Les panneaux d’affichage de la région inondés de messages religieux ,Quand le salafisme s’affiche à Béjaïa

Les panneaux d’affichage de la région inondés de messages religieux ,Quand le salafisme s’affiche à Béjaïa

64_slide_1_130712092752.jpgLes messages sont suffisamment explicites pour susciter des interrogations quant aux auteurs et aux objectifs de cette campagne ciblée.

Le salafisme est revenu, soudainement, comme fleurissent les champs au printemps, un mois de juillet 2013, en Kabylie. À Béjaïa, précisément.

En effet, à peine le Ramadhan commencé que des panneaux d’affichage sont inondés de publicités très tendance. Ramadhanesques puisqu’elles font référence exclusivement à la religion. On n’y décèle aucun produit de consommation. Pas une campagne de sensibilisation. Mais des appels à la prière, des appels à s’abstenir de boire de l’alcool. Le tout arrosé de hadiths.

Tout le monde y a vu une opération salafiste revigorée par les Printemps arabes et largement favorisée pour la région par le pouvoir. Cela d’autant plus que les messages sont suffisamment explicites pour susciter des interrogations quant aux auteurs et aux objectifs de cette campagne ciblée.

Les réseaux sociaux dont facebook n’ont pas tardé à s’emparer de “l’événement” devant le silence habituel des pouvoirs publics. Seule la wilaya de Béjaïa est concernée par cette campagne publicitaire inédite. Sur les principaux axes, sur la route nationale, sont placardées des affiches pour le moins surprenantes sur la multitude de panneaux qui jalonnent la nationale.

À première vue, on a l’impression que le message s’adresse à une communauté soupçonnée de mécréance qu’on invite à revenir sur le droit chemin.

Devant la réaction soulevée par ces panneaux, les propriétaires, privé et public (Anep), ont avoué être surpris. Car, a estimé l’un d’eux, joint par Liberté, nous ne sommes pas responsables des contenus. Nous louons des espaces sur la base de conventions avec les opérateurs économiques. D’ailleurs, a révélé notre interlocuteur, depuis que l’information est sortie et largement reprise par les réseaux sociaux, nous avons contacté les opérateurs qui ont promis de changer les affiches. Méprise ? Ignorance ? Les opérateurs économiques de la région ont l’habitude de louer ces espaces pour les besoins des campagnes pub pour leurs produits ; les fabricants de boissons particulièrement en cette période de pic de consommation de boissons gazeuses et autres jus de fruits ont bien pensé mettre à profit la conjoncture pour gagner d’autres parts de marché. Sauf que le procédé a viré au strict religieux avec des versets et des hadiths sans rapport avec le produit ou le Ramadhan. La raison est, probablement, à chercher du côté des concepteurs des affiches qui seraient des amateurs d’infographie et de religion, ou alors de bons infographistes aux penchants salafistes avérés.

En tout état de cause, les producteurs ont décidé de supprimer ces affiches à l’origine du scandale et de les remplacer par d’autres en lien avec leurs produits. Cet épisode laisse, toutefois, planer le doute sur les intentions des uns et des autres et le rôle quasiment inexistant de l’État.

Cela rappelle le laxisme de l’État devant les offensives propagandistes de l’ex-Fis qui a innové et inventé un nouveau code de la route avec de nouveaux panneaux de signalisation sans lien avec la conduite et la circulation. Ou cette absence caractérisée devant l’occupation de l’espace public par les salafistes avec leur prosélytisme. Et la question du repli des extrémistes en Kabylie où ils ont constitué un fief et des maquis au point où même les imams affectés dans la région sont de la même tendance. Beaucoup dans la région soupçonnent les autorités de vouloir faire plier la Kabylie par son islamisation à outrance à travers une mouvance radicale.

D B