Les organismes publics budgétisés et sans obligation de résultats pullulent, Les « profiteurs » de la République

Les organismes publics budgétisés et sans obligation de résultats pullulent, Les « profiteurs » de la République
les-organismes-publics-budgetises-et-sans-obligation-de-resultats-pullulent-les-profiteurs-de-la-republique.jpg

On continue à payer des salaires exorbitants à des cadres dont la fonction n’existe que sur le papier

Il existe une pléthore d’institutions publiques inefficaces, mais budgétivores et des milliers de cadres «fictifs» qui touchent des salaires exorbitants.

Face à d’énormes tensions budgétaires induites notamment par la chute brutale des prix du pétrole, l’Algérie traverse une période très difficile. Même le Premier ministre, habituellement serein et optimiste, ne le cache plus. En effet, tout en reconnaissant que l’Algérie fait face à une crise semblable à celle vécue au cours des années 1980, Abdelmalek Sellal a déclaré récemment que si «les prix du pétrole se maintenaient au même niveau, l’Algérie n’aurait même pas de quoi payer sa facture alimentaire en 2019».

Cette reconnaissance de la crise que traverse le pays implique des mesures «révolutionnaires» pour parer à d’éventuels glissements qui pourraient coûter cher au pays. Et dans ce sillage, le gouvernement a pris moult décisions pour en faire sortir le pays. C’est ainsi d’ailleurs que des allègements fiscaux ont été annoncés au profit des entreprises pour booster les investissements, une grande campagne «consommons algérien» lancée conjointement par le ministère du Commerce et la Centrale syndicale pour encourager la production nationale et le chèque obligatoire instauré comme étape dans la lutte contre l’informel et comme moyen de récupérer progressivement l’argent qui circule en dehors du circuit bancaire. Et pas seulement, puisque des sources bien informées font état d’une possibilité d’aller prochainement vers une amnistie fiscale pour récupérer tout l’argent qui circule dans l’informel, estimé à 3700 milliards de dinars et renflouer ainsi les caisses de l’Etat. Mais, apparemment, la stratégie mise en place pour parer aux tensions budgétaires que subit l’Etat de plein fouet depuis quelque temps ne semble pas conforme aux données du terrain. Car au même moment où le Premier ministre miroite un plan d’austérité dont les victimes ne pourraient être que les simples citoyens et au moment même où le gouvernement prend des mesures qu’il présente comme «révolutionnaires» et à même d’élever l’Algérie au rang des pays développés mais qui suscitent un grand scepticisme parmi le patronat et la classe politique, y compris le FLN qui est traditionnellement acquis à la politique du gouvernement, on continue à doter des dizaines d’institutions fantoches d’énormes budgets et à payer des salaires exorbitants à des cadres dont la fonction n’existe que sur le papier. Nombreuses sont ces institutions qui emploient des dizaines de cadres et qui bouffent un budget d’équipement colossal, mais qui ne font qu’émettre un rapport annuel vide pour dire «Rien à signaler». Que fait l’Office national de lutte contre la corruption quand on voit les scandales de corruptions éclater au visage de la nation à tout bout de champ? Que fait L’Office national de lutte et de prévention contre la toxicomanie quand on sait que les drogues envahissent toutes les strates de la société, y compris les milieux scolaires? Que fait l’Office national du tourisme, qui n’est même pas tenu par l’obligation de résultats, puisque, plusieurs années après sa création, la destination Algérie peine toujours à attirer des touristes et se trouve classée très loin derrière le Maroc et la Tunisie.

A quoi sert cet office dont les agents sont partout et participent à toutes les foires touristiques du monde, sans qu’ils aient à rendre compte à qui que ce soit? Que fait l’Office national des terres agricoles devant la «bétonisation» au forceps des meilleures plaines du pays, à commencer par la Mitidja? A quoi sert l’Office national interprofessionnelle des légumes et des viandes? A quoi sert l’Observatoire national de la pomme de terre? Que font ces dizaines d’autre offices et autres institutions fantoches, sinon à bouffer des budgets et occuper le patrimoine immobilier de l’Etat? Que font ces milliers de cadres qui touchent des salaires faramineux mais qui ne font aboutir aucune des missions assignées par l’Etat à ces institutions censées assurer la pérennité des politiques stratégiques de l’Etat? Que font ces autres milliers de conseillers que l’on nomme à tort et à travers, généralement, comme nous le disent bien de hauts responsables, pour «service rendu», qui ne sont investis d’aucune mission précise?

LG Algérie

Peu visible, cette réalité est pourtant l’une des plus dures. Comme dans tous les pays du monde, les sureffectifs dans les hautes institutions de l’Etat et les institutions fantoches existent. Mais, vu leur inefficacité et leur absence totale sur le terrain, il n’est nul besoin de les garder, encore moins dans cette période de tension budgétaire qui est, de surcroît, appelée à s’accentuer dans les mois et les années à venir. Alors, le gouvernement Sellal et son ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, vont-ils commencer à nettoyer d’abord?