C’est du sérieux et ce n’est pas la dernière blague de Sellal à la tête de son nouveau gouvernement : le gisement d’or dures devenu monumental dans toutes les villes d’Algérie devra être pris à bras-le-corps. Le constat banalisé est enfin entériné par le haut : malgré la répétition annuelle des opérations Blanche Algérie, l’argent fou mis s’est envolé, les ordures sont restées, et l’Algérie est sale plus que jamais ! L’impression générale est que le bled est abandonné par ses éboueurs et pas seulement. Réformés, cachés dans d’autres postes plus reposants pour profiter des avantages pécuniaires sans les nuisances, remplacés par les miséreux du filet social titularisés sans le salaire allant avec, licenciés, en congé ou en grève pour revendiquer une autre fiche de paie, le corps des éboueurs lui-même est abandonné à la déshérence. Il n’y a qu’à regarder au seuil de chez-soi pour voir qu’on est bien chez-soi dans le sinistre. A défaut des maires absents pour d’autres préoccupations que leur mission première de veiller à l’hygiène et la salubrité, les ordures sont ainsi mises au menu urgent de Messieurs les Walis. Ils ont ordre d’exécuter au plus pressé ce dont Siadna les élus maires ont été incapables depuis leur occupation des sièges de leur APC. Ils devront relooker les villes de leur Emirat en les soulageant de ce que leurs citadins ont pris habitude à balancer sur la tête des passants et de la République. Par les fenêtres, et quel que soit l’étage de l’immeuble habité. Ou de ce dont ils se débarrassent en catimini. Dans l’enclave voisine ou dans un lot en construction abandonné, au coin d’une rue, d’un terrain vague ou en travers d’un chemin ou de l’oued qui passe à proximité. A propos du désastre qui n’épargne aucune localité, les élus disent que ce sont leurs concitoyens qui ne sont pas propres. Qui ne craignent plus la réprimande, et qui sont restés insensibles aux campagnes de sensibilisation dispensées depuis l’indépendance du pays. Partout, oueds et ravins sont presque incapables de charrier les eaux pluviales et usées car obstrués par des montagnes d’ordures balancées par des riverains qui crient à l’incivisme. Selon les concitoyens, la faute incomberait à Maman l’Etat. C’est ‘’Elle’’ qui ne passe pas pour enlever leurs rebuts. Qui ne sait pas quand passer ou qui passe avant la sortie des poubelles. La preuve ? C’est le paradoxe national d’un chez-soi propre et bien astiqué, dans un environnement du moins sale, sinon putride et nauséabond. Bon gré, mal gré, l’énième campagne de décrassage, la première de Sellal, vient d’être lancée. Du haut de leurs fenêtres, les citadins contemplent et admirent les chantiers. Sans y apporter la moindre touche, ils affirment que c’est-là une géniale et louable initiative. La campagne s’achèvera tôt ou tard, mais son objet restera certainement.
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