité tangible, voire irréfragable quant à la nature de l’activité à laquelle ils se réfèrent.
L’exemple à suivre de Birkhadem
A la commune de Bourouba dépendant de la daïra d’El Harrach, surtout au niveau des marchés et des centres commerciaux, le phénomène des parkings sauvages est légion, les petits jeunes des cités de cette commune occupent les espaces publics de façon ostentatoire en exhibant les gourdins et les barres de fer créant de la sorte un climat dont seuls, eux, comprennent le langage qui échappe au commun de vivants de par le caractère relevant de l’imprévu et du factuel qui s’impose par la seule force, à savoir l’anarchie.
Nul n’a le droit de stationner à sa manière ou d’entrer dans un espace au sein d’un quartier qui est de surcroît public, sans l’aval de ces «seigneurs» du parking sauvage, c’est ce que nous avons constaté dans une cité non loin du «célèbre» marché de Bachdjerah et le centre commercial qui sont très prisés par les citoyens venant de toutes les régions de la capitale. Trois jeunes portant des gourdins signifiant aux usagers des voitures de garer à tel endroit comme signe d’un lieu de stationnement payant et appartenant exclusivement à l’autorité absolue de ces trois «maîtres» imperturbables de ce lieu juteux et éminemment lucratif.
Ces jeunes ne tolèrent pas qu’un usager veuille stationner sans passer par leur «autorité» autoproclamée, cela risque de provoquer leur mécontentement et les pousser à sortir les griffes de bête féroce en mesure de dévorer sa proie.
D’ailleurs, l’une des scènes qui a été bien observée par les présents dans cet espace déclaré comme propriété privée par ces trois jeunes, est une altercation violente entre un jeune de 30 ans à peine et ces trois gardiens de ce parking sauvage, à cause du comportement somme toute normal de cet usager qui a stationné sa voiture devant un bâtiment qui donne sur l’embouchure menant vers la rue longeant le marché des fruits et légumes de Bachdjerah.
Ce geste considéré comme une ligne rouge que vient de dépasser ce jeune est plus qu’une intimidation pour ces gardiens autoproclamés du parking. La scène désolante qui a été déclenchée par ces trois gardiens a failli tourner au crime avec des conséquences graves n’était-ce l’intervention de certains citoyens qui observaient l’événement et son déroulement. L’affaire est presque futile, le jeune qui a opté pour le stationnement devant le bâtiment en question est venu voir un membre de sa famille habitant dans ledit bâtiment. La réponse de l’un de ces trois était laconique, et d’un ton violent et teintée d’obscénité «qu’il aille garer chez sa mère, ici le parking est payant, même s’il vient pour voir sa famille», c’est une réponse le moins que l’on puisse dire, provocante et qui dépasse toutes les formes de la correction et de l’éducation.
Le paradoxe s’exprime de la façon la plus honteuse puisque les habitants de ces cités font le jeu de ces «voyous» qui font leur loi sans que cela trouve une opposition claire et ferme de leur part.
Cette complicité a poussé un vieux qui a la soixantaine de répliquer et dire «l’absence des autorités et notre complicité a fait que ces jeunes se sont transformés en faiseurs de la loi dans nos cités et ils ramènent d’autres gens qui donnent libre court à la drogue et à des habitudes qui portent préjudice à la cité et à nos enfants», a-t-il tonné.
La localité du Bachdjerah est connue comme un endroit où le parking sauvage fait rage, non pas parce que cette localité dispose des espaces commerciaux, bien au contraire, la jeunesse de cette localité baigne dans l’oisiveté sidérale, la poussant ainsi à se faire une raison quitte à se livrer à ce «jeu» facile consistant à acquérir un gourdin et s’autoproclamer gardien d’un parking sans aucun investissement si ce n’est celui d’occuper un espace dans un quartier attentant ainsi au premier venu pour lui signifier qu’il s’agit là, bel et bien d’un parking payant.
C’est cette «norme» qui s’applique dans les grands quartiers de l’Algérois, tout espace est vu comme lieu de stationnement, et gare à celui qui s’oppose à la volonté de ces «seigneurs» qui érigent les espaces publics en parkings sauvages à ciel ouvert.
Campagne d’assainissement
Le phénomène s’est transformé en une tradition, à tel enseigne que ces mêmes gardiens ne conçoivent pas l’idée qu’ils soient un jour délogés de ces espaces publics occupés de façon illégale. Le cas saillant est celui de la commune de Birkhadem qui a été submergée par ces pseudos gardiens de parkings sauvages.
Cette commune, s’est bien chargée de mettre un terme à ce fléau qui a écorné l’image de cette petite ville connue pour son cosmopolitisme et son ouverture. A Birkhadem, la ville est débarrassée du symbole du gourdin et des rixes qui sont constatées dans d’autres quartiers de la capitale.
C’est une première dans l’Algérois, la scène désolante d’une activité portant ainsi préjudice au tissu urbain d’une ville a fini par complètement disparaître dans la commune de Birkhadem. C’est la volonté d’une commune disposant d’une élite et d’élus qui savent allier l’Etat de droit et l’application de la loi dans toute sa rigueur.
Le passager qui déambule dans la ville de Birkhadem constate que cette petite localité est tout de même libérée de ce stationnement qui provoque des situations allant jusqu’à imposer des scènes de violences et de crimes causant même des morts.
Birkhadem en optant pour l’application de la loi, montre aux autres communes la voie, en insistant sur l’idée qu’il n’y a que la volonté de respecter la loi qui pourrait mettre de l’ordre et parer à toute sorte d’anarchie.
Les éléments de la police, à travers le commissariat de la commune, ont mené une campagne d’assainissement des lieux publics de ces gardiens et ils les ont présenté au procureur de la République pour pratique illégale et occupation illicite d’un lieu public.
D’ailleurs, cette opération a ciblé d’autres villes de la capitale. Les services de la police judiciaire relevant de la sûreté de la wilaya d’Alger ont procédé à l’éradication de 263 parkings illégaux et l’arrestation de 266 individus impliqués et d’un individu ayant tenté de mettre le feu au niveau du Parc zoologique et d’attractions de Ben Aknoun (village africain).
Dans le cadre de la lutte contre le phénomène des parkings anarchiques à travers les rues et quartiers d’Alger à laquelle tous les moyens humains et légaux ont été mobilisés, les services de la sûreté de wilaya ont procédé, depuis le début de la saison estivale (1er juin au 9 août), à l’éradication de 263 parkings illégaux et l’arrestation de 266 mis en cause dont 136 présentés. C’est ce qui ressort du communiqué des services de la sûreté de la wilaya d’Alger. Plusieurs dossiers judiciaires ont été établis contre 130 contrevenants soumis à la justice. On signale que 98 parasols et 34 chaises ont été saisis par ces mêmes services qui ont procédé également à l’arrestation de 10 personnes qui louaient ces équipements de manière illégale.
Des dossiers ont été rédigés contre les mis en cause et soumis aux juridictions compétentes. Les services de sûreté ont recensé le 9 août 2016 quelque 25 parkings illégaux et arrêté 28 contrevenants. Des dossiers judiciaires ont été rédigés contre eux à la suite desquels ils seront présentés à la justice.
C’est dire que ce phénomène est devenu dangereux avec ce qu’il véhicule comme fléaux et crimes qui sont parfois organisés, d’où l’urgence de lutter contre lui pour redonner aux cités leur aura et remettre de l’ordre dans une ville qui a tellement subi la loi des porteurs de gourdins pour imposer leur diktat.