Mustapha Chérif, membre du bureau national et assistant du secrétaire général du SAP, a dénoncé « les intimidations et les pressions » exercées par le ministère de la Santé contre les grévistes.
La grève illimitée des paramédicaux, qui a débuté hier, semble avoir enregistré une forte adhésion. En effet, selon le syndicat algérien des paramédicaux (SAP), qui a appelé à ce mouvement de protestation, « la grève a été largement suivie ». « L’appel à cette grève illimitée, qui a suscité un véritable engouement des paramédicaux, a été en effet largement suivi dans une quarantaine de wilayas puisque le taux de suivi enregistré en début d’après midi a été de 88 a été de 88,35% » a indiqué Mustapha Chérif, membre du bureau national et assistant du secrétaire général du SAP, Lounes Ghachi. Mustapha Chérif, joint hier, a dénoncé au nom du SAP « les intimidations et les pressions » exercées par le ministère de la Santé contre les grévistes.
« Le ministre de la Santé a réuni avant-hier dimanche tous les directeurs des établissements hospitaliers de la capitale en leur donnant pour unique instruction de briser la grève » a précisé notre interlocuteur ajoutant que « toute l’administration centrale nous est tombée dessus et les gestionnaires des établissements hospitaliers ont ponctionné les journées de grèves et ont aussi menacé de suspendre des postes supérieurs tous les grévistes».
Pour ce membre du bureau national du SAP « nous sommes victimes d’une machination, car au lieu d’ouvrir les portes du dialogue et essayer de trouver des solutions aux revendications légitimes des paramédicaux, le ministère a préféré opter pour la répression. Mais malgré cela nous sommes déterminés à poursuivre le combat jusqu’à la satisfaction de nos revendications ». Ces revendications, pour rappel, portent essentiellement sur l’introduction de la formule du LMD (licence master doctorat), soit une formation universitaire Bac plus 3, avec le tableau A catégorie 11.
Le SAP exige aussi la réintégration des cadres syndicaux suspendus depuis des mois par la tutelle et qui sont, depuis, sans salaires. «Cette mesure de suspension constitue une grave injustice à l’égard de la corporation des paramédicaux » dira encore Mustapha Chérif avant d’ajouter que « nous n’avons reçu aucun signe de la part de la tutelle qui observe le silence total alors que le SAP demande l’ouverture d’un dialogue sérieux».
Cette grève a mobilisé l’ensemble de la corporation des paramédicaux comme c’était le cas, hier, au CHU de Mustapha Bacha. En effet, dans le plus grand hôpital du pays, le mot d’ordre de grève était largement suivi tant, selon le secrétaire général du SAP au niveau de cet établissement hospitalier l’adhésion a été de l’ordre de 80 à 85%.
En effet, selon Touri Kamal, qui a présidé une réunion extraordinaire de grévistes au niveau du siège du syndicat, le nombre de grévistes a atteint le chiffre de 1.650 personnes. Dans son allocution il dira, à propos de la revendication de l’introduction du LMD dans la formation, que « cette revendication s’explique par notre souci d’améliorer le savoir faire des paramédicaux et ce au bénéfice exclusif de la santé des Algériens ».
Soutenant que le LMD est en œuvre dans plusieurs pays, dont la France, l’orateur dira que « l’on veut juste un statut et l’intégration des syndicalistes suspendus injustement. A l’occasion nous dénonçons aussi les intimidations de l’administration qui a transmis des instructions aux surveillants chefs médicaux pour qu’ils sévissent contre les grévistes ». Il a ajouté que « le SAP, qui ne fait pas de politique, assure un service minimum comme le stipule la réglementation » avant d’appeler les grévistes à observer un sit-in.
Rappelons que cette grève illimitée a été précédée, les 1 et 2 février passé, par deux jours de grève. C’est dire toute la détermination des 90.000 paramédicaux alors que le ministre de la Santé, Djamal Ould Abbès, qui semble avoir fermé toutes les portes du dialogue et qui a déposé au niveau de la direction générale de la Fonction publique un projet de statut particulier pour cette catégorie socio -professionnelle, ne cesse de clamer que les revendications des paramédicaux sont prises en compte.
Le débrayage « totalement injustifié » selon le ministère de la Santé
Le ministère de la Santé , de la Population et de la Réforme hospitalière, continu de considérer que le mouvement de débrayage , déclenché hier par les paramédicaux, à l’appel de leur syndicat, le syndicat algérien des paramédicaux (SAP), n’a aucune justification . « Les grèves du 2 février, ainsi que celle de ce jour, 8 février 2011, sont totalement injustifiées et ont été déclarées illégales par la justice, car non fondées » a, en effet, relevé le ministère dans un communiqué rendu public hier. Le ministère a indiqué, de ce fait, que les établissements publics de santé sont « opérationnels » et que les professionnels de la santé sont « mobilisés » pour prendre en charge les citoyens. Et même s’il ne l’a pas explicitement souligné dans son communiqué le département ministériel de Djamal Ould Abbas considère que le mot d’ordre de grève n’a pas été suivi par les paramédicaux et au moment où les initiateurs de cette grève évoquent un taux de suivi de 88, 5%. Lors du précèdent mouvement de grève, déclenché par le SAP les 1 er et 2 février, le ministère a donné un taux de suivi oscillant entre 0 et 15%.
Le ministère rappelle dans son communiqué que le nouveau projet de statut avec LMD (licence-master-doctorat) et la classification à la catégorie 11 a été déposé à la Direction générale de la Fonction publique avant le premier février et ce, « conformément aux engagements pris par le ministère auprès de l’ensemble du corps des paramédicaux, ainsi que les engagements pris par le ministre de la Santé ».