La hausse des prix du ciment enregistrée depuis plusieurs mois se répercutera sur le coût du m2 bâti et par ricochet sur les prix des logements. Cette ascension des prix qui a débuté depuis quelques années risque de s’accentuer dans les prochains mois, voire les prochaines années.
«Il y a à peine trois ans environ, le coût tournait autour de 16 000 DA/m2 avant de passer 22 000 et à 32 000 DA actuellement», nous a révélé M. Mezine, secrétaire général de l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA).
Cet opérateur immobilier s’attend à une autre hausse à la faveur de la flambée des prix enregistrée pour les matériaux de construction et principalement le ciment. Le prix de ce dernier est passé de 230 DA à 700 DA le sac de 50 kg, a-t-il rappelé, prévenant une augmentation des prix du m2 bâti allant de 38 000 à 40 000 DA/m2. Ce prix est appelé à être encore plus élevé au niveau des grandes villes notamment à Alger.
Les retombées de la hausse du prix du ciment
«La hausse des prix se situera entre 15 et 20% des prix actuels», a-t-il prédit. Pour sa part, M. Bengaoud, président de l’Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (UNEB) a ajouté que l’éventuelle hausse des prix du logement sera engendrée également par la nouvelle mesure prévue dans le cadre de la loi de finances complémentaire qui a interdit l’importation des équipements déjà usagés.
Avant cette mesure, les promoteurs préfèrent importer des équipements vétustes d’Europe que d’acquérir du neuf depuis la Chine de moindre qualité.
Cette mesure engendrera des surcoûts des matériaux de construction, a estimé l’opérateur. Sans écarter le refus des opérateurs de réaliser des projets pour le compte de l’Etat du fait que le prix exigé ne dépasse pas les 2,8 millions de DA, il a estimé que le maintien des prix actuels se limitera aux projets déjà engagés, alors que pour les futurs programmes du secteur privé, «les prix seront révisés à la hausse».
Et pourtant, le ministre de l’habitat, Noureddine Moussa, a affirmé mardi à partir de la wilaya de Tipaza que la hausse des prix du ciment n’aura aucun impact sur les prix du logement.
Seuls les prix du LSP maintenus
En effet, ceci est valable pour les projets de l’Etat qui sont administrés et dont le prix du logement social locatif est de 2,8 millions de DA, a relevé Mezine. Pour pouvoir réduire le coût du logement, il faudra penser, plutôt, à instaurer de nouvelles mesures devant permettre la maîtrise des prix du ciment et des autres matériaux de construction. Dans le cas contraire, la flambée des prix occasionnée principalement par la spéculation persistera et s’accentuera davantage dans les prochaines années, eu égard à la forte demande.
En l’absence de contrôle du marché des matériaux de construction, l’importation de un million de tonnes de ciment n’aura pas d’impact sur les prix qui doivent pourtant être révisés à la baisse. Avis partagé par M. Bengaoud qui a plaidé pour le contrôle de l’application de la mesure imposant des marges bénéficiaires aux commerçants de matériaux de construction, que ce soit en gros ou au détail.
Il pense aussi que le seul moyen de réduire le coût du logement est d’utiliser les nouveaux matériaux de construction qui permettent un gain financier et en délais de réalisation. Avec la possibilité de les produire localement, ces matériaux fabriqués à base d’argile notamment seront proposés à des prix très compétitifs, a estimé M. Bengaoud, sollicitant des mesures de l’Etat en vue d’encourager l’usage de ces matériaux.